Le PAM vise 6 présidences de régions, dont Rabat-Zemmour-Zaër, à la suite du retrait de Omar Bahraoui. A Tanger-Tétouan, les candidats du RNI se tirent dans les pattes faute d'arbitrage central. PAM, Istiqlal et RNI bien placés pour dominer la Chambre des conseillers. C'est bien connu, en temps de crise, on se serre les coudes. Nos partis ne font pas exception. Victime de quelques secousses au lendemain de son entrée au gouvernement, le Mouvement populaire semble avoir renoué avec un semblant d'ordre. Il faut dire que l'heure est grave pour la formation qui, à la suite de la dernière réunion de son bureau politique, vendredi 11 septembre, reconnaissait officiellement que les résultats des dernières élections étaient «en deçà» de ses aspirations. «Nous nous sommes expliqués dans un climat serein. Nous avons discuté de la dernière étape électorale qui concerne le renouvellement du tiers de la Chambre des conseillers, le 2 octobre prochain. Evidemment, après la rentrée parlementaire, nous prévoyons de réunir le Comité central pour discuter de nos résultats, analyser la situation et tirer les leçons de notre recul», souligne Mohand Laenser, secrétaire général du Mouvement populaire. «Nous avons également décidé d'une mobilisation générale pour les étapes à venir : la restructuration du parti et le congrès ordinaire de 2010, conformément à nos statuts et à la loi», ajoute le dirigeant haraki. C'est que le Mouvement populaire va mal. Le parti qui, à la veille des élections législatives du 7 septembre 2007, paraissait un allié indispensable pour la formation de tout gouvernement, a essuyé depuis une série de revers. Deux ans, presque jour pour jour, l'élection des conseillers régionaux du 9 septembre courant montrait qu'il n'avait toujours pas réussi à juguler son déclin. Entre-temps, le parti a perdu quelque 3 000 sièges au niveau des conseils communaux, 300 autres au niveau des Chambres professionnelles, et l'élection des membres des Conseils préfectoraux et provinciaux ne lui a permis de remporter que 85 sièges contre 105 pour le MP d'avant la fusion avec le MNP et l'UD… A moins d'un miracle, il sera difficile pour les harakis de récupérer leur 16 sièges parmi les 90 qui seront remis en jeu dans le cadre du renouvellement du tiers de la Chambre des conseillers. MP, USFP, PJD, PPS, FFD, grands perdants du marathon électoral Sur le plan des Conseils régionaux, le MP ne détient désormais que 62 sièges sur 1 220, et ses chances d'obtenir la présidence de l'un des conseils semblent désormais minces, surtout depuis le retrait de Omar Bahraoui de la course à la présidence du Conseil régional de Rabat-Zemmour-Zaër, pour laquelle il disposait pourtant de l'appui du PAM. En effet, mardi 15 septembre, à trois jours de l'élection du président, le maire sortant de la capitale, qui n'était toujours pas revenu d'un séjour à l'étranger, était remplacé dans l'urgence par un candidat du PAM. Ce sera désormais à Mohamed Benhamou, membre du bureau politique du parti du tracteur d'affronter au nom du PAM et du MP (20 sièges), l'Istiqlalien Abdelkébir Berkia, soutenu par l'Istiqlal, l'USFP, le RNI, le PJD, le PPS ainsi que des conseillers sans étiquette politique. Le Mouvement populaire n'est toutefois pas le seul parti à avoir enregistré des résultats insatisfaisants. L'USFP aussi a subi un recul relatif, entre autres au niveau des Conseils régionaux où il est passé de 107 sièges en 2003 à 89 aujourd'hui. A Marrakech Tensift-El Haouz, avec ses 5 conseillers USFP, le président ittihadi de la région, Abdelali Doumou, a désormais de faibles chances d'être réélu face au PAM, qui a remporté 40 sièges sur les 110 en jeu. Idem du côté du PPS et du FFD où ni le parti de Ismaïl Alaoui, dont la meilleure performance régionale se limite à 3 sièges au Conseil régional Marrakech Tensift-El Haouz et 18 sièges sur l'ensemble du pays, ni celui de Thami Khyari qui en a obtenu 7 à Tadla Azilal sur un total de 27, ne sont en mesure de présenter des candidats à la présidence des Conseils régionaux. Le PJD n'est guère mieux loti. Malgré des pointes notables allant jusqu'à six sièges dans les régions de Souss-Massa-Draâ et de Tanger-Tétouan, le parti de la lampe n'a pu obtenir que 28 sièges à travers le pays. Ironie du sort : le parti de Benkirane fait partie de l'équipe dirigeante du Conseil communal de la capitale économique mais il est le grand absent dans la région du Grand Casablanca où il n'a pas pu déposer de liste de candidats, pour cause de retard. L'UC, pour sa part, ne devrait pas présenter de candidats à la présidence de Conseils régionaux, y compris dans les régions où sa performance a été honorable, Gharb-Chrarda-Beni Hssen (23 sièges) et le Grand Casablanca (21 sièges). Il faut dire que ses alliés lui ont déjà cédé la présidence du Conseil de la ville de Casablanca et du Conseil provincial de Kénitra. PAM, Istiqlal et RNI se partagent le gros des présidences En revanche, du côté du PAM, de l'Istiqlal et du RNI, trio gagnant des dernières élections, l'on voit plutôt grand. En tête du classement