Depuis deux mois, les professionnels et le ministère de l'industrie planchent sur la déclinaison du plan de relance en actions stratégiques. Sauvegarde des emplois et des capacités de production, développement du Made in Morocco et le marché local et le passage de l'informel au formel, autant d'objectifs inscrits dans la feuille de route en cours de finalisation. Le secteur doit renforcer son positionnement en Europe mais aussi dans les pays africains. Comme tous les autres secteurs, l'industrie du cuir a été affectée par la crise Covid-19. Baisse des commandes et contraintes commerciales et financières chez les partenaires internationaux expliquent, selon Hamid Ben Herido, président de la Fédération des industries du cuir (FEDIC), le ralentissement des exportations. Ainsi, selon les dernières statistiques de la fédération, le chiffre d'affaires réalisé entre janvier et juillet 2020 a atteint 1,7 milliard de dirhams contre 2,3 milliards au cours de la même période de l'an dernier. Soit un recul en valeur de 26%. Le secteur a exporté au cours des sept premiers mois de 2020, 7 482 tonnes contre 11 106 tonnes en 2019. Le volume exporté enregistre ainsi une baisse de 33%. L'analyse par filières des exportations révèle que c'est toujours la chaussure qui booste les exportations du secteur. En dépit d'une baisse de 30%, la filière a quand même exporté 4 547 tonnes, soit plus de la moitié du volume global. En valeur, la filière a enregistré une baisse de 19%, puisque son chiffre d'affaires est passé de 1,33 milliard à 1,08 milliard de dirhams. On retiendra par ailleurs que la plus grosse régression, tant du volume que de la valeur, a été enregistrée au niveau des exportations des cuirs et peaux ayant subi une opération de tannage. Le poids exporté a baissé de 54%, passant ainsi de 1 582 en 2019 à 725 tonnes en 2020. De son côté, le chiffre d'affaires s'est établi à 131,7 millions contre 252,4 millions de dirhams. La maroquinerie (sacs, malles et ouvrages divers en cuir) et les parties de chaussures ont reculé respectivement de 25% et 33% en poids et de 28% et 37% en valeur. Il est important également de noter que le secteur n'a pas exporté de vêtements en cuir. Ces exportations ont été effectuées vers les marchés traditionnels du secteur, notamment les pays européens (Italie, France, Espagne et Allemagne), mais aussi vers le marché américain. Toutefois, le président de la fédération avance que les marchés africains sont également des débouchés cibles et porteurs pour le secteur. Et des actions promotionnelles sont menées sur ces marchés afin que l'industrie du cuir marocaine puisse se positionner sur ces marchés. Sauvegarder les emplois et les capacités de production... C'est dans ce sens que la FEDIC prévoit, pour l'année 2021, une mission B to B au Nigéria, ainsi que l'organisation d'un Salon cuir au Sénégal. Par ailleurs, les professionnels ont décidé de maintenir les salons initialement prévus, notamment le MICAM, WHO'S NEXT, PREMIERE VISION et le TOKYO FASHION WORLD. Par ailleurs, le conseil d'administration de la FEDIC qui s'est tenu le 8 juin dernier, a validé l'organisation du salon 2021. Le processus de préparation a été lancé, notamment l'élaboration du cahier des charges, la consultation et le choix du prestataire. Cette manifestation est destinée à promouvoir la production Made in Morocco aussi bien auprès des donneurs d'ordre étrangers que des partenaires locaux. Car, explique M. Ben Herido, le marché local reste un débouché cible pour le secteur et en particulier le marché public : «Le secteur a une capacité d'adaptation pour répondre rapidement à la préférence nationale». C'est dans ce sens que la FEDIC a tenu une réunion, le 21 juillet 2020, avec un cabinet désigné par le ministère de l'industrie et les principaux fabricants de la chaussure destinée au marché de la défense nationale, notamment les Forces armées royales, la Gendarmerie royale, la DGSN et les Forces auxiliaires. Cette rencontre a débouché sur la définition d'un projet de plan d'action avec les professionnels. Il s'articule autour de plusieurs actions, notamment la digitalisation de la demande, catégorisation et classification des fabricants (en fonction de leurs capacités de production) et de la typologie de produits et enfin l'accompagnement des acteurs à l'international auprès des ministères de défenses étrangers. Globalement, et pour faire face aux répercussions de la crise Covid-19, la fédération a conçu un plan de relance qui vise prioritairement la sauvegarde des emplois et les capacités de production, le développement du marché local et du Made in Morocco. Ce qui pourrait, selon Hamid Ben Herido, «de limiter significativement les importations du secteur pendant un certain moment». Par ailleurs, le plan de relance prévoit l'accélération des projets de zones industrielles de Ain Chegagg et Casa City Shoes, l'accompagnement des entreprises dans leurs investissements, le démarrage des chantiers de développement de l'amont du secteur, notamment la mise en place d'abattoirs mécaniques, bourses du cuir, valorisation des peaux collectées en période d'Aid Al Adha. Le plan de relance prévoit aussi un plan de passage de l'informel vers le formel à travers une première action pilote et enfin la mise en place d'une école de formation du cuir. La FEDIC qui s'occupera de la gestion de cet établissement entend dupliquer les expériences qui ont réussi dans d'autres secteurs industriels, comme l'automobile, l'aéronautique et le textile. Des séances de travail sont en cours, depuis deux mois maintenant, en vue de discuter les axes du plan de relance avec les différents partenaires de la FEDIC et de les décliner en stratégies.