Il y a 40 ans, la parfumerie et les cosmétiques ne sont plus tout à fait des produits de luxe. Ils font partie de ces produits que l'homme comme la femme incorporent de plus en plus dans leurs habitudes quotidiennes. Les producteurs de parfums, eaux de toilette et autres crèmes ou produits après rasage l'affirment en défendant à la fois leur production et leurs entreprises. «Actuellement, souligne la profession, l'industrie de la parfumerie fait vivre mille familles à deux mille si l'on y adjoint tous les détaillants revendeurs qui commercialisent les produits au niveau du détail». C'est pourquoi tous les chefs d'entreprise de ce secteur ont connu ces dernières semaines des inquiétudes. Ils ont durement ressenti les restrictions apportées aux importations. Ils sont maintenant un peu rassurés, puisque la Direction du commerce vient d'annoncer que les matières premières étaient libérées. On attend la mise en application de ces mesures après avoir expliqué la position de la corporation dans une lettre adressée récemment à la Direction du commerce. «Les shampoings, les crèmes, les after-shaves sont devenus maintenant une nécessité recherchée plus par hygiène que par luxe», expliquent-ils, ajoutant : «Si nous ne pouvons pas importer nos matières premières, nous nous trouverons dans l'obligation d'arrêter nos fabrications dans quelques semaines». Les industriels de la parfumerie rappellent alors qu'en 1979 les pouvoirs publics avaient interdit l'importation des produits finis. Parallèlement, des avantages financiers étaient alors accordés pour favoriser et développer la petite et moyenne industrie. Les crédits étaient débloqués avec assez de facilités et beaucoup cherchèrent alors à profiter des avantages qui leur étaient ainsi présentés. C'était un encouragement à la fabrication. Sur les recommandations de l'Administration centrale, les banques accordèrent des crédits remboursables en cinq ou sept ans et à des taux d'intérêt relativement faibles de cinq à sept pour cent, c'est-à-dire que ces frais représentaient approximativement le montant de l'érosion de la monnaie. De nouvelles entreprises furent créées. d'autres s'équipèrent et se développèrent. Il était procédé à un recrutement de personnel. Aujourd'hui, s'il n'est pas rapidement remédié à la suspension des importations toutes ces entreprises dont la plus grande majorité sont des PME et des PMI seront contraintes de suspendre leurs fabrications. Ce sont les emplois de 1.000 à 2.000 personnes qui sont menacés avec toutes les conséquences sociales que cela peut entraîner. Parallèlement, ces entreprises qui se sont endettées pour s'équiper ne pourront plus faire face à leurs obligations et régler les traites qu'elles ont signées. Pour tout le secteur, il est indispensable de pouvoir de nouveau importer les produits chimiques de base, à savoir les huiles essentielles. la contrebande domine Déjà la plus importante société de cette branche a décidé de mettre l'ensemble de son personnel en congé annuel afin de gagner ainsi du temps en espérant qu'une solution pourra être trouvée d'ici à la fin de ce congé. Si le problème n'est pas résolu à la fin des vacances, le risque est grand d'une fermeture définitive. Les industriels de la parfumerie font remarquer que leurs besoins en devises sont pourtant limités. Pour l'ensemble de la profession, nous importons approximativement pour la contre-valeur de 20 millions de dirhams par an. Vingt millions pour faire vivre deux mille familles. Au rythme actuel de la fabrication et de la consommation, les stocks disponibles de matières premières chez les industriels ne représentent que quelques semaines, tandis que les stocks de produits finis peuvent assurer encore un approvisionnement pour cinq à six mois. Pour cette branche d'activité, le rétablissement de la liste A devient donc impératif. A côté de cette question primordiale et vitale, les autres problèmes paraissent mineurs. Pourtant, l'un des fléaux du secteur est la contrebande. Il est tellement facile de faire franchir aux frontières des petits flacons de parfumerie qu'une estimation récente indiquait que la contrebande représentait au Maroc 40% du marché.