Les tarifs de la majorité des opérations courantes sont restés inchangés. Certains services sont facturés davantage qu'avant. Des cas de non-affichage des tarifs continuent d'exister. L'entrée en vigueur des nouvelles directives de tarification n'a eu qu'un faible effet. Une année est passée depuis l'entrée en vigueur d'une batterie de mesures sur les principes directeurs de la tarification des opérations bancaires. En octobre 2006, le GPBM (Groupement professionnel des banques du Maroc), en concertation avec Bank Al-Maghrib (BAM), avait en effet adopté de nouvelles règles pour la fixation des frais et commissions bancaires par l'ensemble des banques commerciales de la place ainsi que les modalités et techniques de leur communication aux clients. L'objectif étant d'alléger la facture mensuelle de la petite clientèle des banques et de mieux l'informer sur les frais qu'elle supporte. Cette clientèle a-t-elle constaté un changement un an après l'introduction de ces mesures ? Est-elle aujourd'hui moins facturée qu'avant et mieux informée sur ce que lui coûtent ses opérations ? Un certain nombre de clients de banques affirment avoir observé des baisses sur certaines opérations et quelques actions de communication, notamment par courrier ou à travers des entretiens en agence, concernant les modifications des frais et commissions. «Des baisses ont été introduites par notre direction en ce qui concerne les virements de fonds sur place et les retraits de fonds d'un autre guichet», précise le directeur d'une agence bancaire de la place. Malgré cela, sur le terrain, on constate que les changements ont été globalement de faible ampleur. En effet, les banques de la place n'ont pas appliqué à 100% les nouvelles directives de la tarification. Une enquête effectuée par La Vie éco auprès des agences bancaires a révélé que des frais ont certes été revus à la baisse, mais qu'en revanche d'autres ont augmenté. Un grand nombre d'opérations n'a subi aucun changement et quelques banques n'ont consenti aucune baisse sur leurs tarifs, ce qui a maintenu les écarts, parfois importants, entre le coût d'un même service dans deux banques différentes. Au niveau de la communication, quelques organismes ont amélioré la qualité de l'accès à l'information pour leur clientèle. Mais en dépit de cette avancée, les cas de non-affichage des tarifs, d'accès difficile à l'information et de non-actualisation des grilles continuent d'exister. On supporte encore 20 à 30 DH pour les retraits déplacés Avant d'analyser les frais et commissions appliqués par les banques de la place et leur évolution depuis l'introduction des nouvelles mesures, il convient de rappeler les points précis que le GPBM et BAM voulaient améliorer. Il s'agissait en premier lieu de rendre certaines opérations gratuites et de baisser les frais de certaines d'entre elles. Les services bancaires concernés par la gratuité sont, entre autres, l'ouverture de compte, la délivrance de chéquier, l'envoi mensuel du relevé de compte, la clôture de compte, le versement en espèces, que ce soit auprès du guichet détenteur du compte à créditer ou auprès d'un autre guichet du même établissement sur une autre place, le retrait par chèque guichet auprès de l'agence du détenteur du compte à débiter pour les clients ne détenant pas de chéquier ou de carte de retrait, le retrait sur présentation d'un carnet d'épargne, le virement de compte à compte au sein de la même banque… Les opérations dont les tarifs devaient être allégés sont la tenue de compte, la délivrance de l'attestation de solde demandée au guichet, la délivrance de tableaux d'échelles d'intérêts demandés au guichet, le retrait par «chèque guichet» auprès de l'agence bancaire, le retrait par chèque «client» auprès d'un autre guichet du même établissement détenteur du compte à débiter, l'émission de mises à disposition de fonds, le virement émis vers les confrères, le virement reçu d'un confrère, la délivrance de cartes bancaires… Il faut préciser qu'au moment où les banquiers et BAM ont introduit les nouvelles mesures de tarification, plusieurs opérations étaient déjà gratuites. En ce qui concerne celles qui généraient des frais, seul un petit nombre de baisses a été opéré. A la Banque Populaire, par exemple, le virement vers une autre agence de la banque est aujourd'hui gratuit alors qu'il coûtait 