Plus que jamais, avec la pression qui pèse sur les finances publiques, gérer la ressource budgétaire avec parcimonie et souci d'efficience est devenu un impératif vital. Plus que des ordonnateurs, les responsables de politiques publiques ne sont plus seulement comptables de moyens et deniers de l'Etat à dépenser conformément à des procédures et des règles administratives, mais de plus en plus aussi des gestionnaires de budgets de résultats. Et qui dit résultats, dit planification, objectifs, évaluation et performance. Naturellement, un des impératifs classiques en matière de dépense publique est d'abord la maîtrise de son coût, particulièrement pour ce qui est des charges dites de fonctionnement à travers lesquelles est estimé le plus souvent le train de vie de l'administration. Mais pour ce qui est des budgets d'investissement, la performance de la dépense publique se mesure plus par la capacité des gestionnaires à dépenser mieux et surtout conformément à ce qui a été initialement budgétisé et prévu. Car, contrairement à ce que l'on pourrait penser, dépenser moins que prévu en matière d'investissements publics est mauvais signe. Le cas qui illustre le mieux ce paradoxe est celui des collectivités territoriales qui, d'un côté, affichent des excédents budgétaires vertigineux et, de l'autre, accusent des retards en termes d'équipements. Plus encore, la dépense publique est également performante quand ses effets induits sont maximisés. Car la logique de l'investissement public n'est pas tant la rentabilité et la profitabilité financière et économique mais plus leur caractère structurant et leur capacité à créer de la valeur, indirectement, en drainant l'investissement privé. Une politique publique sectorielle ou une réforme, indépendamment de son budget, n'a de sens que par ses effets induits. Et depuis plusieurs années, le Maroc a instauré le mécanisme des lois de règlement qui permettent, chaque année, de faire le point sur les niveaux de réalisations de ce qui était prévu dans les Lois de finances. Ces évaluations constituent aujourd'hui un excellent outil pour réorienter les ressources budgétaires précieuses là où elles sont les plus utiles et là où elles sont les plus performantes. Et c'est ce qui permet à l'Etat de disposer de marges de manœuvre budgétaires pour faire face à des situations inédites et imprévues, sans mettre en péril les sacro-saints équilibres fondamentaux.