Il n'y a que les commissions sur les opérations de change (171 MDH), sur les opérations sur titres (114,3 MDH) qui ont fléchi respectivement de 17,8% et 26,5%. Normal, puisque le recul des transferts de devises s'est répercuté sur la première opération citée et le tassement de l'activité boursière en 2009 a considérablement influé sur les recettes de la commission sur les opérations de change. Des tarifs et un jargon souvent opaques Mais en dépit du fait que les banques gagnent beaucoup d'argent à partir de ces commissions, c'est la manière d'imposer ce type de service sur les clients qui suscite des interrogations. Ainsi, certaines de ces commissions sont prélevées sans que les clients en soient expressément informés. « Les banques abusent de leur position de gestionnaire de compte, obligatoire parfois, pour prélever des commissions à l'insu de leurs clients » , s'insurge un analyste financier qui veut garder l'anonymat. Et cette tâche est souvent facilitée par les références techniques utilisées par ces établissements. « Les clients ne sont pas en mesure de déchiffrer le jargon des banquiers à travers les moyens de communication mises à leur disposition ; même les employés de banque rencontrent parfois des difficultés à saisir la terminologie utilisée », commente Abdelghafour El Rhiat, président de l'Association marocaine contre les abus bancaires (AMACAB) et ancien directeur d'agence bancaire. Les termes utilisés dans les brochures et les documents, y compris les relevés, sont tellement techniques, qu'il est souvent impossible de s'y retrouver. « On aurait dit qu'ils ont été ainsi élaborés pour éviter qu'ils soient compris par le commun des mortels », ironise un cadre bancaire. Les instructions de la banque centrale sont seulement fermes sur un point précis: les banques sont tenues d'afficher et de communiquer leurs tarifs. En principe seulement puisque a réalité est tout autre. Seules trois banques (la Société générale, Attijariwafa bank et la BMCI) mettent, à la disposition du public, leur tarification sur leur site internet. Mais les informations en ligne sont incomplètes. De plus, il faut faire un effort pour les trouver. Il n'en demeure pas moins que ces banques ont eu le mérite d'aller beaucoup plus loin en matière de transparence. Pour certains établissements, le fait de prendre possession de la liste complète des tarifs relève presque du miracle. Chez l'un d'entre eux, par exemple, il est mentionné sur le document qui doit être à la portée de tout le monde (selon l'article 116 de la loi bancaire) qu'il est « strictement réservé à l'usage interne». Autrement dit, il s'agit d'un document confidentiel. Certes, toutes les agences affichent un tableau de tarification. Mais c'est seulement pour la forme car la plupart le placent dans un coin difficile d'accès. Certaines agences affichent un document écrit avec un caractère minuscule, presque illisible. Et pas la peine de demander le document au directeur de l'agence ou aux employés ; il y a toujours un prétexte qui vous suggère indirectement d'aller voir ailleurs. Difficile d'identifier la banque la plus compétitive Mais de façon générale, les tarifs des commissions ne diffèrent pas beaucoup par rapport aux différents opérateurs du secteur bancaire. Mais, vu la fréquence des services facturés et le volume important des opérations réalisées par tout client, la différence peut se révéler de taille. Une analyse minutieuse permettra à chaque client de connaître la banque la plus ou la moins chère en fonction des prestations qu'il a l'habitude d'effectuer fréquemment. Car, généralement une banque peut fixer le tarif le plus élevé dans un service quelconque et en même temps proposer un autre service au prix le moins cher du marché. Il faut cependant préciser que pas mal de services sont (encore pour le moment) gratuits chez pratiquement la plupart des banques. Comme c'est le cas pour l'ouverture ou la clôture de compte, la délivrance de carnets de chèques, le versement d'espèces (il faut seulement des frais de timbre de 1,20DH)... Pour le retrait, le tarif est pratiquement le même pour tous. Il est de 6 DH lorsque l'opération est effectuée auprès d'un guichet d'une banque autre que celle du client. Sinon, il est gratuit. Seule exception : la BMCE qui le facture à 5,61 DH mais sur tous les guichets sans aucune distinction entre ses clients et les autres. Pour le retrait d'espèce par chèque, l'opération est généralement gratuite quand elle est effectuée auprès de l'agence