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Chambre des conseillers : la bataille pour le tiers a démarré
Publié dans La Vie éco le 07 - 09 - 2009

Le trio de tête favori n'a pas changé : le PAM, l'Istiqlal et le RNI.
Grosses manÅ"uvres pour l'avant-dernière étape, les élections des membres des conseils régionaux du 9 septembre.
Le RNI lorgne les régions de Casablanca et Taza-Al Hoceima. Le PAM vise Marrakech.
Un mois après son retour au gouvernement, le MP s'est donné pour allié privilégié le PAM et, dans une moindre mesure, l'UC et le RNI.
Ils ont eu droit à une fenêtre de quelques jours, du 29 août au 1er septembre, pour déposer leurs candidatures, ainsi qu'une courte période de campagne électorale, clôturée mardi 8 septembre. Le lendemain, le Maroc renouera avec les élections, mais cette fois, seuls les grands électeurs seront appelés aux urnes. But de l'exercice : élire les membres des 16 conseils régionaux du pays. Passée cette étape, il ne restera plus qu'à procéder, le 2 octobre prochain, au renouvellement du tiers de la Chambre des conseillers, pour clôturer, enfin, le marathon électoral de l'été. En effet, depuis les élections communales du 12 juin, une série d'opérations électorales ont été organisées à travers le pays, allant des élections professionnelles du 14 et 19 mai à l'élection des membres des conseils préfectoraux et provinciaux (26 août) en passant par ceux des Chambres professionnelles (24 juillet).
En attendant de connaître la composition des conseils régionaux, les noms des prétendants aux présidences des régions commencent déjà à circuler.
Ainsi, à Rabat, Omar Bahraoui, ex-«maire» haraki de la capitale et candidat malheureux à sa propre succession, officiellement soutenu par le PAM, postule pour la présidence du Conseil de la région de Rabat-Salé-Zemmour-Zaer. Il aura face à lui un adversaire de taille en la personne du président sortant du conseil, l'istiqlalien Abdelkébir Berkia, soutenu par l'alliance qui a porté Fathallah Oualalou, numéro 2 de l'USFP, à la tête du conseil de la commune de Rabat en juin dernier (USFP, Istiqlal, PJD, RNI et conseillers sans appartenance politique). Au niveau du Conseil préfectoral de la capitale, cette même alliance, forte de seulement dix sièges, et dirigée par le deuxième vice-président du PJD, Lahcen Daoudi, s'est inclinée face au duo MP (6 sièges) – PAM (7 sièges), représenté par le haraki Abdelkader Tatou.
A Tétouan, contrairement aux maires sortants de Marrakech et Salé : Omar Jazouli (UC) et Driss Sentissi (MP) qui ont jeté l'éponge du moins en ce qui concerne la politique au niveau local, Rachid Talbi Alami, président sortant du conseil de la colombe blanche, se présente aux élections au conseil de la région de Tanger-Tétouan. Il est toutefois encore trop tôt pour savoir s'il cherchera à briguer la présidence de sa région.
Ailleurs, les négociations sont toujours en cours, même si certains partis ne se privent pas d'afficher leurs ambitions. Si le RNI lorgne la présidence du Grand Casablanca et de Taza-Al Hoceima, le PAM compte bien s'offrir Marrakech-Tensift-El Haouz où il part largement favori.
Le nom de Hamid Narjisse, ex-président PAM de la Commission des affaires étrangères à la Chambre des représentants, circule d'ailleurs déjà pour le poste. Interrogé, le concerné indique, pour sa part, que son parti n'a pas encore choisi de candidat.
Plus au sud, à Agadir, deux candidats sont en lice : M'hamed Iraâ Sbaï (Istiqlal) et Lahcen Bijdiguen (RNI). Il faudra attendre les élections régionales pour mieux connaître les chances réelles de l'un ou de l'autre.
Des négociations dans le désordre
Fait étonnant, la mobilisation autour des conseils régionaux survient alors que les jeux sont encore loin d'être faits dans les conseils provinciaux et préfectoraux qui auront pour mission d'élire leurs membres de ces mêmes conseils. En effet, à l'heure où nous mettions sous presse, mercredi 2 septembre, les tractations en vue de l'élection des présidents des conseils préfectoraux et provinciaux battaient toujours leur plein. Elus le 26 août dernier, ces organes disposaient de 15 jours à dater de l'élection de leurs membres pour nommer leurs bureaux, et il n'est pas impossible qu'ils en profitent pour les retarder au maximum de manière à s'en servir comme monnaie d'échange dans les négociations en vue de la formation des équipes dirigeantes des régions, souligne cet observateur averti de la scène politique marocaine.
Au final, le relèvement du seuil de distribution des sièges de 3 à 6% décidé à la veille des élections communales du 12 juin dernier aurait-il été inefficace ? Là où l'on attendait des majorités moins éclatées, rares aujourd'hui sont les conseils où un seul parti détient la majorité des sièges. Bien plus, dans plusieurs conseils préfectoraux et provinciaux, la présence de deux ou trois partis à même de prétendre à la présidence a largement compliqué les négociations au lieu de faciliter les alliances.
