Turquie : Youssef En-Nesyri préfère Fenerbahçe au club de Ronaldo    À Dakhla, une délégation de sénateurs français constate les atouts commerciaux et économiques du Sahara    Coopération judiciaire : Abdellatif Ouahbi reçoit l'ambassadrice du Danemark au Maroc    2024 : Le BI-LENT entre fiertés nationales et failles politiques    Blocage au poste El Guerguerat en raison du non respect du visa électronique    Logement et habitat : des réalisations à fort impact économique    Managem finalise la cession de la compagnie minière d'Oumejrane au profit de Purple Hedge Resources Morocco    De violents incendies de forêt forcent des milliers d'évacuations à Los Angeles    Le petit-fils de Mandela parmi cinq personnes arrêtées pour détournement de voiture    Exclusif. Said Taghmaoui témoigne de l'enfer californien    Droit de Grève : L'Exécutif prêt à apporter "des amendements de fond" en réponse aux revendications des travailleurs    King's World Cup : Le Maroc terrasse les Etats-Unis et décroche son ticket pour les demi-finales    OM: Mehdi Benatia nommé officiellement Directeur sportif    Supercoupe d'Espagne: le Barça fait tomber l'Athletic Bilbao et file en finale    Rougeole : 41 cas d'infection recensés dans certains établissements pénitentiaires    Vague de froid : 3MDH pour un centre des sans-abri d'Azilal    Industrie cinématographique : le cadre final fixé    Morocco reaches Kings League semis with penalty win over US    Hamza Koutoune signe avec l'OGC Nice    Marc Marciano : « La musique adoucit les mœurs et participe à un apaisement entre les peuples ».    Maroc : Des associatifs condamnés pour détournement de fonds destinés à la lutte contre l'abandon scolaire    Snow-clearing efforts restore traffic on Targuist-Chakrane road in Al Hoceima province    Morocco's Social Security Fund announces openings for debt settlement initiative    Le Maroc plaide pour renforcer les usages de l'IA dans l'enseignement    Les autoroutes marocaines confrontées à des défis financiers, humains et infrastructurels majeurs, selon un rapport parlementaire explosif    Métapneumovirus humain: le professeur Afif s'élève contre les fausses informations    Canada : Justin Trudeau contraint à la démission    Le Polisario compte ses jours    Abercrombie & Kent dévoile un nouvel itinéraire de voyage de luxe au Maroc pour 2025    Au MMVI, Chaïbia Tallal/CoBrA au croisement des Libertés et des affinités artistiques    « Les amoureux de Moulay Idriss Zerhoun »    Tiznit célèbre le Nouvel an amazigh    Assaad Bouab à l'affiche de la série franco-galloise "Minotaur" aux côtés de Natalie Dormer    Le Maroc accueille le Green Impact Expo & Summit 2025    Près de 89,8 MMDH de levées de fonds à fin novembre 2024    Laila Slassi Sennou élue présidente de la Fondation Marocaine de l'Education pour l'Emploi    L'Académie du Royaume du Maroc réalise un documentaire audiovisuel sur l'art du Malhoun    Real: Vinicius suspendu en Liga mais présent, ce jeudi, en Supercoupe !    Didier Deschamps quittera l'équipe de France après la Coupe du monde 2026    Aide humanitaire au Liban: L'ONU a besoin d'un financement supplémentaire de 371 millions de dollars    Ghana. John Mahama prête serment    Commission nationale des investissements : 171 projets approuvés, dont 53 financés par des investissements étrangers    Chambre des conseillers: Présentation du PL modifiant la loi relative à l'AMO et d'autres dispositions spécifiques    Entreprises débitrices : Ouverture exceptionnelle des perceptions de la CNSS samedi et dimanche prochains    L'Indonésie rejoint le bloc des BRICS    Guerre d'influence : La France face à la 5ème colonne algérienne [INTEGRAL]    Chambre des conseillers : présentation du projet de loi modifiant et complétant la loi relative à l'AMO et d'autres dispositions spécifiques    La CAF augmente les primes du CHAN 2024 : 3,5 millions de dollars pour le vainqueur    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



The human side of Omar Sayed
Publié dans La Vie éco le 27 - 10 - 2014

Figure de proue du groupe Nass El Ghiwane, il incarne aujourd'hui le personnage du «dernier des Mohicans». Plus de 50 ans entre les scènes et les productions diverses, mais en parallèle il y avait aussi la vie d'Omar, le citoyen, le père, le parrain…
Instinctif et cérébral, le doyen de Nass El Ghiwane tient toujours la rampe après un demi-siècle de carrière. A 67 ans, Omar Sayed peut se targuer d'être un cas rarissime dans le monde de la chanson ghiwanienne. Bon vivant, défiant son âge, il préserve toujours sa crinière spéciale, celle avec laquelle il se distinguait lors de ses débuts dans le théâtre ou avec le groupe. Une crinière aujourd'hui grisonnante mais qui va à merveille avec un sourire qui garde la fraîcheur de l'enfance passée à Hay Mohammadi et Ben M'sik.
