Le marasme touche aussi bien les vêtements confectionnés que la bonneterie. Pour le seul mois de février, la chute serait de 18,5%, selon l'Amith. Les industriels prévoient une aggravation pour les deux prochains mois. Les commandes se font rares. Les temps sont durs pour l'industrie textile. D'après les dernières statistiques de l'Office des changes arrêtées à fin février, les exportations de vêtements confectionnés ont chuté de 11,9% en valeur comparativement aux deux premiers mois de l'année précédente, à 3,3 milliards de DH (soit – 447 MDH), et de 10,7% en volume. Même la bonneterie qui avait évolué positivement en janvier (+3 % en valeur), a aussi enregistré une baisse de 4,8%, à 1,2 milliard de DH, malgré une hausse de 4,4% du poids. Dans le secteur, on souligne que l'aggravation de la situation était prévisible en raison du recul de la consommation en Europe, en particulier les marchés anglais et espagnol qui ont été très affectés par la crise. Les estimations de l'Association marocaine des industries du textile et de l'habillement (Amith) sont encore plus alarmantes. Selon cette association, les exportations du secteur ont dégringolé de 18,5 % pour le seul mois de février par rapport au même mois de 2007. Les deux ou trois mois qui suivent seront certainement aussi difficiles que les deux premiers. Les professionnels pensent, en effet, que la reprise n'aura lieu qu'en juin, date à laquelle les donneurs d'ordre devraient passer ou confirmer, pour certains d'entre eux, leurs commandes. «Aujourd'hui, on note un certain attentisme chez les donneurs d'ordre qui n'ont pas encore arrêté leurs besoins. Car la majorité d'entre eux, surtout sur les marchés espagnol et britannique, ont très mal vendu en hiver et n'ont pas pu se rattraper durant les soldes puisque les ventes ont été très moyennes», explique Karim Tazi, patron du groupe Marwa. Résultat : les donneurs d'ordre disposent encore de stocks importants dont ils doivent tenir compte dans la planification des achats. Le volume des achats ne sera pas important, de l'avis de plusieurs exportateurs, vu le nombre des demandes d'échantillons. Les donneurs d'ordre sont incertains et n'ont pas encore planifié le placement de leurs commandes. Des entreprises ont déjà réduit leur effectif Dans l'attente de la reprise, les exportateurs se doivent de gérer les difficultés actuelles. Par exemple, face à l'effondrement du marché britannique, les entreprises situées dans les zones industrielles de Rabat, Salé et Témara sont contraintes de réduire leurs heures de travail ou comprimer leurs effectifs. Cristal Martin, entreprise spécialisée dans la maille et exportant sur le marché britannique, a été contrainte d'adopter de telles mesures. Suite à l'effondrement de ce débouché, cette unité a vu son chiffre d'affaires chuter de 40% en 2008. La baisse s'est poursuivie au cours des deux premiers mois de 2009. Du coup, les dirigeants ont ramené le personnel de 1 300 à 750 personnes et réorganisé l'entreprise en vue de rationaliser les charges. Et pour compenser ses pertes sur le marché anglais, l'entreprise dit avoir prospecté le marché espagnol et noué des contacts porteurs. Cristal Martin n'est pas un cas isolé. D'autres entreprises de la région de Rabat se sont tournées vers l'Espagne qui offre, à leur avis, des opportunités d'affaires. Plusieurs donneurs d'ordre, devenus plus prudents dans leurs approvisionnements, comptent quitter l'Asie pour le Maroc où ils pourront réaliser progressivement leurs commandes en optant pour des petites quantités livrables rapidement. Le marché britannique n'est pas pour autant abandonné. Plusieurs opérateurs ont négocié avec leurs clients la possibilité de se faire payer en euros. Ce qui leur permet de compenser la dépréciation de la livre sterling intervenue en 2008. Et c'est dans le même objectif qu'ils ont également négocié une augmentation de 5% des prix des commandes. Grâce à ces deux mesures, les exportateurs pourront reprendre quelque peu sur le marché anglais qui, selon l'Amith, a connu un frémissement en février. L'association souligne que pour le moment il est difficile d'évaluer l'impact de la crise qui ne sera maîtrisée que lorsque les entreprises bénéficieront des mesures de soutien prévues par le gouvernement.