Le transport scolaire lui occasionne un manque à gagner de 60 millions de DH par an. Les dégà¢ts du vandalisme à l'occasion de manifestations sportives se sont chiffrés à 11 MDH. Depuis le démarrage de l'activité de M'dina bus en novembre 2004, la société a-t-elle réussi à combler le déficit en transport urbain ? Loin s'en faut, car la tâche est monumentale et les besoins énormes. Et force est de constater que si la société est présente de plus en plus dans le paysage urbain, le transport en commun à Casablanca est loin d'être un modèle. En fait, le contrat de gestion déléguée signé, en août 2004, avec cet opérateur constitue juste une étape dans le plan d'action du gouvernement pour mettre sur pied un service public de transport urbain à niveau, avec l'évolution vers d'autres systèmes de transport de masse (métro, tramway…), entamée sur le papier par la mise en place du Plan de déplacement urbain (PDU). Au crédit donc de M'dina bus, le fait qu'elle constitue la première pierre pour la construction, sur les ruines de l'ex-RATC (Régie autonome de transport de Casablanca), d'un nouveau système de transport urbain dans un contexte interne et externe très difficile. Au niveau interne, l'héritage légué par l'ex-régie est plutôt lourd : un matériel roulant vétuste et un personnel pléthorique représenté par 14 syndicats d'un autre âge. Il fallait greffer à cela deux autres sociétés privées, Haddou bus et Bahja bus avec leur personnel et leur matériel et, surtout, une culture d'entreprise radicalement différente. La société dit avoir investi 460 MDH Au niveau externe, alors que la nouvelle société devait répondre à un cahier des charges très exigeant, notamment pour ce qui est du renouvellement du parc et du maintien de services publics traditionnels (transport scolaire et autres), le paysage du transport urbain casablancais était, et est toujours, caractérisé par une grande anarchie. Quelque 14 autres sociétés concessionnaires privées travaillent là oà1 ça les arrange en dépit de la réglementation et de leurs engagements, sous l'Å"il complaisant et passif des autorités concédantes. En outre, il était de notoriété publique que la plupart de ces sociétés, sinon toutes, avaient recours au travail au noir, ne s'acquittaient que partiellement de leurs obligations fiscales et réglementaires, tout en se livrant à une concurrence sauvage, y compris sur les lignes subventionnées. Aujourd'hui, M'dina bus qui aspire à être opérateur unique à partir d'octobre 2009, date de la fin des contrats de concession signés par les autorités locales avec les autres sociétés privées, se dit prête à assurer le transport urbain dans tout le Grand Casablanca, à condition que les autorités respectent leurs engagements dont le plus important consiste à assainir le secteur. A cet égard, notons que cinq sociétés concessionnaires (Aman Bus, Casa Bus, Buscas, Mounabus, Yasmina Bus) ont vu leur contrat résilié pour non-respect des termes des cahiers des charges (en réalité, deux de ces sociétés ne travaillaient déjà plus, et les trois autres assuraient une ou deux lignes au maximum). Mais le cauchemar pour M'dina bus est constitué par les grands taxis. En effet, lors des dernières grèves décrétées par les exploitants de ces moyens de transport, la société a vu son chiffre d'affaires augmenter de 35 %, assure son PDG Khalid Chrouate, qui estime par ailleurs à 60 MDH/an le manque à gagner découlant du transport scolaire et universitaire. Pour l'heure, il n'a reçu aucune compensation de la part des pouvoirs publics comme convenu dans le contrat, sans parler des pertes occasionnées par les dessertes des zones périphériques et rurales. M. Chrouate se plaint en outre des actes de vandalisme perpétrés à l'occasion de manifestations sportives. Depuis son démarrage, la société dit avoir comptabilisé 11 MDH de dégâts matériels. En dépit de tout cela, le premier responsable de la société, tout en refusant de donner des indications sur ses résultats financiers, affirme qu'elle est en train de réaliser les objectifs fixés par le contrat. Toujours est-il que l'on voit très peu de bus neufs ou en bon état estampillés M'dina bus sur les boulevards de la capitale économique. Le PDG n'en démord pas. Il assure qu'à fin août 2007 les investissements se montaient à près de 460 MDH dont 437 millions en matériel roulant, soit des taux de réalisation de 78 et 72 %. En ce qui concerne l'avenir de la société dans le cadre du PDU, il semble qu'il n'y ait aucune crainte. Khalid Chrouate souligne en substance que c'est l'environnement non assaini qui constitue un frein au développement de la société. «Qu'on nous fasse place nette, comme prévu, et nous investirons davantage», conclut-il. A bon entendeur…