Ce mardi 23 juillet à Casablanca, Driss Guerraoui, président du conseil de la concurrence, a livré un bilan d'étape de son mandat, depuis qu'il a été nommé en novembre 2018. Selon lui, 30% des dossiers que le conseil a traités relèvent des marchés publics. Face au besoin des ressources humaines, le conseil est en train de repérer les talents au sein des universités. Ce mardi 23 juillet à Casablanca, la chambre de commerce Suisse au Maroc a invité le président du Conseil de la concurrence, Driss Guerraoui, pour une conférence intitulée : "Conseil de la concurrence : Quelle vision pour le développement économique du Maroc ? " Outre une présentation de ce qu'est le Conseil de la Concurrence, en termes d'organisation et de fonctionnement, Driss Guerraoui a expliqué la démarche du Conseil, présenté un bilan d'étape, depuis sa nomination en novembre 2018, et dévoilé également les chantiers phares qu'il envisage d'engager, en vue "d'instaurer une culture de la concurrence". Prévention, contrôle et sanction La démarche que prône le conseil de la concurrence, est celle de "la conciliation". Elle est basée sur trois volets : "la prévention, le contrôle et la sanction", a énuméré Driss Guerraoui. Pour ce qui est de la prévention, le président du conseil a expliqué qu'elle consiste à "pousser les entreprises et les autorités publiques à conclure une charte de bonne conduite, pour qu'elles s'approprient le concept de la responsabilité économique. Notamment, sur le plan fiscal, qui est au coeur des problématiques de la concurrence". Et d'ajouter, d'après ce qu'il a constaté depuis sa nomination, "il existe beaucoup de problèmes de concurrence à l'échelle des territoires, notamment dans le cadre de la gestion déléguée". Pour ce qui est du contrôle, Driss Guerraoui explique : "nous usons de notre pouvoir pour contrôler les comportements des acteurs et la structure des marchés, par une véritable veille". Et d'ajouter, "nous n'hésiterons à aucun moment à sanctionner. SM le Roi m'a dit d'appliquer la loi", a-t-il insisté, au sujet du troisième volet, celui de la sanction. Marchés publics et concurrence Driss Guerraoui a rappelé, en abordant ce qui a été fait depuis qu'il a été nommé que le conseil de la concurrence a "hérité de 105 dossiers, qui étaient en instance, dont 80% ont été examinés, après la nomination". "Nous avons également reçu 64 dossiers. Nous en avons traité 26. Nous avons produit deux avis, un sur le plafonnement des marges bénéficiaires des carburants, ainsi qu'un autre sur la réforme du code du commerce", a-t-il détaillé. Selon lui, "30% des dossiers que le conseil a traités relèvent des problèmes de la concurrence dans les marchés publics, en particulier dans la gestion déléguée". Il a ajouté que parmi les acteurs qui saisissent le conseil de la concurrence, à savoir les organisations professionnelles, les centrales syndicales, les administrations, les chambres de commerce ainsi que les tribunaux, "ce sont les entreprises qui arrivent en tête", a-t-il précisé. Sur le plan régional, "l'essentiel des saisies proviennent de Casablanca-Settat; Rabat-Salé-Kénitra à hauteur de 27% des dossiers; l'Oriental; Marrakech-Safi, Souss-Massa, ainsi que Fès-Meknes" a ajouté Driss Guerraoui. Le conseil est également en train de travailler sur quatre études sectorielles : "le commerce électronique, le secteur des médicaments, celui des cliniques privées ainsi que les marchés de gros", a confié Driss Guerraoui aux présents. Les chantiers envisageables par le Conseil Lors de cette conférence, Driss Guerraoui a énuméré les chantiers envisageables par le conseil de la concurrence. Le premier consiste à "réaliser un baromètre national de la concurrence. Il sera basé sur un référentiel porté par des indicateurs mesurables, qui a pour objectif de suivre l'état du respect de la concurrence, et dont les résultats seront publiés annuellement". Pour ce qui est du second chantier, il consiste à "réaliser, annuellement, un sondage d'opinion, permettant d'évaluer les représentations des acteurs qui nous saisissent, avec pour objectif de servir la promotion de la culture de la concurrence", a-t-il développé. Le conseil de la concurrence "envisage de créer un observatoire de veille économique et concurrentiel, qui permettre d'anticiper les dysfonctionnements des lois". Car, motive-t-il, "il y a des secteurs où il n'y a pas de réglementation, comme c'est le cas du commerce électronique". Driss Guerraoui a également annoncé que le Conseil "envisage de s'adresser à un large public, et ce à travers des capsules de vulgarisation et de sensibilisation sur l'importance de la concurrence, et ce dans l'objectif de battre les passe-droits et informer les concitoyens sur l'importance de leur implication", a-t-il insisté. Repérage des talents Driss Guerraoui n'est pas passé par mille chemins pour aborder la problématique des ressources humains. "Nous avons besoin d'experts", a-t-il affirmé, tout en louant "les compétences qui exercent au sein du conseil, de niveau mondial". Dans ce sens, il a comparé le conseil marocain à son homologue espagnol, à titre d'exemple. "Nous ne sommes que 9, alors qu'en Espagne, ils sont 17 experts", a-t-il informé. Dans ce sens, il a révélé que le conseil de la concurrence est dans "un processus de détection des compétences nationales, au sein des universités, spécialisées dans le droit et l'économie de la concurrence, en collaboration avec le ministère de l'enseignement supérieur". Une initiative qui visera également les experts marocains de l'étranger, spécialisés dans le même domaine.