Une seconde requête introduite par le propriétaire pour contrer le décret publié au Bulletin officiel du 29 janvier dernier. L'Agence urbaine reste sur ses positions et compte payer l'indemnisation qui sera fixée par le tribunal. Quelle sera l'issue du bras de fer qui oppose l'Agence urbaine de Casablanca au propriétaire de l'hôtel Lincoln ? La réponse à cette question est loin d'être évidente. Et pour cause, les deux parties multiplient les initiatives et chacune d'elles campe solidement sur ses positions. Ainsi, après la publication, le 29 janvier dernier, au Bulletin officiel du décret d'expropriation pour utilité publique du bâtiment, la famille Bendra, toujours propriétaire de la bâtisse, vient de riposter en introduisant une nouvelle requête auprès du tribunal administratif de Rabat. Pour rappel, il y a un an déjà, on parlait déjà d'expropriation. Allal Sakrouhi, gouverneur directeur de l'Agence urbaine, explique que le décret publié au BO du 29 janvier dernier ne constitue pas une seconde expropriation. «Avant il s'agissait simplement d'un projet d'expropriation que nous avons officialisé par la dernière publication au BO» , explique-t-il. Que va-t-il se passer maintenant ? M.Sakrouhi indique qu'il revient au tribunal de trancher en fixant le montant de l'indemnisation. «Le verdict devrait tomber prochainement et nous comptons régler l'indemnisation avant de prendre possession du bâtiment», insiste-t-il. Une fois cette procédure réglée, l'Agence urbaine compte construire un palace à la place de l'hôtel Lincoln. «Nous effectuerons une expertise architecturale pour déterminer avec précision les parties qui pourront être conservées», ajoute le gouverneur de l'Agence urbaine. Tout comme l'Agence urbaine, le propriétaire dit avoir un projet d'hôtel sur le site Mais les propriétaires de la bâtisse et du foncier ne voient pas les choses de cet œil-là. Contacté par La Vie éco, Driss Bendra, leur représentant entend bien défendre bec et ongles les droits de la famille. «Nous avons déjà gagné la première manche contre l'Agence urbaine puisque le tribunal a tranché en notre faveur en première instance» , confie-t-il. Et d'ajouter que le décret d'expropriation «constitue une nouvelle décision administrative, ce qui nécessite une autre procédure judiciaire». En effet, le propriétaire vient d'introduire une requête auprès du tribunal administratif de Rabat. Et cette fois-ci, ce n'est pas l'indemnisation (une conséquence de l'acte administratif) qui est visée, mais l'expropriation elle-même. «Ce que je réfute, ce n'est pas l'indemnisation proposée par l'Agence urbaine mais son acte d'expropriation», argumente M.Bendra. Selon lui, si l'expropriation du bâtiment, objet du litige, reflète une quelconque utilité publique, il s'engage «à en faire un don à zéro dirham à la ville de Casablanca». Il précise qu'il est «convaincu que ce n'est pas tant le cachet de patrimoine culturel de la bâtisse qui ne représente plus grand chose vu son état actuel qui intéresse l'Agence urbaine, mais plutôt le terrain de 2 400 m2». Pour montrer sa bonne foi, M. Bendra explique qu'il n'a jamais pensé laisser ce bâtiment tomber en ruines. «Le projet d'un hôtel respectant tous les aspects architecturaux est déposé depuis longtemps auprès d'un grand investisseur marocain. Je ne vois pas l'intérêt d'exproprier pour cause d'utilité publique pour créer un palace alors que le propriétaire veut en faire autant» , s'insurge-t-il. L'affaire est donc entre les mains de la justice administrative qui peut trancher dans un sens ou dans l'autre. «Lorsqu'il est saisi, le tribunal administratif peut décider d'une réparation (NDLR, indemnisation) ou d'une annulation de la décision d'expropriation. Cette deuxième possibilité ne peut être prononcée qu'en cas d'absence prouvée du caractère d'utilité publique» , confie un magistrat à la Chambre administrative près la Cour suprême. Et c'est justement cette dernière action qu'a engagée la défense de M.Bendra.