S'étant imposé dans le monde des affaires, l'anglais est devenu incontournable. L'immersion dans le pays de référence est le meilleur moyen pour apprendre une langue. Les dépenses peuvent être remboursées dans le cadre des contrats spéciaux de formation. Au Maroc, le bilinguisme (arabe-français) est un acquis pour tous les cadres. Si pendant longtemps la maîtrise du français à lui seul était un plus, depuis quelques années, une seule langue étrangère, en l'occurence le français, relève presque du Smig linguistique. De nos jours, pour mettre des atouts de son côté, un cadre doit désormais parler au moins deux autres langues en plus de l'arabe. La raison : les entreprises travaillent avec des partenaires du monde entier. Les cadres sont donc appelés tous les jours à faire de la prospection, négocier, rédiger des contrats, préparer des interventions dans des rencontres internationales, comprendre les manuels de procédure. Sans parler de l'anglais, une bonne connaissance de l'espagnol et de l'allemand est très utile et celle du chinois le sera de plus en plus du fait de la montée en puissance du pays. Pour l'instant, l'anglais s'impose comme «le» moyen de communication dans le monde des affaires. Pour négocier son contrat avec une firme américaine il y a plus de deux ans, Mohamed Kabbaj, Dg d'une entreprise d'import-export et ne connaissant pas un mot d'anglais à l'époque, s'est octroyé les services de son fils. «Si vous voulez convaincre un partenaire étranger de signer un contrat, vous êtes obligé d'instaurer un rapport de confiance avec lui. Cela passe forcément par des discussions dans sa langue. Il m'était difficile de le faire au début. Mais, depuis, je me suis rattrapé en suivant des cours intensifs», souligne-t-il. Faute de ne pas s'adapter rapidement, on finit par perdre des opportunités. «Il y a quelques années, je faisais partie de toutes les délégations que la banque envoyait en Angleterre ou dans des conférences internationales parce que j'étais l'un des rares cadres à m'exprimer parfaitement en anglais», se rappelle un banquier, aujourd'hui à la retraite. Quasiment, toutes les grandes entreprises ont maintenant compris qu'il est nécessaire d'avoir des collaborateurs s'exprimant dans d'autres langues que le français et l'arabe. Pour la plupart des multinationales de la place, les nouvelles recrues sont obligées d'avoir le Toeic (test of english for international communication), un niveau qui sert de baromètre international. En plus de la communication, les nouveaux doivent être capables de rédiger des rapports entièrement en anglais. D'ailleurs, de plus en plus d'offres d'emploi émanant de ces entités sont carrément rédigées en anglais. C'est dire que la sélection se fait déjà au premier niveau de contact. Les lauréats de grandes écoles de commerce étrangères ou d'ingénieurs entrent déjà dans la vie active avec un certain avantage, sachant que certains cours sont totalement dispensés en anglais. Les centres spécialisés proposent des modules de formation sur-mesure Dans tous les cas, il est possible de s'améliorer en se remettant aux études. D'ailleurs, beaucoup de centres de langues ne désemplissent plus et ce ne sont pas seulement les jeunes élèves et étudiants qui les fréquentent. Des formations sur-mesure sont proposés pour répondre aux besoins des entreprises et des cadres. Dernière formule en date, le coaching qui permet au formateur d'assister l'apprenant à perfectionner son style d'expression orale et écrite surtout s'il doit mener une réunion ou une présentation en anglais. Egalement au programme, des formations par téléphone pour des séances de 15 à 20 minutes pour apprendre aux candidats à mieux communiquer avec leurs partenaires au téléphone. Cédéroms et internet pour se perfectionner Le coût dépend des écoles et des modules. En individuel, c'est le tarif commun qui est généralement appliqué. En revanche, les entreprises peuvent avoir de meilleurs prix si elles veulent faire des formations groupées. Un plan de formation peut être présenté dans le cadre des contrats spéciaux de formation (Csf) gérés par l'Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (Ofppt). Pour ceux qui ont de solides notions, il est aussi possible d'améliorer son anglais grâce aux nouvelles technologies (cédérom, internet). Ces supports permettent à chacun de progresser à son rythme et de personnaliser son propre parcours. Mais la meilleure école de l'apprentissage d'une langue reste bien sûr l'immersion dans le pays de référence. Les vacances constituent alors une période idoine. «Les séjours linguistiques intéressent de plus en plus de personnes, notamment les cadres», note Karima Qara, responsable éducation et bourses au British Council. L'intérêt de cette formule est d'allier l'apprentissage et le tourisme. Pour Bahia B., 28 ans, responsable communication dans une SSII, la formule est plus qu'avantageuse. «On apprend à maîtriser rapidement la langue car on s'interdit d'en parler une autre durant tout le séjour», explique-t-elle. Les entreprises aussi sont séduites par la formule, mais ne réservent ce genre de packages qu'à une certaine catégorie. «Notre DG avait participé à un séjour à Londres pour maîtriser davantage l'anglais. Mais vu son coût exorbitant (plus de 30 000 DH), nous ne pouvions pas le faire pour une large population au sein de notre entreprise. Ceci dit, l'apprentissage des langues reste prioritaire dans notre politique RH», souligne pour sa part un DRH. Et d'ajouter que ce type de formation est «un investissement dont la rentabilité se mesure par le développement des relations avec le monde extérieur». Pour l'anecdote, un groupe de la place avait carrément instauré une journée par semaine où la communication ne se faisait qu'en anglais. «C'était amusant ! tout le monde communiquait dans la langue de Shakespeare, du coursier au directeur général. Il était interdit de placer un mot en arabe ou en français», déclare un cadre de ce groupe.