Près de 89,8 MMDH de levées de fonds à fin novembre 2024    Laila Slassi Sennou élue présidente de la Fondation Marocaine de l'Education pour l'Emploi    L'Académie du Royaume du Maroc réalise un documentaire audiovisuel sur l'art du Malhoun    Taux d'audience marocain : Laraichi met le point    L'Indonésie rejoint le bloc des BRICS    Diplomatie : Talbi Alami et Bourita à Accra    Commission nationale des investissements : 171 projets approuvés, dont 53 financés par des investissements étrangers    Chambre des conseillers: Présentation du PL modifiant la loi relative à l'AMO et d'autres dispositions spécifiques    Entreprises débitrices : Ouverture exceptionnelle des perceptions de la CNSS samedi et dimanche prochains    Déclarations du 4e trimestre 2024 : panne sur le site des autoentrepreneurs    Loubna Rahmane : "Ces mesures visent à corriger les distorsions sur le marché domestique"    Guerre d'influence : La France face à la 5ème colonne algérienne [INTEGRAL]    Aide humanitaire au Liban: L'ONU a besoin d'un financement supplémentaire de 371 millions de dollars    Canada: L'Ontario renforce la surveillance à la frontière avec les Etats-Unis    Séisme en Chine: 400 personnes secourues, les recherches continuent    Ghana. John Mahama prête serment    Real: Vinicius suspendu en Liga mais présent, ce jeudi, en Supercoupe !    Didier Deschamps quittera l'équipe de France après la Coupe du monde 2026    Botola D II: Aujourd'hui la J13, dimanche prochain la J14 (Programmes)    Arabie Saoudite. Quart de finale. Coupe du Roi : Benzema vainqueur de Bounou après les TAB    Réunion de suivi des travaux d'aménagement du Grand stade de Tanger    Neymar n'exclut pas de rejoindre Lionel Messi à l'Inter Miami    Kings World Cup Nations : Le tournoi de football qui enflamme les réseaux sociaux    Un reptile marin du Crétacé dévoile l'incroyable diversité des mosasaures au Maroc    L'activité physique adaptée : Un concept clé pour la santé    Rétro-Verso : L'adhésion à la CEDAW, une histoire porteuse d'espoir    Accidents de la circulation: 22 morts et 2.824 blessés en périmètre urbain durant la semaine dernière    Sao Tomé-et-Principe. Le président limoge le gouvernement    La désignation d'un commissaire européen dédié à la Méditerranée, une annonce majeure passée inaperçue    Industries culturelles et cinéma : Le Maroc veut passer à la vitesse supérieure    Edito. Blockbuster ou navet pitoyable ?    Le soutien exceptionnel au secteur de la presse et de l'édition prendra fin en mars    Suspicion de pratiques frauduleuses dans certaines cliniques privées, où de fausses opérations de cataracte sont pratiquées    Chambre des conseillers : présentation du projet de loi modifiant et complétant la loi relative à l'AMO et d'autres dispositions spécifiques    La CAF augmente les primes du CHAN 2024 : 3,5 millions de dollars pour le vainqueur    Revue de presse de ce mercredi 8 janvier 2025    Remise gracieuse aux entreprises débitrices : ouverture exceptionnelle des perceptions de la CNSS en fin de semaine    Les couleurs du ciel du mercredi 8 janvier    Le Maroc entame l'application partielle des nouvelles normes sur le fer et l'acier turcs    Regroupement des chaînes publiques : La SNRT finalisera l'acquisition de 2M et Medi1 TV d'ici deux mois    Un riche programme pour la célébration du nouvel an amazigh 2975    Dans le contexte de l'impulsion donnée par Sa Majesté le Roi à la question du Sahara marocain, la République du Ghana décide de suspendre ses relations diplomatiques avec la pseudo « rasd »    Déficit public : le gouvernement Bayrou table sur 5%, voire 5,5% du PIB pour 2025    Cérémonie d'investiture du président ghanéen élu : Rachid Talbi Alami et Nasser Bourita présents    Xavier Driencourt appelle à des mesures urgentes face à la nocive influence algérienne en France    Marrakech. le Festival du Livre Africain reçoit Ananda Devi    Protection du patrimoine: Mehdi Bensaid dévoile les grandes lignes du projet de loi    Déclarations graves de Saïd Bensdira suscitent de nouveau la controverse : appels à l'extermination et accusations d'implication dans l'incitation contre le peuple kabyle    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



«Forever ghiwani»
Publié dans La Vie éco le 04 - 09 - 2022

C'est devant ses camarades de classe de CE1 qu'il a entonné son premier chant, avant de devenir la doublure officielle de son frère aîné, Larbi Batma. Le succès, il le connaît en tant que vocaliste des Mesnawa puis de Nass El Ghiwane. Aujourd'hui, il dégage encore ce charisme qui vous met en transe. Rencontre.