Appuyé sur une canne d'une main, il tend l'autre jovialement, se demandant à quelle sauce il va être mangé. Relax Ba Omar, ce n'est qu'un entretien à propos de toi, en tant que personne sans focaliser sur le parcours du groupe ou ses secrets, ni sur ce qui se prépare en tant que nouveauté…On veut juste Omar Sayed, l'homme, le père, le citoyen et un peu aussi l'artiste… Et ainsi, il revient à ses débuts, à ces rails en zigzag qui l'ont mené jusqu'au théâtre puis à la chanson, au cinéma et à la télévision.
«J'étais encore un enfant lorsque les autorités coloniales déportèrent mon père, qui était membre de la Résistance, dans la région d'Aït Baha. Je suis resté à Casablanca chez des membres de la famille, mais j'ai quitté Hay Mohammadi pour le bidonville de Ben M'sik. C'est là que j'entrerai à l'école». Comment Omar s'est retrouvé sur les bancs de la classe, c'est une histoire qui mérite d'être racontée en détail (voir encadré). Il déplore la raréfaction des espaces verts à Casablanca, c'est sa première réaction quand on lui demande son avis sur la ville où il a grandi. «Dans les années 1960, chaque quartier avait son propre jardin (parc), chaque baraque avait son petit potager consacré spécialement à la plantation de la menthe. Il y avait des arbres, des plantes et tout ce qui allait avec comme les nombreuses espèces d'oiseaux ; la terre avait une très belle odeur. Or de nos jours, il n'y a presque plus que du béton. Partout où on passe, des résidences, des constructions, des immeubles… ».
On sait qu'il est un de ces chanteurs de groupe à qui on prête une oreille attentive afin d'isoler sa voix d'entre celles de ses compères, car elle est empreinte de profondeur, et nous touche par sa sincérité. Si Omar est connu aussi pour son humour et sa tendance à plaisanter, il a également la sagesse de ceux qui sont sensibles aux autres. Amoureux des mots, il nous dit par humanisme et générosité ce qu'il voit par le bout de sa lorgnette ghiwanienne. Il n'aime pas le mot phénomène quand on parle de Nass El Ghiwane. «Pour moi, le phénomène est toujours limité dans le temps et dans l'espace. Or, Nass El Ghiwane est une valeur ajoutée à la culture marocaine, car leur philosophie est puisée dans le patrimoine national si riche et si diversifié mélangé au vécu quotidien de la majorité des Marocains. Raison pour laquelle le groupe a survécu toutes ces années. Je remercie Dieu d'avoir assez vécu pour voir des jeunes nés plus de trente ans après la création du groupe et qui prennent plaisir à répéter des chansons comme Siniya, Fin ghadi bia khouya, etc.», dit-il avec nostalgie. C'est que le groupe Nass El Ghiwane est une sorte de médium entre des émotions et un public, il doit faire passer des sentiments universels pour pouvoir toucher le plus grand nombre.