qui tient le compte. Si le client se présente à d'autres agences de sa banque, le service est facturé à 30 DH par Attijariwafa bank et BMCE Bank ; 25 DH par le CIH et la BMCI et 20 DH par la Société générale et la Banque populaire. Pour les opérations de remise de chèque à l'encaissement sur le Maroc, elles sont gratuites à la SGMB. Idem pour le CIH et le Crédit Agricole du Maroc quand il s'agit d'encaissement entre agences de la même banque ; sinon ces deux banques le facturent respectivement à 5 et 7 DH. Le prix du service est de 5 DH à la BP et à Attijariwafa bank et de 10 DH à BMCE Bank, au Crédit du Maroc et à la BMCI. Au niveau des chèques guichets, la tarification varie entre 15 DH pratiquée par Attijariwafa bank et 10 DH par la plupart des autres banques. Seule la SGMB offre ce service gratuitement quand il est effectué auprès de l'agence du client. Pour le président de l'AMACAB, « la facturation des chèques de guichets est le reflet de l'aberration du système tarifaire des banques puisqu'on ne comprends pas pourquoi on doit payer pour ce service alors que la livraison et l'encaissement de chèque à même agence sont gratuits » . Les virements reçus sont également une source importante de revenu pour les banques. Pour ceux qui sont permanents et qui concernent la plupart des salariés, BMCE Bank, CIH, BMCI et Attijariwafa bank facturent 10 DH pour chaque virement. Le Crédit du Maroc débite du compte de ses clients 7 DH, et 10 DH pour tout virement reçu du Trésor en faveur des fonctionnaires. Le service est gratuit au CAM et SGMB le facture à 5 DH auxquels s'ajoutent 20 DH de frais de mise en place du service payé en une seule fois. Cela sans compter les frais postaux pour l'envoi de l'avis de crédit. « Ce qui est inacceptable sachant que les banques recourent à un service de la Poste en le facturant à un prix largement supérieur à celui de l'opérateur spécialisé », s'indigne M. El Rhiat. Autrement dit, certaines banques se font de l'argent aussi sur un service effectué par un autre prestataire qui est, dans ce cas de figure, la Poste. Les clients sont encore insuffisamment protégés Pour les frais de tenue de compte, les banques adoptent une tarification presque identique pour les comptes-chèques (particuliers). La Banque Populaire est incontestablement la moins chère puisqu'elle applique un tarif de 25 DH pour tout compte réalisant plus de sept opérations (durant le trimestre) et 15 DH (seulement) pour les moins de 7 opérations. Sinon les tarifs varient entre 40 DH le trimestre (HT) au CIH et 50 au Crédit du Maroc. Les autres le facturent à 44 ou 45 DH le trimestre. Quant aux comptes courants (généralement pour les sociétés), le tarif est de 60 DH (par trimestre) pour la plupart des banques, 70 DH au CIH et au CAM et 90 DH à Attijariwafa bank. La certification de chèques coûte 15 DH chez la BCP et BMCE Bank, les moins chères à ce niveau ; le tarif le plus élevé, 25 DH, est à l'actif du Crédit du Maroc et du CIH. Les autres (BMCI, CAM, Attijariwafa bank, SGMB) facturent ce service à 20 DH. Pour le blocage des comptes (pour motif de saisies-arrêts, saisies conservatoires ou autres), le Crédit du Maroc débite le compte de 500 DH, Attijariwafa bank et le CIH de 300 DH, BMCE Bank et CAM de 200 DH et la BP de 100 DH. Pour une protestation de chèque impayé, le client doit débourser 1 000 DH auprès de la BMCI, 700 au CAM et 500 DH auprès des autres banques. En cas de rejet de chèque pour absence ou insuffisance de provision, la SGMB, la BMCE et le CIH débitent 100 DH du compte du client concerné. La BMCI pénalise le client de 40 DH et Attijariwafa bank de seulement 10 DH. Avec 120 DH facturés, CAM est le plu cher.Lorsque les clients réclament une opposition à la carte de crédit pour perte, vol ou usage abusif, la Banque populaire affiche la tarification la plus clémente : 25 DH. Elle est suivie du CAM avec 40 DH, tandis que la BMCE exige 52 DH, le CIH et Attijariwafa bank 50 DH. Le CIH facture ce service à 100 DH ; idem pour la SGMB pour l'opposition au motif d'usage abusif de la carte, et 50 DH en cas de perte ou vol de carte. Bref, à voir tous ces services qui sont ainsi facturés par les banques, ainsi que d'autres plus ou moins importants, on se rend compte qu'il en coûte beaucoup aux Marocains pour disposer de services bancaires simples. En l'absence d'une puissante association de consommateur et en attendant que le conseil de la concurrence s'intéresse de plus près au problème, les clients continueront de subir.