Cette entité, présidée par le wali, aura pour mission de réguler et assainir le transport urbain. Elle sera composée de techniciens du transport, mais y siégeront également des élus de la ville et de la région. Décidément, l'organisation du transport urbain dans le Grand Casablanca n'est pas une mince affaire. Les dernières grèves des employés de M'dina Bus ont montré, encore une fois, la vulnérabilité des habitants de la métropole économique qui peuvent se retrouver dans l'impossibilité de rejoindre leur lieu de travail du simple fait d'une saute d'humeur d'une corporation du secteur. Une bonne nouvelle toutefois pour les Casablancais: l'Autorité d'organisation des déplacements (AOD) vient d'être créée pour prendre le taureau par les cornes et assainir une activité où règnent l'anarchie, l'informel et le mépris de la loi. De quoi s'agit-il exactement ? D'une structure présidée par le wali du grand Casablanca, où siégeront des élus de la ville et de la région, et dont la mission est de veiller à l'application de la loi en la matière et de donner un avis sur les litiges en la matière. Une sorte d'entité de régulation indépendante, dont le DG sera incessamment nommé. Cette décision est interprétée par les professionnels du transport comme un désaveu de la gestion par le Conseil de la ville de ce secteur névralgique. M'dina Bus compte acheter 400 nouveaux bus dans les deux années à venir En effet, en attendant que les chantiers du tramway, du métro et autres aménagements urbains se concrétisent, des solutions doivent être trouvées à une situation qui ne peut perdurer. Décision a donc été prise de confier l'organisation du transport à Casablanca à des techniciens dont la mission première est de veiller au respect des dispositions des cahiers des charges signés par les sociétés concessionnaires, c'est-à-dire M'dina Bus et une dizaine de sociétés privées encore en activité. S'agissant de M'dina Bus, quatre ans après son démarrage, où en est-elle, avec le lourd héritage laissé par l'ex-RATC ? De l'aveu même du DG de M'dina Bus, Khalid Chrouate, dont l'entreprise assure, selon lui, 70 % du transport par autobus de la capitale économique, il n'y a aucun contact avec les responsables de la ville. Aussi, se félicite-t-il que les autorités de tutelle aient enfin décidé de mettre de l'ordre dans le secteur. Et c'est normal que le DG de M'dina Bus se réjouisse, car, à l'en croire, la société est engagée dans un ambitieux programme d'investissement dont elle ne voit pas encore les retombées. Ce programme porte sur plus de 2 milliards de DH, dont aujourd'hui 700 millions sont réalisés. La société, qui emploie 4 320 salariés, possède actuellement 700 autobus dont 300 neufs, et transporte quotidiennement quelque 600 000 personnes. Selon Khalid Chrouate, commande a été passée pour l'acquisition, dans les deux années à venir, de 400 nouveaux véhicules. Quand on sait qu'un autobus comme ceux que l'on voit circuler en ville coûte 1,2 million DH (hors-taxes), on a une idée sur le niveau de ces engagements. Malgré l'annonce récurrente de ses réalisations, cette société est critiquée en raison des conditions dans lesquelles elle transporte les usagers. Toutefois, elle assure quand même un service public indispensable, comme le transport des étudiants ou celui des amateurs de football avec des risques énormes de dégradation du matériel roulant. 2009 risque d'être une année chaude pour le secteur Quant aux sociétés d'autobus dites privées, autres acteurs du transport public, elles devraient disparaître du paysage casablancais à l'expiration de leur contrat, fin 2009, pour laisser le champ libre à M'dina Bus. Ces sociétés qui étaient une vingtaine au début ne sont plus qu'une dizaine aujourd'hui. Certaines ont mis la clé sous le paillasson d'elles-mêmes et quelques-unes ont vu leurs contrats résiliés pour non-respect du cahier des charges. Mais, déjà, les propriétaires des sociétés restantes brandissent la menace du licenciement de centaines d'employés à l'expiration du contrat. Ce qui fera l'actualité dès les premiers mois de 2009, une année d'élections locales de surcroît. Enfin, il y a le problème des taxis, grands et petits, sur lequel il va bien falloir un jour se pencher. Si ces moyens de transport jouent un grand rôle dans le déplacement des Casablancais, ils ont aussi une force de frappe qu'ils ont déjà montrée…