Les exportations de bonneterie sont à +0,4% par rapport à mai 2008. Celles de la confection en baisse de -3,6% seulement. Les industriels écartent l'idée d'une reprise avant 2010. Les entreprises doivent réduire les prix pour gagner des clients au moment où leur trésorerie est au plus bas. Finalement, le mois de mai que redoutaient tant les textiliens n'a pas été aussi catastrophique qu'on s'y attendait. Certes, les dernières statistiques de l'Office des changes révèlent toujours une baisse des exportations de la confection au terme des cinq premiers mois de l'année mais le recul est moins important que celui enregistré à fin avril. Les vêtements confectionnés, principale composante des exportations de produits finis, ont reculé de 3,6 % par rapport à la même période de l'année dernière, à 8,2 milliards de DH. En revanche, les exportations de bonneterie ont totalisé 2,88 milliards de DH contre 2,872 milliards à fin mai 2008, soit une petite évolution de 0,4 %. Le redressement est bien visible puisque cette filière avait marqué une baisse de 7,8 % à fin avril 2009. La hausse des exportations de la bonneterie pourrait s'expliquer, estime un exportateur, par le démarrage de la mise en boutique des collections d'été. Leur commercialisation devait commencer un peu plus tôt, soit en avril-mai, mais elle a été retardée, explique ce même exportateur, à cause des aléas climatiques notamment la persistance du mauvais temps dans les pays européens. En outre, note un autre industriel, «la bonneterie devrait terminer l'année 2009 sur une bonne note car quelques grandes entreprises marocaines ont finalisé d'importantes commandes de tee-shirts pour le compte de donneurs d'ordre américains». Reste à savoir si cette branche pourra gagner davantage de parts de marché dans ce pays. Pour notre source, l'industrie marocaine a des atouts pour se positionner sur ce marché. Cela dit, la partie est loin d'être gagnée, les donneurs d'ordre américains étant connus pour être extrêmement exigeants. Mais malgré cette petite et relative embellie de mai, les industriels restent sur une note plutôt pessimiste. Depuis le début de l'année, ils espéraient, en effet, un redémarrage des exportations au mois de juin. Aujourd'hui, ils sont plutôt sceptiques. Des frémissements sur le marché des produits pour enfants «Il y a certes des petits signes de reprise çà et là, mais on ne sait pas si cette tendance va se consolider. Nous pensons que la reprise n'aura lieu qu'en 2010», dit-on à l'antenne de Rabat de l'Association marocaine des industries textiles et de l'habillement (Amith). La région a été, rappelons-le, fortement touchée par la crise, notamment en raison de la dépréciation de 13 % de la livre sterling. De nombreuses entreprises installées dans les zones industrielles de Salé ont soit fermé soit considérablement réduit leur activité et leurs effectifs. L'Amith Rabat cite alors l'exemple d'une entreprise qui vient de se séparer de 900 salariés, ramenant ainsi son effectif à 500 personnes. Il est précisé que seulement 3 ou 4 entreprises de la région tournent à plein régime, tandis que le reste des opérateurs tente de maintenir leurs unités en activité en attendant la reprise des commandes. Les industriels de Rabat ne sont pas les seuls à ne pas vraiment y croire. Globalement beaucoup de ceux qui étaient optimistes, il y a deux mois, doutent aujourd'hui d'une possible et proche reprise. Certains d'entre eux parlent de frémissements depuis une quinzaine de jours, mais ils ne concerneraient pas tous les marchés. «Il s'agit plutôt d'une petite hausse de la demande sur le marché des produits pour enfants alors que pour les créneaux hommes et femmes, la reprise n'a toujours pas eu lieu car il y a d'importants stocks achetés dans les pays asiatiques qu'il faut écouler avant de passer de nouvelles commandes», dit-on dans le milieu. Les industriels sont d'ailleurs très attentifs aux comportements des donneurs d'ordre. Ils sont nombreux à s'orienter vers la Chine et l'Egypte au détriment du Maroc qui reste quand même une source incontournable pour les commandes de réassort. Mais pour attirer des clients, les industriels seront amenés inévitablement à réduire les prix, compte tenu de la concurrence féroce d'autres pays. Ce qui ne sera pas aisé en raison des difficultés de trésorerie de beaucoup d'entreprises qui ont concédé d'importantes pertes depuis le début de l'année. Un véritable casse-tête !