10 DH avant octobre 2006. Mis à part ce service, aucune baisse n'a été observée sur les opérations courantes pour les particuliers (voir tableau). A la Société Générale Marocaine de Banques (SGMB), seul le retrait avec un chèque de guichet est devenu gratuit (il coûtait 20 DH auparavant). Au Crédit du Maroc, on a supprimé les frais de virement dans la même agence et vers les agences sur place de la banque (ils étaient de 5 DH vers la même agence et 15 DH vers une autre agence avant octobre 2006). Enfin, c'est au niveau du CIH que le plus grand nombre de baisses est intervenu. Le retrait d'espèces d'une autre agence est passé d'une fourchette de 20 à 35 DH, selon le montant du retrait, à 25 DH fixes, les virements vers la même banque sont passés d'une fourchette de 10 à 20 DH, selon l'emplacement de l'agence, à 0 DH, et enfin les encaissements de chèque dans les agences hors place sont passés de 10 DH à 5 DH. Hormis ces révisions à la baisse, la majorité des opérations courantes pour les particuliers n'a subi aucun changement. La tarification des virements vers les confrères est restée la même chez tous les établissements (15 à 20 DH). Idem pour les retours de chèques impayés (10 à 30 DH) et les extraits de compte en agence (10 DH). Certaines banques, comme la BMCI, n'ont introduit aucun changement sur leur grille tarifaire entre octobre 2006 et octobre 2007. Pour Attijariwafa bank et BMCE Bank, des clients affirment que des baisses ont été appliquées, mais l'on ne peut citer avec précision les opérations concernées. Enfin, il existe quelques services dont les tarifs ont connu une augmentation. Il s'agit notamment des frais de tenue de compte du Crédit du Maroc et du CIH, passés de 40 DH et 25 DH respectivement à 50 DH et 30 DH, des virements vers la même agence à la SGMB (de 0 DH à 10 DH) et des encaissements de chèques sur place du CIH qui étaient gratuits et qui sont, depuis septembre 2007, facturés à 5 DH. La communication s'est améliorée pour quelques établissements En résumé, les frais et commissions des opérations courantes pour les particuliers n'ont pas connu de changement majeur par rapport à l'année dernière. Des différences existent toujours entre le coût d'un même service dans deux organismes. A titre d'exemple, les frais de tenue de compte sont de 30 DH à BMCE Bank alors qu'ils sont de 50 DH au Crédit du Maroc. Le retrait d'une autre agence est facturé à 30 DH par Attijariwafa bank alors qu'il ne coûte que 20 DH aux clients de la Banque Populaire. De même, le virement vers une agence hors place coûte 20 DH chez cette même banque alors qu'il est gratuit au CIH. Ces écarts étaient et restent toujours difficiles à expliquer. Le tarif appliqué pour une opération correspond-il à son coût de revient ? Et si c'est le cas, cela veut-il dire que celui d'un virement hors place est nul pour le CIH alors qu'il est de 20 DH pour la Banque Populaire ? Il est clair que la tarification des opérations bancaires répond à une autre logique que celle des coûts induits. La politique commerciale de chaque banque, sa volonté de sélectionner ses clients ou d'en attirer le maximum, sa stratégie de facturation des services à fortes valeur ajoutée pour ses clients…, ce sont là autant de considérations qui peuvent influer sur la tarification des opérations bancaires au sein de chaque établissement. Finalement, quelle que soit la bonne explication, et sachant que le particulier ne peut négocier le coût des opérations qu'il effectue, il a en revanche le droit d'être bien informé. Il faut dire à ce sujet que les directives d'octobre 2006 visaient à mieux contrôler l'affichage des frais et commissions au sein des agences et à pousser les banques à les communiquer à leurs clients par différents canaux d'information. Sur le terrain, plusieurs agences de différentes banques ont désormais leurs tableaux de frais. Des établissements, tels que BMCE Bank, ont même adressé des mailings à leurs clients les informant des nouveaux tarifs, et d'autres, comme la BMCI, ont publié leurs grilles de commissions sur leurs sites internet. Cela dit, des agences n'affichent toujours pas leurs tableaux de frais et d'autres continuent de garder sous le coude le cahier des commissions. L'aspect communication reste donc à améliorer dans quelques établissements. Espérons que c'est une simple question de temps.