L'Association Insaf a dévoilé son film, «Arrestations», afin de lutter contre l'exploitation des filles mineures dans le travail domestique. Le 26 novembre, à Casablanca. Insaf a convié journalistes, responsables étatiques et membres de la société civile pour le lancement de son film/spot «Arrestations». Une autre initiative qui s'inscrit dans la stratégie de l'association à mettre un terme à l'exploitation des filles mineures dans le travail domestique. Le film, qui met en scène un trafic de petites filles et qui se termine par l'arrestation du transporteur des enfants et des clientes, se veut aussi un plaidoyer pour appliquer la loi 19-12 et surtout l'article 23, qui rend l'emploi d'une fille mineure dans le travail domestique passible de prison. En effet, cet article stipule qu'«une personne qui emploie un enfant de moins de 16 ans est passible de 20 000 à 25 000 DH d'amende. Et qu'en cas de récidive, les amendes sont doublées et l'employeur est passible de un à trois mois de prison». Samsara toujours actifs «Aujourd'hui, un an après la promulgation de cette loi, nous ne savons pas quel impact réel a eu cette loi. Nous n'avons malheureusement pas de statistiques crédibles sur le nombre d'enfants esclaves retenus dans les maisons», a affirmé Meriem Othmani, présidente d'Insaf, lors de la conférence de presse. Et d'ajouter : «Elles sont devenues invisibles. Les employeurs les cachent. Nous ne les voyons plus dans les rues porter les lourds cartables des enfants de la maison. Nous ne les voyons plus dans les hammams, traîner les seaux d'eau pour leur maitresse. Et pourtant, nous savons qu'elles sont là, tapies sur leur paillasse, souffrant en silence, enfermées dans les maisons, à la merci des employeurs». Omar Saadoun, le chef de projet d'Insaf, est bien placé pour le savoir. Lors de son travail de terrain à Casablanca, comme ailleurs, il constate le travail toujours fourni des fameux samsara (intermédiaires). «Le lancement de ce film intervient à un moment crucial. La loi était censée mettre fin à l'exploitation de ces enfants. Or, peu de choses ont été réalisées. Ce film est un outil pédagogique important pour faire avancer la cause de ces petites filles», explique M. Saadoun. Depuis le lancement de son programme de lutte contre l'exploitation des filles dans le travail domestique qui se concentre dans les localités de Chichaoua, Imintanout, Kelaât Sraghnas et El Haouz, Insaf a pu accompagner quelque 550 petites filles, auparavant petites bonnes. «205 filles sont aujourd'hui prises en charge par le programme dont 126 sont des collégiennes et lycéennes. Le nombre de nos bachelières est de 32», souligne Omar Saadoun. L'association multiplie les campagnes de sensibilisation dans les zones rurales, mais également dans les établissements scolaires de Chichaoua et El Haouz. «Nous allons démarrer prochainement un projet pédagogique basé sur le théâtre dans les zones reculées de Chichaoua et d'El Haouz. Il s'agit d'un programme de sensibilisation et de formation de jeunes filles sur la thématique. Ces dernières seront nos meilleures ambassadrices dans la lutte contre l'exploitation des jeunes filles dans le travail domestique», conclut M. Saadoun.