En Tunisie, on met en garde, depuis quelques semaines, contre la consommation d'une certaine marque de lait en poudre. Le ministère de la Santé a mis en garde contre la consommation du lait en poudre entier fabriqué en Algérie. «Des analyses de laboratoire effectuées en Algérie ont montré que ce produit est contaminé par des microbes», selon un communiqué du ministère tunisien. L'évènement remet en scène la commercialisation des articles de contrebande chez nous et qui privilégie la quantité aux détriments de la qualité, voire de la sécurité des consommateurs. Les produits de contrebande, qui de nous n'a pas déjà été tenté de s'acheter un article contrefait d'une grande marque à petit prix ou pensé le faire ? Très peu. Surtout que les articles proposés sont infinis dans les petites surfaces tels que souks populaires, parfois occasionnels, sur les trottoirs des petites et grandes artères des villes, dans les marchés aux puces. Du prêt-à-porter aux denrées alimentaires (jus, chocolat, fromages, biscuits, charcuterie et autres aliments emballés) en passant par les élecros, les jouets, les produits cosmétiques et même le carburant. Le consommateur n'a que l'embarras du choix, un choix qu'il est en devoir d'assumer vu l'absence de garantie de la qualité du produit, de son degré de « consommabilité », des risques sanitaires qu'il peut encourir par l'usage du produit contrefait choisi. Tout le monde se rappelle les dégâts désastreux occasionnés par l'utilisation des sandales très bas de gamme et trop bon marché entrainant une forte réaction cutanée, de certaines crèmes de cosmétiques entrainant un érythème facial, du faux cuir d'une certaine bagagerie non moins nocives. Même les médicaments contrefaits et qui ont nui à plusieurs consommateurs se retrouvent en vente libre dans les souks informels sans parler des rallonges électriques, des chargeurs de téléphones portables, des fers à repasser et d'équipements électriques et électroniques qui ont été à l'origine d'électrocutions et d'incendies dans de nombreux foyers marocains. Tous ces produits se retrouvent exposés à même le sol parfois, sinon sur des étals de fortune, exposés au soleil, à l'humidité et à la poussière et non couverts, ce qui nuit encore plus à la qualité déjà souffreteuse de ces produits. Prenons l'exemple des crèmes solaires, des rouges à lèvres, des parfums, des poudres et ombres pour le visage. De marque et d'origine inconnue, ne comportant pas de date de fabrication ni de péremption, souvent non scellés et testés par certains clients, ces produits gagnent plus en toxicité à être exposés au bon vouloir de la météo et à la manipulation des clients et constituent un réel danger pour le derme et la santé. Il ya quelques années des produits vendus arbitrairement à Oujda dont des comprimés très dangereux conçus en principe pour les malades mentaux et le viagra étaient commercialisés en catimini ; n'importe qui pouvait se le procurer sans avis médical et donc s'exposant à tous les risques reconnus de cette pilule. Plus de 80 sortes de médicaments étaient commercialisées dans la région, à des prix défiant toute concurrence et pouvant aller jusqu'à 80% moins chers. Des pilules probablement dangereux, parfois mortels. Mafias organisés L'alerte est donnée en cas d'intoxication par l'un de ces produits mais en l'absence de complications ou de tout autre problème de santé sanitaire découlant de l'usage de l'un des produits de contrebande le contrôle se fait rarement et même en cas de descente de la police les contrebandiers sont assez outillés pour détourner le contrôle et ne manquent pas de récidiver. Il faut dire que le secteur informel fait vivre une large tranche de la population et un contrôle étroit et répété risque de priver un grand nombre de familles de leur moyen de subsistance. De toutes les façons le phénomène est d'une ampleur telle qu'elle dépasse les capacités des agents de sécurité et leurs moyens d'agir. Et avec l'avancée des moyens de communication et de la technologie numérique même les procédés de détournement de contrôle se sont modernisés. On dépasse ici le stade classique des contrebandiers affublés de marchandise sur le dos : «Les marchandises sont dispatchées en plusieurs lots, généralement trois tonnes par convoi, et prennent le chemin de Nador et Fnideq où elles sont stockées en attendant d'être acheminées vers l'intérieur du pays, avec Fès comme ville de relais», comme le déclare un responsable dans une publication marocaine, échappant ainsi à la vigilance réalisée au niveau des frontières. Plus grand est le danger qui guette les consommateurs des produits alimentaires achetés en contrebande que de nombreux responsables déclarent impropres à la consommation parce que périmés. Et tout le monde ne vérifie pas les étiquettes des aliments, si toutefois ces articles comportent une étiquette certifiant la qualité et la fraicheur de ces produits. La faute aux contrebandiers ? Aux agents de sécurité ? Aux consommateurs de la contrebande ? Le problème dépasse tous ces facteurs pour laisser méditer sur des alternatives à la vente informelle afin d'aider les commerçants artisanaux à se procurer un travail plus digne et plus honnête qui assure des moyens de vivre à leurs familles. Trois portes d'entrée qui donnent du fil à retorde aux autorités : Sebta et Mellilia, L'Oriental et les régions sahariennes. Malgré les efforts soutenus de l'Etat le phénomène persiste, accentué par la crise économique mondiale, la hausse récente des prix de nombreux produits et le chômage. Entre une marchandise made in outre-mer jugée de qualité et à moindre frais et des articles faits at home plus chers la balance penche souvent vers la première option. Comme dit le Psychologue Jacques Salomé dans Si je m'écoutais, je m'entendrais: « l'herbe est toujours plu verte chez les autres...jusqu'à ce qu'on découvre que c'est du gazon artificiel »...