* La libéralisation des tarifs appliqués aux particuliers a créé une confusion étant donné les différences de prix, parfois importantes, d'une banque à l'autre concernant le même service. * Connaître la ou les banques les moins chères de la place est une rude épreuve, tant il est difficile de les comparer les unes aux autres. La transparence des tarifs bancaires n'est pas encore une réalité au Maroc. Le coût des services bancaires a sérieusement augmenté ces dernières années ; de combien ? Difficile de donner des chiffres précis tant il est difficile de se retrouver dans le maquis des tarifs bancaires. Contrairement à ce qui se passe sous d'autres cieux, au Maroc les tarifs bancaires ne sont pas systématiquement portés à la connaissance de la clientèle. Même si elles sont tenues d'afficher ces tarifs au niveau de leurs agences, bon nombre de banques ne respectent pas cette obligation. Comparer les tarifs est quasiment impossible, tant pour collecter les données que pour les lire correctement. Les différences d'affichage ainsi que le mode de calcul de certains services les rendent incomparables. Tantôt la commission est forfaitaire, tantôt c'est un pourcentage du montant en jeu. Ou bien c'est un compromis entre les deux, avec un maximum et un minimum. Parfois, et c'est le plus fréquent, le tarif varie en fonction d'un certain nombre de critères (solde, nombre d'opérations enregistrées durant la période de facturation...). C'est le cas par exemple des frais de tenue de compte à la Banque Populaire. Un client MRE, dont le solde du compte chèques est inférieur à 20.000 DH et ayant enregistré un mouvement durant le trimestre, paiera une commission de 15 DH hors taxes tous les trois mois. Si le solde de son compte est inférieur ou égal à 5.000 DH, sans mouvement depuis plus de 12 mois, la commission trimestrielle passera à 50 DH HT. Pour les nationaux résidents, les frais de tenue de compte sont de l'ordre de 15 DH HT si le client effectue moins de 7 opérations par trimestre. S'il dépasse cette barre, il paiera 25 DH HT. Comment expliquer ces différences ? Qu'est-ce qui fait par exemple que les frais de tenue de compte soient de 42 DH à la BMCI alors qu'ils ne dépassent pas 15 DH chez Attijariwafa bank ? La première explication à laquelle on pense pour justifier ce gap est la qualité du service. Mais en interrogeant les responsables de certaines banques de la place, d'autres éléments apparaissent. A la Société Générale par exemple, le chef d'une agence nous affirme que le niveau élevé de certains tarifs et commissions ne doit pas être comparé à celui des autres banques sans tenir compte de la notion de « services associés ». Il explique, à titre indicatif, qu'en facturant des frais de tenue de compte à 45 DH par trimestre, la banque donne accès à ses clients à plusieurs autres services non facturés, tels la délivrance de chéquiers, les remises à l'encaissement et l'abonnement aux services de banque par téléphone. Interrogé sur la question, un ancien banquier et expert en techniques bancaires nous explique qu'en théorie, la détermination des frais et commissions se base sur quatre composantes distinctes qui sont : le coût de revient de l'opération, la réglementation, la valeur ajoutée pour le client et la stratégie commerciale de chaque banque. Pour le premier élément, il est question de déterminer l'ensemble des coûts induits par une opération donnée, ce qui constitue une tâche difficile, selon les responsables de banques contactés. L'un deux explique que « plus de 80 % des charges liées à une opération bancaire sont des charges indirectes, ce qui rend la détermination du prix de revient difficile, voire arbitraire » ; et d'ajouter que le prix de revient d'une opération est fortement lié à son degré d'automatisation. Ainsi, plus une tâche est automatisée, plus son coût est bas. Quant à la réglementation, même si BAM, du fait de la libéralisation, n'a plus le droit de fixer le niveau des différents frais et commissions, elle intervient toujours, mais de manière indirecte. Ainsi, chaque année la Banque centrale réalise des benchmarks pour chaque service rendu à la clientèle en se basant sur les reportings annuels effectués par toutes les banques. Ce qui lui permet d'établir chaque année des prix moyens pour l'ensemble des services, de les communiquer aux banques et, de ce fait, de mesurer les différences et éventuellement d'attirer l'attention des banques adoptant des prix supérieurs à la moyenne. Pourtant, et malgré ces comparatifs réalisés chaque année par BAM, on se retrouve aujourd'hui avec des différences de tarifs parfois étonnantes. Sinon, comment expliquer que l'encaissement d'un chèque sur place soit facturé à 10 DH dans une banque alors qu'il est gratuit dans une autre ? Peut-on dire dans ce dernier cas que le coût de revient est nul ? Idem pour un encaissement d'un chèque hors place facturé chez quelques banques à 5 ou 10 DH et offert gracieusement par d'autres, notamment la Société Générale et la BMCE. Ceci nous conduit à considérer les deux derniers éléments qui influent sur la détermination des frais et commissions, à savoir la valeur ajoutée du service pour le client et la stratégie commerciale de chaque banque. Ces deux points peuvent expliquer, en grande partie, les différences qui existent en matière de tarification, car l'évaluation de la valeur ajoutée pour le client et la stratégie commerciale diffèrent d'une banque à l'autre. Si certaines d'entre elles expliquent que les services à forte valeur ajoutée pour les clients sont facturés de manière allégée, d'autres ont décidé le contraire. Idem pour les stratégies commerciales. Si telle banque baisse ses tarifs pour attirer plus de clients et profiter de l'effet de masse tout en encourageant la bancarisation de la population, telle autre pratiquera, au contraire, des tarifs plus élevés pour mieux sélectionner ses clients. Mais ce qui intéresse sans doute le particulier, est de connaître la ou les banques qui pratiquent les tarifs les moins chers de la place. Cela n'est malheureusement pas possible, car une banque peut appliquer le tarif le plus élevé de la place pour un service mais en proposer d'autres gratuitement.