-Ils ont atteint 100 milliards de DH en 2021 -Solidarité, investissement, épargne, obligation de passage par les circuits formels, nombre de facteurs peuvent justifier cet exploit -Les USA et l'Arabie Saoudite détrônent l'Europe. Les transferts des MRE vers le Maroc ont enregistré un niveau record en 2021. Ils ont atteint 100 milliards de DH et auraient donc enregistré une hausse de 46,6% par rapport à 2020, sachant que le volume réalisé en cette même année était déjà considéré exceptionnel, signant une progression de près de 5%, comparativement à 2019. Rappelons que Bank Al-Maghrib avait prévu que ces transferts devraient s'établir à 95 milliards de DH. Selon le ministre de l'investissement, de la convergence et de l'évaluation des politiques publiques, 10% de ces transferts ont été destinés à l'investissement, soit 10 milliards de DH, dont 8 milliards ont été dirigés vers le secteur immobilier et 2 milliards investis dans les secteurs productifs. Alors que l'Europe était considérée comme le 1er pourvoyeur de fonds par les Marocains qui y résident, le continent a été détrôné par les USA et l'Arabie Saoudite. Selon un rapport de la Banque mondiale, les USA représentent 14% des fonds et l'Arabie Saoudite 12%. Ils sont suivis par la France avec une part de 10%. Pourtant, l'UE reste la destination dominante pour les travailleurs migrants du Maghreb et le Maroc, le plus grand pourvoyeur de migrants en termes absolus. En effet, la France et l'Espagne sont les premières destinations avec respectivement 1,5 million et 850 000 expatriés marocains. A côté de cela, le rapport révèle que le Maroc s'adjuge la 2e position, dans la région MENA, en termes de réception des flux avec un montant qui était prévu de 9,3 milliards de dollars, loin devant le Liban avec 6,6 milliards et la Tunisie avec 2,2 milliards de dollars. Si le record enregistré en 2020 était compréhensible et explicable par un élan de solidarité des MRE envers leurs familles pendant la crise sanitaire, les institutions du pays avaient tablé sur un retour à la normale en 2021. Contre toute attente, ils se sont hissés à des niveaux encore plus élevés. Pour comprendre l'ampleur de ce phénomène, le gouverneur de Bank Al-Maghrib avait annoncé la création d'une commission qui comprend, en plus de BAM, le ministère de l'économie et des finances, la Direction générale des impôts, l'Office des changes et le GPBM (Groupement professionnels des banques du Maroc). L'objectif étant de déterminer les facteurs qui ont poussé la communauté des Marocains vivant à l'étranger à continuer à transférer des montants aussi remarquables à leur pays d'origine, parce que, il faut le dire, cela dépasse le seul cadre de la solidarité. Plusieurs pistes sont à explorer. L'on évoque les économies réalisées par ces migrants pendant 2 années, dans l'incapacité de rentrer au Maroc en raison de diverses restrictions et arrêts subits de vols...Ce qui aurait augmenté leur épargne et les aurait poussés à la transférer au Maroc, par solidarité, ou par crainte d'une taxation. A côté, l'effort d'investissement dans le pays d'origine pourrait également être une explication à ce phénomène. Il est une autre justification qui tiendrait à l'absence de circuits «non-officiels» pour le rapatriement des fonds de l'étranger, dans un contexte d'interdiction de déplacements entre les pays. En ce sens, pour transférer leurs fonds, les MRE n'auraient eu d'autres choix que de passer par les circuits conventionnels, à savoir les banques et les sociétés de transfert. En tout cas, le gouverneur a recommandé aux banques de se rapprocher de leurs clients MRE pour comprendre les raisons derrière cette hausse de transferts. Quoi qu'il en soit, cette tendance devrait s'estomper en cette année, selon BAM, pour revenir à des niveaux en ligne avec leur rythme d'avant-crise, avec une contraction de 23,2% à près de 73 milliards de DH et de 2% en 2023, pour atteindre 71,4 milliards de DH Plusieurs parties mobilisées pour une diminution des coûts des transferts Le coût des transferts des fonds vers le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord reste parmi les plus élevés, bien qu'en diminution d'une année à l'autre. La Banque mondiale souligne que le coût d'envoi vers la région, de 200 dollars, au 1er trimestre 2021, a baissé à 6,3%, contre 7% une année auparavant, contre 8% en Afrique subsaharienne, 5,5% en Amérique latine, et 6,6% en Europe. Et bien que le Maroc se situe parmi les pays dont le coût de transfert est parmi les moins élevés de la région, Bank Al-Maghrib souhaite l'abaisser davantage. L'objectif est de les diviser par deux à l'horizon 2030. Par ailleurs, lors de la 3e réunion du Haut comité de l'agenda de la «Décennie des racines africaines et de la diaspora africaine», le ministre des affaires étrangères et des MRE a signalé que ce comité pourrait associer certaines start-up de la Fintech africaine à cette question de réduction des coûts, avec pour objectif de diversifier les organismes de transfert de fonds sur le continent et de leur permettre une meilleure réallocation à des fins d'investissement directs en Afrique.