Hay Mohammadi, au café ouvert près du local de l'ancien Studio Chabab ! Le lieu de rendez-vous indiqué par Rachid Batma en dit long sur son attachement à ce quartier mythique de Casablanca, pépinière d'une génération bercée à la transe ghinawie qui allait rendre culte ce genre musical.
A quelques encablures, se trouvent le légendaire cinéma Saâda, la Maison des Jeunes, ainsi que l'école primaire Omar Ibnou Khattab. C'est sur les bancs de cet établissement que Rachid Batma a usé sa culotte, mais aussi entonné ses premières gammes...
Instituteur fan
Nous sommes à l'aube des seventies, le groupe Nass El Ghiwane sort alors son premier album avec en titre vedette la célèbre chanson Siniyya. L'instituteur en CE1 de Rachid était jeune et «possédé» par la new wave ghiwanienne. En plein cours, il demande à son élève – qu'il savait frère de Larbi Batma – de se lever et de chanter Siniyya, insistant particulièrement sur le moual.
«Personne ne pouvait refuser une demande à feu Ssi Abiyya ou à un quelconque instituteur de l'époque», se souvient Rachid Batma. «Je crois que c'est à ce moment que j'ai attrapé le feeling de la scène», poursuit-il, arborant son sourire éternel, orné de sa moustache noire immaculée.
Mais entre une prestation artistique (à la Voice Kids) d'un élève de huit ans devant ses camarades de classe et le chanteur adulé qu'il est devenu, Rachid a dû se frayer lentement et sûrement son chemin. Certes, chants et poésies sont servis à toute heure et tout repas, dans la maison Batma; mais suivre les pas de frères aînés comme Larbi et Mohamed Batma place à son paroxysme la barre de performance.
C'est que Larbi est connu pour sa grandeur sur scène, sa voix portante et mélodieuse à merci, sa manière de chanter, d'envoûter la foule... Mohamed Batma, de son côté a été membre fondateur du groupe non moins légendaire Lemchaheb. Parolier, zajjal, chanteur compositeur, il a même écrit des chansons pour plusieurs groupes comme Tagadda et Mesnawa.
Doublure de Larbi
«Je ne me suis jamais comparé à mes frères. Je n'ai jamais voulu être l'un ou l'autre», nous explique Rachid, arborant son sourire habituel. Ceux qui le connaissent vous le diront : il est toujours souriant, quel que soit son humeur. Il sourit avant de saluer et avant de parler, quitte à ce que son sourire s'efface ou s'élargit après, en fonction de la situation.
