Une plainte déposée au tribunal administratif de Rabat pour obtenir l'annulation de l'élection de Omar Farkhani à la tête de l'ordre Les plaignants dénoncent l'irrégularité du vote et la mainmise du Conseil de l'ordre sur les marchés de l'Etat. Le torchon brûle entre Omar Farkhani, président du Conseil national de l'ordre des architectes, récemment réélu, et quelques-uns de ses confrères. Après avoir réclamé en vain auprès de la commission des élections au sein de l'ordre l'annulation des dernières élections nationales, qui ont eu lieu le 17 octobre dernier et ont porté M. Farkhani à la tête du Conseil national pour un troisième mandat, les détracteurs de ce dernier sont passés à la vitesse supérieure. «Nous avons introduit une action en annulation des élections du conseil national auprès du tribunal administratif de Rabat car nous estimons que ces élections ont été entachées de plusieurs irrégularités», souligne Azzedine Ahmed Nekmouch, architecte et membre élu du Conseil national de l'ordre des architectes. Le président réélu compte attaquer ses détracteurs pour diffamation M. Nekmouch bénéficie de l'appui de plusieurs de ses confrères tels que Mohamed Ouazzani, Jawad Benchemsi, Abdelaziz Lazrak ou encore Nadia Bouâiad. Ce sont au total 12 architectes qui ont introduit l'action en annulation devant le tribunal administratif de la capitale. Contacté par La Vie éco, M. Farkhani explique que toutes les accusations de ses détracteurs n'ont aucun fondement légal. «L'ordre dispose d'une commission nationale des recours indépendante désignée par la commission des élections. Les architectes mécontents l'ont d'ores et déjà saisie, et cette commission a étudié tous les recours sur le plan légal et les a tous rejetés», affirme-t-il. Avant d'ajouter, «tout le monde peut saisir le tribunal administratif mais le conseil légalement élu se réserve le droit de poursuivre les concernés pour diffamation une fois qu'ils seront déboutés par cette instance». Une véritable bataille judiciaire est donc engagée entre les deux clans. Les hommes du président défendent «le bilan positif de M. Farkhani». Ce dernier liste d'ailleurs les multiples réalisations de son équipe, telles que l'instauration d'un audit systématique à la fin de chaque mandat, la rationalisation de la gestion financière des instances ordinales, notamment par la normalisation de la gestion comptable ou encore la mise en place d'un programme de formation continue, suivi par 150 architectes. Les détracteurs, quant à eux, crient «à la falsification des bulletins de vote, particulièrement pour les votes par correspondance». Dans leur plainte, dont La Vie éco détient copie, les plaignants dénoncent 14 violations. A commencer par «l'élaboration par M. Farkhani du règlement des élections sans consulter ni associer les conseils régionaux, en violation des articles 35 et 36 de la loi 16-89, relatifs aux prérogatives de l'ordre national des architectes». Ils reprochent également au conseil «l'organisation à Marrakech, le 28 juin dernier, d'une campagne électorale précoce aux frais de l'ordre». Mais l'accusation la plus grave est sans doute «la mainmise du conseil sur les marchés de l'Etat». Pour étayer leur propos, les plaignants avancent l'exemple d'une convention liant l'aménageur public Al Omrane au Conseil national de l'ordre. «En vertu de cette convention, le président devait répartir les marchés de la ville nouvelle de Fès entre plusieurs cabinets d'architectes, mais il n'en fut rien. Et le marché de 1 180 ha concernant le lotissement de Saïss Développement a été partagé entre le président du Conseil national et le président du conseil régional de Fès», souligne un des plaignants. Pour l'heure, le tribunal administratif de Rabat, qui a été saisi par une requête en annulation le 12 novembre, n'a pas encore tranché. Selon la procédure applicable devant cette instance, la Cour devra d'abord se prononcer sur la recevabilité de la requête avant d'en étudier le fond. Il faudra donc certainement attendre plusieurs mois (appel compris) pour connaître l'issue de cet affrontement.