Après avoir flambé en 2022, la valeur des importations marocaines devrait refluer cette année, dans le sillage de la détente des prix à l'international. Un soulagement pour les caisses de l'Etat. Une bouffée d'oxygène bienvenue : les cours internationaux du blé ont considérablement baissé depuis quelques mois, donnant un peu de répit aux finances du Royaume. Il faut dire qu'en 2022 la facture céréalière s'est littéralement envolée, à cause des effets combinés de la mauvaise campagne céréalière au niveau national (34 millions de quintaux) sous l'effet de la sécheresse et de la flambée des prix à l'international, suite au déclenchement de la guerre en Ukraine. En chiffres, cela donne des importations qui, en volume, ont atteint plus de 6 millions de tonnes (MT) en 2022 (+35%), tandis qu'en valeur, elles ont culminé à 25,9 MMDH, soit presque le double de la facture de 2021 (+95%). Une situation qui a pesé sur le budget de l'Etat, dont les dépenses de compensation pour le blé ont explosé. En effet, pour maintenir le prix du pain subventionné à 1,2 dirham, les autorités marocaines ont dû suspendre les droits d'importation sur le blé, tandis que la subvention au quintal à l'import a été doublée. Au final, les dépenses de compensation pour le blé ont, pour la première fois, dépassé les 10,5 MMDH l'année dernière. Elles s'élevaient à un peu moins de 1,5 MMDH en 2021. Pour 2023, l'horizon s'éclaircit quelque peu pour les caisses de l'Etat. D'une part, les précipitations de ces derniers mois augurent d'une meilleure campagne céréalière que celle de l'année dernière, ce qui devrait réduire les volumes importés. D'autre part, les cours du blé sur les marchés internationaux ont nettement reflué. Après avoir atteint un pic de 443 dollars la tonne au cours du mois de mars 2022, les prix ont retrouvé leur niveau d'avant le déclenchement de la guerre en Ukraine. Sur le marché européen, en cette fin de mois de janvier, la tonne de blé se négocie autour de 290 dollars, soit une baisse de 35% en 10 mois. Une offre mondiale qui s'annonce abondante Si les cours du blé sont en recul, c'est notamment parce que les perspectives de l'offre mondiale sont prometteuses, tirant les prix vers le bas. Citant la FAO dans son dernier rapport, la Direction des études et des prévisions financières (DEPF) nous apprend que la production mondiale de blé devrait atteindre un record de 781 MT pour la campagne 2022-2023, en hausse de 3 MT par rapport à la saison précédente. Les récoltes s'annoncent particulièrement abondantes en Russie, en Australie et au Canada. L'Australie, par exemple, devrait récolter un volume record de 36,6 MT de blé en 2022-2023. La Russie pourrait, elle, enregistrer un stock de 91 MT contre 75MT un an plus tôt. Par ailleurs, l'Inde, l'un des plus grands producteurs mondiaux de céréales, pourrait lever son embargo sur les exportations de blé décidé au printemps dernier. Des incertitudes pourraient néanmoins noircir le tableau: elles concernent l'Argentine, dont la production est affectée par une sécheresse extrême, et surtout l'Ukraine où des interrogations persistent quant à sa capacité à exporter la récolte céréalière 2022-2023, alors que le conflit avec la Russie se poursuit. En tout état de cause, les autorités marocaines vont continuer cette année à soutenir les prix du blé sur le marché local, avec la perspective de dépenses un peu moins lourdes. Le gouvernement a inscrit un budget de 26 MMDH dans la Loi de finances 2023 au titre de la Caisse de compensation afin de subventionner les produits de base que sont le gaz butane, le sucre et le blé. C'est presque 14 MMDH de moins que les dépenses de compensation engagées en 2023.