Entre la tiédeur du café, et les salutations des passants de temps en temps, Rachid nous raconte comment il va se retrouver pour la première fois sur scène avec les VRAIS Nass El Ghiwane. C'était en mai 1979. Le groupe figurait parmi les artistes qui allaient se produire à la Foire internationale de Casablanca. Larbi Batma était retenu quelque part, le public s'impatientait et criait. «Là, Omar Sayed se dirigea vers moi qui n'étais là qu'en tant que spectateur à l'image de plusieurs de mes congénères, et me prit par le bras. J'avais à peine 17 ans. Il m'a littéralement traîné sur scène en me disant, tu vas jouer ! Un point c'est tout !» Après cette première performance, Rachid devient la «doublure» officielle de son frère aîné, le remplaçant à chaque fois qu'il était indisponible. Ce n'est que quatorze ans plus tard, en1993, qu'il intègre officiellement et définitivement le groupe Nass El Ghiwane.
Le succès avec Mesnawa
Entre-temps, avec son autre frère Hamid et quelques copains du quartier, Rachid crée le groupe Wlad Hadda en 1980, qui deviendra Wlad El Mesnaoui, avant d'arborer le nom définitif de Mesnawa, en 1985. Il sera le leader incontesté de ce groupe qui va connaître jusqu'en 1989 un succès époustouflant grâce à son style qui dénote par rapport aux autres groupes musicaux déjà existants.
Réussir à s'imposer au milieu de grandes formations dominant la scène telles que Lemchaheb, Jil Jilala, Essiham, Tagadda... était tout simplement inimaginable. Mais ce succès n'aurait jamais eu lieu sans les chansons écrites par feu Mohamed Batma. «Moi, d'abord, et Mesnawa lui devons beaucoup. C'était lui, les fameux tubes qui cartonnaient à l'époque (M'hammed ya wlidi, Hammadi, L3aoud lezrag, Hayna, Moussem sayda...)», reconnaît l'artiste. Ainsi, Rachid a réussi à mener un groupe au summum en l'espace de quelques années. Sauf que durant toutes ces années de réussite du groupe de Mesnawa, «Simohamed et moi nous ne sommes jamais quittés ou presque. On se voyait quotidiennement. C'est lui qui m'a initié à l'écriture et à la composition, le rythme, la division systématique des battements...», nous confie-t-il avec son humilité légendaire.
Son don artistique, Rachid l'a nourri depuis son adolescence par la lecture, influencé là aussi par son grand frère. Son plat préféré dans ce sens c'est le patrimoine culturel marocain. D'ailleurs, c'est l'essence même de la philosophie de Nass El Ghiwane, puisée dans le patrimoine national si riche et si diversifié et mélangée au vécu quotidien de la majorité des Marocains. Raison pour laquelle le groupe a survécu toutes ces années.
El Ghiwane, les éternels
D'ailleurs, malgré l'immense invasion des réseaux sociaux, le groupe est toujours assez visible et présent. «Cet été 2022, nous nous sommes produits dans plus de 20 concerts à travers le Royaume. Nous n'arrêtons pas de travailler en fait. Je dirais même que nous n'avons pas chômé une seule seconde. Et nous sommes toujours surpris par la merveilleuse réaction du public. Pour moi c'est de l'amour de la part d'une génération née dans les années 2000 et qui vient répéter avec nous les chansons ghiwaniennes le long du spectacle», raconte-t-il.
Si Nass El Ghiwane ne dominent plus la scène dans le temps, il sont toujours là. Comme disait Omar Sayed, ils sont «une sorte de médium entre des émotions et un public qui doit faire passer des sentiments universels pour pouvoir toucher le plus grand nombre». C'est la recette de l'alchimie ghiwanie qui rend ce groupe mythique. «Je ne peux pas imaginer qu'un Marocain penserait à exclure Nass El Ghiwane, car il ne s'agit pas d'individus. Les hommes disparaissent, mais El Ghiwane est une valeur indélébilement ajoutée à la culture marocaine... A jamais».
En réalité, même s'il ne veut pas l'avouer, on sait parfaitement que Rachid est très doué artistiquement. Qui sait, c'est peut-être ce don artistique qui a fait de lui un père de trois enfants qu'il ne cesse de couver amoureusement.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.