avec 212 sièges répartis entre les 16 Conseils régionaux du pays, le parti du tracteur vise la présidence d'une demi-douzaine de ces derniers. En tête de course, Marrakech-Tensift-El Haouz où le fondateur du PAM, Fouad Ali El Himma himself, peut prétendre à une victoire quasi certaine, grâce aux 40 sièges remportés par son parti et une part des 33 élus sans étiquette politique de la région. Dans l'Oriental où le PAM occupe la deuxième position avec 9 sièges, le parti projette désormais de présenter son secrétaire général adjoint, Ali Belhaj. Le parti vise également la présidence de la région de Tadla/Azilal, ancien territoire PND ou encore celle de Taza/Al Hoceima/Taounate, où il devrait faire face au RNI qui y présente son ministre délégué à la modernisation des secteurs publics, Mohamed Abbou, et chercherait même à tenter sa chance à Fès, en plein territoire istiqlalien. A Guelmim-Smara où le parti se classe deuxième après l'USFP avec 7 sièges, le secrétaire général du PAM, Mohamed Cheikh Biadillah, opte toutefois pour une candidature au sein de la Chambre des conseillers. Il s'y positionne d'emblée comme l'un des candidats favoris à la présidence de la deuxième Chambre. Arrivé en deuxième position avec 154 sièges à l'échelle nationale, l'Istiqlal a enregistré ses meilleures performances à Fès-Boulemane (19 sièges), Laâyoune-Boujdour-Sakia Al Hamra (19 sièges), Souss-Massa-Draa (16 sièges) et Chaouia-Ouardigha (13 sièges). Le parti de Abbas El Fassi en profite pour renouveler les candidatures d'au moins deux de ses présidents sortants, Abdelkébir Berkia à Rabat et M'hammed Douiri à Fès. Selon une source au sein du PAM, ce dernier pourrait être confronté à un concurrent issu du parti du tracteur. Enfin, à Souss -Massa-Draâ, Abdessamad Kayouh, député de Taroudant, fait figure d'outsider, mais sa candidature reste à confirmer. A Tanger-Tétouan, les candidatures RNI tournent à la guerre civile Parvenu à la troisième place avec 123 sièges aux Conseils régionaux contre seulement 46 en 2003, le RNI affiche désormais ses ambitions. Parvenu en tête de classement dans les régions de Souss-Massa-Draâ (22 sièges) et Taza-Al Hoceima-Taounate (19 sièges), le parti de la colombe envisage de faire réélire le président sortant du Grand Casablanca, Chafik Benkirane, avec le soutien du PAM et de l'UC. Le RNI aura-t-il autant de facilité à Guelmim-Smara ? Dans cette région présidée jusque-là par Omar Bouaida (RNI), le parti n'a obtenu que 6 sièges contre 19 pour l'Istiqlal. Les choses devraient être plus simples à Souss-Massa-Draâ où le parti de Mansouri occupe la tête du classement avec 22 sièges. Pendant un temps, trois candidatures simultanées de Lahcen Bijdiguen, Bouhdoud Bouhlal et Ibrahim Hafidi, tous trois membres du RNI, avaient semé le désordre dans les rangs du parti. A la suite d'une réunion tenue dimanche dernier, il a été convenu d'attribuer à Ibrahim Hafidi la candidature à la présidence de la région avec le soutien de l'Istiqlal (16 sièges), du PAM (13), ainsi que des militants de ces trois partis élus aux Conseils de la région sur listes SAP. Bouhdoud Bouhlal, dans l'impossibilité de prétendre à la présidence de la région, conformément à la loi 47-96 qui interdit le cumul des fonctions de président du Conseil régional avec celles de président d'Assemblée préfectorale ou provinciale ou de président de Communauté urbaine, se contentera du poste de premier vice-président. A Tanger-Tétouan, où une situation similaire s'est présentée, Rachid Talbi Alami, qui disposerait du soutien du PAM, le premier parti dans la région, et Mohamed Bouhriz, tous deux membres du bureau politique du RNI, devaient à l'heure où nous mettions sous presse, mercredi 16 septembre, s'affronter pour la présidence en l'absence d'une décision claire des instances centrales du parti. Elus le 9 septembre dernier parmi 6 616 candidats issus des Collectivités locales, des Chambres professionnelles et des représentants des salariés, les 1 220 membres des 16 Conseils régionaux du Royaume ont, selon la loi 47-96 relative à l'organisation de la Région, un délai de quinze jours à dater de leur élection pour élire leurs présidents pour des mandats renouvelables de trois ans. Contrairement aux années précédentes, l'écart est tel entre les partis en tête de course et le reste des formations politiques qu'il laisse présager que la distribution des présidences des Conseils régionaux se fera au bénéfice des premiers. Une tendance similaire devrait être observée au niveau de la Chambre des conseillers dont 90 sièges seront remis en jeu le 2 octobre prochain. Le PAM, l'Istiqlal et le RNI ont donc de fortes chances de s'attribuer la part du lion, tandis que d'autres formations, comme le MP ou le PPS, risquent de ne pas récupérer autant de sièges qu'ils en auront perdus dans le cadre du renouvellement. Le fait que le PAM se trouve dans l'opposition tandis que les deux autres partis font partie de la majorité devrait toutefois préserver les équilibres en place entre gouvernement et opposition. Pour l'instant…