Autoroutes du Maroc travaille en synergie avec différents intervenants et conclut des partenariats, tout en capitalisant sur l'ensemble des investissements et les équipements technologiques. La Société nationale des autoroutes du Maroc (ADM) s'est engagée dans un ambitieux plan pour lutter contre l'insécurité routière. Son DG revient sur les principales réalisations de cette feuille de route, les avancements des chantiers, la collaboration avec plusieurs partenaires, ainsi que les perspectives. Entretien. ADM a lancé en 2018 un plan baptisé AGIR pour lutter contre l'insécurité routière. Quelle a été l'approche globale adoptée pour cette feuille de route ? Le plan AGIR (Action globale contre l'insécurité routière) s'appuie sur une approche globale touchant à la fois l'investissement en infrastructures et en nouvelles technologies, la formation et l'accompagnement des ressources humaines, le renforcement des partenariats avec tous les acteurs qui interviennent sur le réseau autoroutier et la communication rapprochée avec les usagers de l'autoroute. Concernant l'infrastructure, les exigences de sécurité sont omniprésentes dans toutes les phases des projets, que ce soit dans la conception, la réalisation des travaux ou encore l'exploitation. Nous accordons également une importance capitale à la maintenance du réseau autoroutier national et nous mobilisons chaque année près de 500 MDH pour les travaux de grosses réparations de la chaussée autoroutière, l'objectif étant de préserver le patrimoine autoroutier et de renforcer les conditions de sécurité et de confort des clients-usagers. Qu'en est-il du volet lié aux nouvelles technologies ? Pour fluidifier, superviser et sécuriser le trafic autoroutier qui atteint quotidiennement 400.000 véhicules en moyenne, ADM a lancé un vaste chantier qui place les nouvelles technologies au cœur des déplacements sur autoroute et qui consiste à industrialiser et à digitaliser l'activité d'exploitation. L'automatisation de la supervision du trafic, l'accès à l'information trafic en temps réel, le pilotage à distance des équipements de terrain et la digitalisation des moyens de péage sont les principaux axes de ce chantier. Comment accompagnez-vous vos collaborateurs sur cette stratégie ? En ce qui concerne notre capital humain, nous avons mis en place une stratégie axée sur le développement des compétences et l'ouverture vers les nouveaux métiers à forte valeur ajoutée, comme les patrouilleurs qui sillonnent le réseau autoroutier pour porter assistance aux usagers en détresse et signaler tout événement pouvant impacter la fluidité du trafic. Nous comptons également, parmi nos effectifs, des inspecteurs d'ouvrages d'art qui veillent au bon fonctionnement de ce patrimoine via des inspections terrains détaillées, en plus du manager de trafic qui, depuis la salle de contrôle, supervise le réseau autoroutier et coordonne avec l'ensemble des intervenants. La vidéosurveillance a été renforcée dans le cadre de ce plan. Pourriez-vous nous en dire plus ? Depuis le lancement de notre chantier d'industrialisation, plusieurs outils technologiques ont été mis en place afin de gérer le trafic autoroutier en temps réel. Il s'agit notamment des caméras de surveillance, des caméras thermiques et intelligentes pour les ouvrages névralgiques, des panneaux à messages variables, des stations de comptage et de réseau radio pour la communication inter-sites. ADM dispose de près de 1.000 caméras de vidéosurveillance, pilotées à distance via les salles de contrôle centrales et régionales, pour les besoins de supervision de trafic, de téléassistance des usagers de l'autoroute, de supervision des ouvrages névralgiques et des équipements de terrain. L'objectif est de renforcer la sécurité et la fluidité du trafic autoroutier et de doter notre pays d'une infrastructure autoroutière sécurisée et moderne respectant les meilleurs normes et standards internationaux. Comment la Gendarmerie royale et la Protection civile contribuent-elles à ce plan d'action ? Les autoroutes étant un espace public, la sécurité des clients-usagers est également assurée par différents intervenants dont la Gendarmerie royale, la Protection civile, les équipes d'assistance et les sociétés de dépannage qui collaborent ensemble pour la sécurisation de la circulation sur les autoroutes. C'est pour cette raison que ADM travaille en synergie avec ces différents intervenants et conclut différents partenariats pour renforcer leur présence sur le réseau et améliorer la durée de leurs interventions. A ce titre, le réseau autoroutier compte 53 postes de la Gendarmerie royale et 16 postes de secours de la Protection civile, équipés et dédiés exclusivement aux usagers. Quels sont les chantiers actuels ? Capitalisant sur l'ensemble des investissements et équipements technologiques, nous travaillons sur le lancement de la première radio autoroutière marocaine entièrement dédiée à l'info trafic en temps réel. Elle a pour objectif de renforcer la sécurité autoroutière, de fluidifier le trafic et d'offrir aux usagers marocains un service info trafic à l'instar des différents concessionnaires autoroutiers dans le monde. Nous poursuivrons aussi la mise en œuvre de la stratégie de préservation du patrimoine autoroutier national à travers la réalisation du programme des grosses réparations de la chaussée, avec l'appui de moyens à la pointe de la technologie qui permettent la segmentation du réseau, la collecte de données périodiques et la priorisation des sections à traiter. L'intelligence artificielle serait à l'ordre du jour également... Effectivement, un projet de recherche a été initié avec l'Université MohammedVI Polytechnique (UM6P) et la Fondation MAScIR pour comprendre et analyser les causes d'accidents sur autoroute et prendre les décisions pertinentes. Cela consiste à développer une solution décisionnelle de traitement et de valorisation des données provenant des bases de données des accidents, des informations de trafic et des différents composants de l'infrastructure et ses équipements, tout en intégrant également les données météorologiques et autres facteurs de risque liés aux accidents. Comment avance le chantier de triplement de l'autoroute de contournement de Casablanca et de l'autoroute de Casablanca-Berrechid ? La fluidification du trafic passe aussi par la décongestion des sections à fort trafic. C'est l'objectif de ce chantier qui est complexe à réaliser, puisqu'il concerne le triplement de sections autoroutières à fort trafic desservant des infrastructures vitales, notamment l'aéroport international Mohammed V, et nécessitant le maintien de la circulation en 2×2 durant la période des travaux. Les travaux du chantier se poursuivent suivant un phasage ingénieux permettant de limiter la gêne occasionnée et de garantir la sécurité des usagers de ce tronçon.