Le taux d'intérêt d'un DAT sur un an peut atteindre désormais 4,5%. Le taux standard est, lui, de 3,25% seulement. La crise de liquidités qui sévit dans le secteur bancaire pousse les banques à augmenter les taux pour collecter plus de ressources. L'encours des DAT a atteint 154 milliards de DH à fin septembre 2008, en hausse de 20% par rapport à la même période de l'année dernière. Si le secteur bancaire marocain n'a pas été impacté par la crise financière internationale, grâce aux garde-fous mis en place par la loi, il passe néanmoins par une situation pour le moins difficile. Il s'agit en effet d'une tension sur les liquidités que connaissent les banques de la place et qui menace leur croissance de ralentissement. D'une situation financière largement excédentaire il y a quelques années, qui leur a permis d'accroître significativement le rythme de production de crédits, les banques se retrouvent aujourd'hui avec un déficit de liquidités qui risque de les pousser à serrer les conditions de financement de l'économie. D'une part, cela est dû à l'assèchement des liquidités sur le marché monétaire, entre autres à cause de l'aggravation du déficit commercial et du tassement du rythme de croissance des recettes en devises. D'autre part, les ressources (dépôts à vue, dépôts à terme, comptes sur carnet…) n'ont pas enregistré la même croissance que celle des crédits, ce qui a augmenté significativement le coefficient d'emploi des banques (crédits/ressources), leur laissant une faible marge de manoeuvre pour poursuivre leur développement. Se refinancer auprès de BAM coûte cher aux banques Résulat : Les banques se rabattent de plus en plus sur les avances hebdomadaires de Bank Al-Maghrib pour combler leur déficit. Mais, comme ces ressources leur coûtent cher, elles font toutes de gros efforts pour collecter davantage de dépôts. Ainsi, les banques proposent désormais des taux d'intérêt pour les dépôts à terme (DAT) plus importants que ceux pratiqués il y a quelques années afin d'attirer la clientèle. En effet, la rémunération d'un DAT sur un an peut aller jusqu'à 4,5% actuellement alors qu'elle ne dépassait pas les 3,5% auparavant. Certes, ce niveau de taux, qui est supérieur à un placement monétaire ou obligataire, n'est offert que lorsqu'il s'agit de dépôts importants (DAT de plusieurs millions de DH). Mais quand il y a un besoin urgent de liquidités ou quand la situation sur le marché interbancaire ne permet pas de financer tous les intervenants, les banques peuvent se montrer plus généreuses même avec les clients moyens. Il y a donc toujours matière à négociation. Guerre entre les banques pour la collecte de dépôts Il faut savoir que les taux d'intérêt standard des DAT restent toujours aux alentours de 2,75% sur 3 mois, 3% sur 6 mois et 3,25% sur un an. Cela dit, «un banquier peut toujours obtenir une dérogation de sa direction générale pour offrir à son client un taux plus élevé. Il s'agit d'une pratique courante», affirme le directeur d'une agence bancaire de la place. Selon des professionnels du secteur, les banques se livrent actuellement à une vé- ritable guerre pour collecter davantage de dépôts. «Certains établissements ont carrément mis en place des challenges pour leurs commerciaux afin de les inciter à attirer plus de clients,moyennant primes et commissions», déclare un banquier. Ce dernier ajoute que l'essentiel de l'effort des banquiers est tourné vers la collecte des dépôts à vue (comptes sur chèque) car ils ne sont pas rémunérés. En effet, se focaliser de manière excessive sur les dépôts rémunérés, tout en augmentant les taux pour attirer les clients, accroîtra le coût des ressources des banques, ce qui diminuera leurs marges et, dans certains cas, impactera les taux des crédits à la hausse. Cela dit, «quand il s'agit de clients qui vont déposer à terme des dizaines de millions de DH, on n'hésite pas à les retenir et à leur offrir les meilleurs taux de la place», précise-t-il. Notons qu'à fin septembre 2008, les dépôts à terme totalisaient plus de 154 milliards de DH selon les statistiques de la banque centrale, en hausse de 20% par rapport à la même période de l'année dernière.