Du jour au lendemain, le monde peut basculer dans le plus cauchemardesque des scénarios. Et quand ce n'est pas la nature qui en est l'origine, c'est la folie humaine. Jeudi matin, en plein cœur de l'Europe, on a assisté à des scènes de guerre en Ukraine : des blindés qui traversent les frontières d'un pays pourtant reconnu comme indépendant par la communauté mondiale, des villes désertées par leurs populations, des habitants barricadés chez eux, des commerces fermés, des banques et des guichets pris d'assaut bien que vides, des kilomètres de voitures à la sortie de la capitale Kiev dont les habitants terrorisés par des bombardements tentent de fuir vers les frontières Est du pays. Et les effets ne se limitent pas au plan régional. Aux quatre coins du monde, la guerre en Europe, qui n'est plus un spectre mais bien une réalité depuis ce jeudi 24 février 2022, les pays et les opérateurs économiques anticipent le pire. Le baril de pétrole, les cours du blé et de plusieurs matières premières ont explosé en l'espace de quelques heures, les bourses et places financières ont presque toutes ouvert sur des mini krach... L'économie mondiale qui a déjà du mal à se relever de deux longues années de pandémie s'apprête à affronter une nouvelle grande tempête. Indépendamment des causes, des responsabilités des uns et des autres et ces vrais dessous stratégiques et géopolitiques dont beaucoup échappent certainement aux plus aguerris des analystes, la crise de l'Ukraine vient confirmer quelques enseignements importants encore tout frais de la crise Covid. Elle vient rappeler à tous l'extrême fragilité d'une économie planétaire devenue mondialisée et enchevêtrée à outrance. Ce qui se passe et se passera dans les jours qui viennent en Ukraine se répercutera presque instantanément sur l'économie marocaine par le truchement des échanges commerciaux. La crise de gaz que connaîtra assurément l'Europe sera ressentie, le renchérissement de denrées vitales comme le blé sera inévitablement ressenti au Maroc comme ailleurs. Plus que jamais, la souveraineté économique semble s'imposer comme une orientation stratégique majeure si le Maroc veut, non pas échapper totalement aux effets de crises mondiales, mais seulement en atténuer le plus possible les effets. Et l'on se souvient que SM le Roi, en visionnaire avéré, avait parlé lors de la 1ère session de la 1ère année législative de la 11ème législature, entre autres priorités pour le Maroc, de la nécessité de constituer des stocks de sécurité de produits stratégiques…