En plus de Zenata, Casablanca comptera 7 plateformes logistiques dédiées à l'activité conteneurs, l'agro-commerce, la distribution, les matériaux de construction. Al Omrane fournira plus de 300 ha, le ministère des finances 200 et l'intérieur 70. Les terrains seront cédés au prix coûtant majoré des frais éventuels de viabilisation. Selon les premières estimations, le plan logistique du Grand Casablanca nécessitera 63 milliards de DH. Présentée le 20 avril, la Stratégie nationale pour la logistique se met en marche. Après la signature du contrat programme, le jour même, ce sont maintenant les contrats d'application qui prendront place pour la concrétisation du Plan national. Celui de Casablanca, on le sait, est déjà signé et l'Etat met les bouchées doubles pour accélérer sa mise en œuvre. Si dans le contrat programme on savait seulement que la métropole doit compter huit zones en plus de la zone de Zenata, le contrat d'application, qui n'a pas été rendu public, lui, apporte moult précisions. La Vie éco a pu s'en procurer une copie en exclusivité. Le «document portant contrat d'application relatif au développement des zones logistiques pour la région du Grand Casablanca» en détaillant où seront exactement implantées les plateformes, leur vocation en termes d'activités et de flux, leur étendue… Couvrant la période 2010-2015, il décrit une à une les 7 zones logistiques dites multiflux en plus de la grande zone de Zenata, déjà en cours de travaux, énonce les obligations de chaque partie prenante (ministères, CGEM, établissements publics…) et détermine même l'origine du foncier de manière à verrouiller la mise en marche du plan. Même les titres fonciers objet des futurs zones ont été déterminés avec précision. Dans une dernière partie, le document donne l'architecture de la mise en place en termes de pilotage des projets. Deux corridors logistico-industriels : Zenata-Nouaceur et Sahel Lakhyayta-Nouaceur Pour ce qui est des 8 zones logistiques à proprement parler, elles seront réalisées sur une assiette foncière totale de 607 hectares d'ici 2015 avec des extensions prévues à l'horizon 2030 où elles atteindront 978 hectares. Pour optimiser la localisation des plateformes par rapport aux flux logistiques traités tout en assurant leur intégration dans le schéma d'aménagement de la ville, pouvoirs publics et secteur privé ont convenu d'une ossature construite autour de deux axes principaux : le corridor logistico-industriel allant de Zenata à Nouaceur, dans le sens nord-est, et celui reliant la nouvelle ville Sahel Lakhyayta à Nouaceur, dans le sens Sud-est. Autour de cette armature, viendra se greffer une composante centrale qu'est le port de Casablanca. Ce dernier étant un maillon incontournable de l'activité économique de la ville, il a été décidé de l'intégrer via des connexions routière et ferroviaire de haute capacité reliant les terminaux à la plateforme de Zenata. La liaison par route sera longue de 21 kilomètres dont 3 tronçons longs de 10 kilomètres n'existant pas aujourd'hui et qui seront entièrement réalisés par le ministère de l'équipement et du transport. Sur les 11 kilomètres restants, des travaux d'élargissement seront entrepris. En tout, les 21 kilomètres seront entièrement en 2×2 voies voire en 2×3 voies. Ainsi, la future zone logistique va servir de base arrière pour le port accueillant les conteneurs destinés à l'import comme à l'export. Elle proposera des services logistiques comme le stockage, la manutention et le dépotage. Mieux, elle sera dotée d'un statut de zone sous douane et sera dotée de services administratifs douaniers tout comme ceux des prestataires comme les transitaires. Pour les 7 plateformes logistiques, hors celle de Zenata, l'assiette foncière qui sera mobilisée avoisinera les 405 hectares (655 ha en 2030) et la plus grande sera celle réservée au sein de la nouvelle ville de Sahel Lakhyayta qui s'étendra sur 110 hectares qui passeront à 150 en 2030. Pour ce qui est des vocations, 205 ha seront dédiés aux activités de distribution et de sous-traitance logistique, 100 ha aux matériaux de construction et 80 ha aux produits agricoles. Les études et la promotion sont à la charge du ministère de l'équipement Sur les 405 ha, l'essentiel sera pris sur des réserves foncières publiques identifiées ou en cours d'acquisition par l'Etat. Ainsi, le ministère de l'intérieur et celui des finances se sont engagés à pourvoir l'équivalent de 211 ha tandis que le holding public Al Omrane affectera une assiette de 360 hectares. Le holding s'est ainsi engagé à transférer les terrains aux opérateurs privés désignés par le ministère de l'équipement ou par l'Agence marocaine de développement de la logistique à la valeur du prix d'acquisition majoré des coûts des travaux réalisés pour la viabilisation. Le ministère de l'équipement et du transport, pour sa part, héritera plutôt des missions d'accompagnement de la mise en œuvre notamment à travers la réalisation des études et plans généraux, techniques, économiques et financiers, la contribution à la recherche de moyens de financement ou encore la promotion et surtout la régulation de l'exploitation des activités au sein de ces zones. En contrepartie, la CGEM, elle, s'engage, à travers le contrat, à encourager ses membres, et le secteur privé de manière générale, à investir dans les nouvelles zones, à déplacer leurs activités liées à la logistique dans les nouvelles plateformes et à les externaliser autant que possible auprès d'opérateurs professionnels. La confédération s'est d'ailleurs engagée à présenter dans les 12 prochains mois au comité en charge du pilotage du programme un plan opérationnel précisant les actions à mettre en œuvre en déclinaison du contrat. Maintenant, malgré la signature du contrat programme et d'un contrat d'application pour la ville de Casablanca, certains détails ne sont pas encore totalement ficelés. C'est le cas par exemple du coût. Pour l'instant, aucun chiffre officiel n'a encore été annoncé, mais selon des sources concordantes au ministère de l'équipement et à la CGEM, le plan logistique de Casablanca nécessitera, selon les premières estimations, près de 63 milliards DH d'ici 2015. Il faudra les trouver ! Autre question en suspens aussi : à qui reviendra la tâche d'aménager et de développer les sites ? Et comment seront désignés les attributaires ? Là aussi aucune réponse pour l'instant même si certains parient fort que des opérateurs importants seront de la partie notamment la CDG, par exemple, ou encore la SNTL. Ce sont en tout cas des questions sur lesquelles devra plancher en premier lieu la future Agence marocaine de développement logistique (AMDL) laquelle n'est pas opérationnelle pour l'instant. En attendant, la mise en œuvre du chantier logistique de Casablanca sera menée par un comité de pilotage constitué de plusieurs ministères, de la wilaya de Casablanca, d'entreprises publiques (SNTL, ONCF, Al Omrane), de la CDG, en plus de l'Agence nationale des ports et de la CGEM. Le comité sera épaulé par trois groupes de travail : un pour la zone de Zenata, un deuxième pour l'intégration du port et un troisième pour le développement des 7 autres zones. Les groupes de travail se réuniront une fois par trimestre pour débattre des problèmes rencontrés lors de la mise en oeuvre et, enfin, communiquer au comité de pilotage l'état d'avancement. Ce dernier établira, à son tour, un rapport annuel sur l'avancement du plan logistique de la ville qu'il soumettra au comité de pilotage chargé, lui, de suivre la mise en œuvre du contrat programme pour le développement logistique à l'échelle nationale.