Des résultats prévisibles, malgré tout…
Un mois après son retour au gouvernement, le Mouvement populaire s'est donné pour allié privilégié le PAM, et dans une moindre mesure l'UC et le RNI. Le PAM, lui, par la voix de son secrétaire général, Mohamed Cheikh Biadillah, reconnaît avoir privilégié des alliances avec le Mouvement Populaire (MP) et l'Union Constitutionnelle (l'UC). «Avec le Parti de l'Istiqlal, poursuit-il, nos alliances ont été parfois dénouées comme à Rabat; ailleurs nous avons travaillé ensemble en bonne intelligence dans l'intérêt suprême du pays». Plus à gauche, si le PPS a cherché à privilégier ses alliés traditionnels, la Koutla et la gauche, l'USFP, lui, a négocié bon nombre de ses coalitions avec l'Istiqlal… et même le PJD.
Toutefois, dans la pratique, les logiques locales ont souvent pris le pas sur les accords inter-partisans, et même la séparation entre partis de l'alliance gouvernementale et partis de l'opposition.
Dans certains cas, pour atteindre leurs objectifs, certains partis sont allés jusqu'à recourir à des listes d'élus temporairement classés sans appartenance politique pour renforcer leurs chances d'obtenir des sièges, gonflant ainsi les effectifs des SAP (25,21% des membres des conseils préfectoraux et provinciaux).
Elus par les membres des conseils communaux et les représentants des Chambres professionnelles situés dans le territoire d'une même préfecture ou province, les conseils préfectoraux ou provinciaux ont, selon la loi n° 79-00 relative à l'organisation des collectivités préfectorales et provinciales, le pouvoir d'agir sur différents plans pour promouvoir le développement de leur territoire. Ils peuvent, par exemple, examiner et voter le plan de développement économique et social de la préfecture ou la province concernée ou encore fixer les taux des taxes, les tarifs des redevances et des divers droits perçus au profit de la préfecture ou la province. Ils ont aussi pour mission d'engager les actions nécessaires à la promotion des investissements, notamment la réalisation ou la participation à l'aménagement, l'équipement ou la promotion de zones d'activités économiques.
Ils peuvent également exercer des compétences transférées par l'Etat, notamment dans le domaine de l'enseignement secondaire et technique, la réalisation et l'entretien de collèges, lycées et instituts spécialisés, d'hôpitaux et de centres de santé, etc. Pour leur part, composés de conseillers communaux, de représentants des assemblées préfectorales et provinciales, des différentes Chambres professionnelles, des salariés, ainsi que les membres de la Chambre des conseillers et de la Chambre des représentants élus dans la région, les conseils régionaux ont des pouvoirs similaires à ceux des conseils préfectoraux et provinciaux, mais plus importants et plus étendus sur le plan géographique. Ils peuvent ainsi, entre autres, élaborer les plans de développement économique et social, un schéma régional d'aménagement du territoire pour leur région, implanter et organiser des zones industrielles et de zones d'activités économiques ou adopter des mesures pour la rationalisation de la gestion des ressources hydrauliques au niveau de la région.
Toutefois, aux yeux des élus, les conseils préfectoraux, provinciaux et régionaux constituent avant tout un tremplin vers la Cham-bre des conseillers, dont 90 mandats de 9 ans seront remis en jeu le 2 octobre prochain. Quel sera l'impact des négociations et manœuvres en cours sur la composition de la Chambre ? Une chose est sûre, les résultats des différentes élections organisées depuis le 12 juin sont assez concordants pour laisser deviner les grandes lignes de la composition du nouveau tiers. Ainsi, cet été, le PAM, l'Istiqlal et le RNI ont systématiquement occupé les trois premières places du podium, aussi bien à l'issue des élections communales du 12 juin dernier (le PAM a remporté 21,7 % des sièges, l'Istiqlal 19,1 % et le RNI 14,8%) qu'aux élections professionnelles (PAM : 17,98% des sièges, Istiqlal 17,39% et RNI 15,19%) ou encore aux conseils préfectoraux et provinciaux (Istiqlal : 14,35%, PAM 13,89% et RNI 10, 71%). Les trois partis auront donc probablement une certaine facilité à récupérer leurs 46 sièges remis en jeu à la suite de l'épuisement du mandat de leurs conseillers.
De même, la mauvaise santé du Mouvement populaire se confirme. En 2003, le MP, l'UD et le MNP avaient totalisé 22,53% des conseillers communaux, 21,3% des membres des Chambres professionnelles et avaient remporté 27 sièges sur 90 à la Chambre des conseillers.
Aujourd'hui, les harakis unifiés ne détiennent plus que 8% des sièges de conseillers communaux, 7,34% des sièges dans les Chambres professionnelles, et 6,59% des sièges dans les conseils préfectoraux et provinciaux. Ils auront probablement du mal à récupérer les 16 sièges correspondant aux conseillers harakis sortants. Le retour de la formation de Laenser au gouvernement serait-il arrivé trop tard pour stopper l'hémorragie ?


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