Trop étroites, les trémies actuelles ne peuvent résoudre les problèmes d'engorgement. La solution résiderait, selon un architecte urbaniste, dans un tunnel de deux fois deux voies tout le long du boulevard Zerktouni et celui de la Résistance. Les problèmes de circulation à Casablanca sont-ils solubles dans les chantiers en cours de réalisation dans le cadre du Plan de déplacement urbain conçu par la ville (PDU) ? L'on se rappelle la très récente décision de rendre à sens unique une partie de la rue Moussa Bnou Noussaïr, rapidement abandonnée car créant d'autres problèmes, un carrefour plus loin. Pour Rachid Haouch, architecte DPLG et urbaniste, qui a, entre autres missions le réaménagement urbanistique du centre-ville de la métropole, tout en étant partie prenante dans le plan d'aménagement de la préfecture d'Ain Sebaâ, les solutions proposées par le PDU sont insuffisantes pour décongestionner le centre-ville. A l'en croire, les chantiers réalisés ou en cours pour fluidifier la circulation sont certes utiles, mais le laissent «sur sa faim». Depuis 2007, pourtant, de nombreux ouvrages ont été réalisés pour décongestionner Casablanca. On peut citer notamment l'aménagement d'une vingtaine de carrefours, l'achèvement des boulevards de Biarritz, des préfectures et Al Qods, le franchissement de la RN 11 par le boulevard de la Mecque ainsi qu'un ouvrage sur le boulevard Abderrahim Bouabid. Mais, juge-t-il, «on procède par à-coups pour résoudre les problèmes». Cela sachant que certains projets sont reprogrammés. C'est le cas de la trémie qui devait être réalisée au niveau du Rond-point Chimicolor, autre point noir de la circulation. Résoudre des points noirs mais sans déplacer les problèmes plus loin Certes, en creusant des trémies comme celle du boulevard Brahim Roudani, «on a résolu le point noir de la circulation qui était au niveau du croisement Roudani-Bir Anzarane, mais les problèmes se sont déplacés un peu plus loin», précise-t-il avant de faire remarquer que l'expérience des deux trémies des boulevards Zerktouni et de la Résistance auraient dû servir d'exemple, dans la mesure où au moindre accrochage entre deux véhicules, c'est toute la circulation qui est paralysée. La seule trémie réglementaire, selon lui, est celle de la Mosquée Hassan II qui compte deux voies dans chaque sens, ce qui permet de dégager la chaussée en cas de problème (panne ou accident). Pour les autres, «on a fait des économies pour construire quelque chose qui va par la suite coûter de l'argent, car il faudra inévitablement se résoudre à refaire le travail en mieux». Les problèmes de circulation à Casablanca découlent directement, selon Rachid Haouch, de son urbanisme qu'il qualifie dans son jargon d'architecte de «semi radio concentré». C'est l'histoire urbanistique de la ville qui renseigne sur ce terme. En effet, Casablanca a été construite au début du siècle dernier selon la vision sécuritaire du Maréchal Lyautey qui avait comme souci majeur de contrôler la population indigène qui habitait la vieille Médina. Son plan d'aménagement a été dessiné en 1915 par l'urbaniste Henri Prost autour de deux boulevards. Le premier est un long boulevard périphérique (l'actuel boulevard Zerktouni prolongé par le boulevard de la Résistance) qui part de l'océan pour arriver au niveau de la porte 4 de l'actuel port de Casablanca. La Médina est ainsi prise en tenaille. Le deuxième est l'actuel boulevard Moulay Youssef qui fut conçu pour agrémenter la «ville européenne» avec ses différents jardins et parcs. Conclusion de Rachid Haouch : Casablanca a été construite dos à la mer et n'a pas de centre-ville à proprement parler, mais un axe central avec des parcs et des jardins. En d'autres termes, la ville n'a pas été construite autour d'un noyau central pour s'agrandir en cercles concentriques à l'instar des villes européennes séculaires. Casablanca a vécu durant 50 ans avec «un urbanisme d'urgence», c'est-à-dire la construction de quartiers nouveaux pour parer au plus pressé, rappelle l'architecte. Pour résoudre définitivement les problèmes de circulation dans le centre, qui constituent les cas les plus aigus, il faut, préconise Rachid Haouch, creuser un long tunnel de deux fois deux voies tout le long des boulevard Zerktouni et de la Résistance, avec des bretelles de sortie vers différents quartiers/carrefours. Une telle entreprise coûterait, selon ses estimations, 5 milliards de DH. Il assure que les techniques existent comme le prouve la construction du tunnel de Barcelone, une ville dont la configuration est similaire à celle de Casablanca. La construction d'un tel tunnel devrait prendre 5 à 6 ans, s'il n'y a pas d'entraves administratives ou autres. Une solution viable ? Contactés par nos soins, les services en charge du dossier du déplacement urbain, pour le compte de la ville, n'ont pas répondu à nos requêtes.