Les unités de Casablanca et Rabat tournent toujours au ralenti en raison de facteurs climatiques ou de change. Les confectionneurs tangérois sont mieux lotis avec les commandes espagnoles. La conjoncture actuelle donne raison aux industriels du textile qui annonçaient en décembre 2009 que la reprise n'aura pas lieu avant juin prochain. Les dernières statistiques de l'Office des changes relatives au premier mois de l'année révèlent une baisse des exportations et, sur le terrain, les industriels confirment que «les temps sont difficiles». C'est particulièrement le cas pour les entreprises implantées à Casablanca et Rabat qui concentrent la majorité des unités du secteur. Au bureau de l'antenne R'batie de l'Association marocaine des industries du textile et de l'habillement (Amith), on précise que «malgré les contacts établis avec plusieurs groupes donneurs d'ordre, l'activité des usines n'a pas repris et les signatures de contrats sont plutôt rares». On explique également que c'est toujours la dévaluation de la livre sterling qui est à l'origine de cette morosité. La monnaie britannique a une nouvelle fois enregistré, au cours du mois de février, une baisse de 6% par rapport au dirham. Il est à rappeler que la baisse de la livre sterling avait commencé au cours du second semestre 2008 et avait sérieusement affecté les entreprises de la zone industrielle de Rabat-Salé qui travaillent presque exclusivement avec le marché britannique. Pour continuer à tourner et éviter la fermeture, les entreprises ont revu à la baisse leurs prix pour répondre à la demande des donneurs d'ordre. «La révision à la baisse des prix a atteint 30% sur toute l'année 2009 et, aujourd'hui, les industriels ne peuvent pas aller au-delà car leurs marges, qui se situent aujourd'hui entre 8 et 12% pour les plus grandes entreprises, ne le permettent pas», déclare-t-on au bureau de l'Amith de Rabat. Un nouveau plan de mesures promotionnelles en gestation chez l'Amith Pour les industriels implantés à Casablanca, le niveau actuellement bas des commandes s'explique par la persistance du froid dans les pays européens qui a retardé la mise en boutique des collections Printemps-été 2010 qui se fait traditionnellement à la fin des soldes de janvier. «Si les choses s'étaient passées comme d'habitude, nous aurions eu des commandes de réassort dès le mois de février», souligne un textilien de Casablanca. Si la conjoncture est difficile pour les unités textiles de Rabat et Casablanca, à Tanger, en revanche, la reprise semble se préciser davantage. L'antenne de l'Amith pour la région du Nord déclare que «l'intersaison qui va de février à la mi-mars est plutôt bonne. La plupart des entreprises de Tanger ont des commandes pour les collections Automne-Hiver 2010». Il faut cependant signaler que les commandes proviennent essentiellement d'entreprises espagnoles, notamment Inditex (Zara), Mango et El Corte Inglés. Et c'est Inditex qui domine puisque, selon le bureau régional de l'Amith, 87 entreprises réalisent actuellement des commandes pour ce groupe. Si les textiliens tangérois sont optimistes, ceux des autres villes estiment que cela constitue un danger car «comme pour les entreprises de Rabat-Salé cette situation créera une dépendance vis-à-vis du marché espagnol qui risque de ne pas être toujours bénéfique». C'est pourquoi les industriels estiment qu'un effort doit être fait pour la diversification des marchés. L'Amith planche actuellement sur de nouvelles mesures promotionnelles qui devaient être présentées, jeudi 18 mars, au cours d'une réunion de son bureau. Ces mesures s'inscrivent dans le cadre du plan d'action retenu par l'association. L'objectif premier de cette démarche, explique un membre de l'Amith, est d'aller vers de nouveaux marchés tout en renforçant le positionnement des exportations marocaines sur les marchés traditionnels. Il y a urgence. En 2009, déjà, les ventes avaient baissé par rapport à 2008. En janvier 2010, les choses ont empiré : la confection a enregistré une régression en valeur de 29% par rapport à la même période de l'année dernière. Les exportations ont été de l'ordre de 1,27 milliard DH contre 1,8 milliard DH en janvier 2009. En termes de volumes, les exportations de vêtements confectionnés ont à peine atteint 4,5 millions de tonnes contre 6,1 millions en janvier 2009, enregistrant ainsi un recul de 26,2%. La baisse n'a pas épargné la filière bonneterie dont les exportations ont régressé de 26,3% par rapport à janvier 2009.