Le secteur des télécommunications amorce un tournant majeur au Maroc. Les observateurs sont unanimes : la progression du parc mobile national, principal moteur de croissance du secteur, est appelée à s'essouffler. Ce constat pose une question : comment devraient réagir, en conséquence, les performances de l'opérateur téléphonique coté à la Bourse de Casablanca, Maroc Telecom (IAM). Au lendemain de l'annonce du chiffre d'affaires annuel du groupe pour l'exercice 2008, deux écoles apparaissaient déjà pour se prononcer sur l'avenir d'IAM. Dans le camp des optimistes, on intégrait avec satisfaction les réalisations de 2008 : une croissance du chiffre d'affaires consolidé de 7,2%, à 29,5 milliards de DH, et un résultat opérationnel annoncé de 13,8 milliards de DH, en hausse de 13%. Reste, comme évoqué précédemment, que l'activité mobile sature. Le taux de pénétration de ce marché a plus que doublé en trois ans, de 2004 à fin 2007. Le parc mobile paraissant avoir épuisé une bonne partie de son potentiel de croissance, IAM devrait subir à l'avenir une baisse notable du nombre d'acquisitions de clients. Sachant que l'activité mobile reste plus que stratégique pour l'opérateur puisqu'elle génère près des deux tiers de ses revenus consolidés et procure une marge opérationnelle historiquement supérieure à 50%; et quand on considère de surcroît que les relais de croissance tel que l'activité Internet et les filiales étrangères pèsent faiblement dans le chiffre d'affaires, la baisse de la croissance des revenus, pronostiquée par les analystes de BMCE Capital Bourse, paraît d'autant plus justifiée. Selon leurs prévisions, le chiffre d'affaires de l'opérateur pour 2009 devrait croître de 6,2% (contre 7,2% en 2008) et le résultat d'exploitation devrait augmenter de 4,2% (contre 13% en 2008). Il n'empêche que les mêmes analystes adressent une recommandation à l'achat pour le titre IAM. Comparativement au cours observé en date du 2 février 2009, de 145,50 DH, la valorisation de BMCE fait ressortir une décote de 12%, soit un cours cible de 163 DH. Cet avis diverge totalement avec les pronostics d'autres analystes, qui estiment qu'au vu de sa valorisation actuelle le titre Maroc Telecom ne peut que baisser. En plus de l'inévitable érosion des marges, les arguments évoqués sont la cherté du prix de la récente acquisition de l'opérateur malien Sotelma ou encore la double cotation du titre à la Bourse de Paris. Cette dernière situation ferait qu'IAM pâtirait d'un arbitrage défavorable, les investisseurs étrangers s'orientant vers les titres d'opérateurs internationaux, bradés en raison de la crise financière internationale. Baisse ou hausse ? En tout cas, le comportement boursier du titre IAM ne fournit aucune piste. Du 5 janvier au 2 février, la valeur aura augmenté de tout juste 2,42%, passant de 142 à 145,50 DH, tout en ayant fortement fluctué dans l'intervalle.