L'histoire du groupe est connue de tous depuis qu'il a révolutionné le paysage de la chanson marocaine. Entretemps, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts. A côté du succès il y a eu des coups durs à supporter, des douleurs atroces à surmonter, en l'occurrence la perte des membres fondateurs, à commencer par Boujmiî, puis Larbi Batma et Abderrahmane Paco. Mais le groupe a survécu et poursuit toujours son bonhomme de chemin avec des relais dignes de la mission qui leur a été confiée.
Et à ce propos, face aux médias, Omar Sayed, en tant que «l'aîné» des membres de Nass El Ghiwane, est souvent mis mal à l'aise quand on lui pose des questions à propos du groupe tout en ignorant «la relève» qui a quand même réussi à porter le flambeau. «Je le dis toujours aux journalistes, je leur dis, s'il vous plaît, Boujmiî, Larbi Batma et Paco étaient des monuments, les fondateurs de Nass El Ghiwane, mais est-ce normal de passer outre ceux qui ont pris le relais après leur disparition ? Ce n'est pas juste d'ignorer le rôle important que jouent, depuis toutes ces années, Rachid Batma et son frère Hamid ainsi que Abdelkrim Chifa. Il est à la fois injuste et maladroit d'ignorer cette relève qui a assuré avec brio, particulièrement Rachid qui fait un boulot extraordinaire».
Son regard planqué derrière ses lunettes fumées s'embrume quand il évoque sa fille, Siham, décédée il y a près de quatre ans. Il ne cache pas son admiration pour elle, même à titre posthume. «C'était une fille très forte, plus que moi. Et une passionnée de musique. Pour moi, c'était une sainte, pour la simple raison qu'elle ne s'est jamais intéressée à quelque chose de matériel comme la plupart de ses congénères (sorties, fêtes, fringues, bijoux, etc.). Je l'aimais terriblement, mais c'est la vie, hein ? C'est la vie. Elle était diabétique, devait faire des séances de dialyse trois fois par semaine, je m'occupais d'elle, surtout qu'elle était devenue aveugle, ça a été très dur. Heureusement que SM le Roi, que Dieu le protège, a pris en charge tous les frais médicaux. Je n'oublierai jamais cela. Jusqu'à ma mort, je continuerai de prier chaque jour pour notre Souverain». Et c'est à travers la longue maladie de Siham qu'Omar Sayed découvrira une triste réalité. «Pourquoi notre société ne tolère pas la personne handicapée ?», s'interroge-t-il. Même les plus proches finissent par fuir cette personne, c'est incroyable le fait de se lasser d'un être cher à cause de son handicap. Ma fille me répétait toujours : «C'est comme si j'étais invisible pour vous»…
Cette phrase me torturait, je ne savais quoi répondre, jusqu'au jour où je ne sais comment cette réplique est sortie de ma bouche de manière spontanée : "Peut-être qu'on ne te voit pas mais, crois-moi, nous avons beaucoup d'empathie à ton égard"». Ce sentiment d'intolérance envers les personnes handicapées est d'ailleurs l'idée traitée par un film en préparation et dans lequel Omar Sayed prend part sous la houlette du réalisateur Mustapha Madmoune. Notre doyen est également présent dans le domaine associatif puisqu'il est parrain de plusieurs associations de quartiers. Il répond à toutes leurs invitations et partage avec eux leurs activités, leurs meetings et leurs campagnes de sensibilisation par sa présence effective en sillonnant plusieurs quartiers à Casablanca. Il n'est plus aussi énergique qu'autrefois certes, mais il est là, répondant à tous les appels sans se précipiter, sans paniquer devant le compte à rebours. Le temps ne semble pas être un problème pour lui. Son engagement spirituel ne lui fait plus trop craindre la mort. Seule compte la vie, qu'il croque, qu'il chante, qu'il s'approprie, et qu'il partage…


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.