Il y a à peine quelques années, le Conseil de la paix et de la sécurité dirigé par l'Algérien Smaïl Chergui ne ménageait aucun effort pour devenir une sorte de succédané du Conseil de sécurité dans l'affaire du Sahara. La machine de guerre contre le Maroc tournait sans relâche. Aujourd'hui, les choses changent. Les 25-26 mars, la conférence de soutien au polisario organisée à Pretoria n'a pu mobiliser que 14 pays africains. Le soutien d'Etats en dehors du continent a été sollicité : Cuba, Venezuela...pour améliorer ce petit score. Pendant ce temps, le Maroc a réuni une quarantaine de pays africains à Marrakech. Si le Maroc est arrivé à renverser la situation, c'est parce qu'il a mis en place une excellente stratégie, «en entonnoir». A commencer par mettre un terme à la politique de la chaise vide, et en créant dès 2002 une relation de confiance avec les autres pays de l'Afrique, en particulier dans le sud du Sahara. Aussi, la décision du retour dans l'Union africaine a permis de rentrer dans le Conseil de la paix et de la sécurité et d'avoir une participation agissante lors des sommets, de sorte qu'en juillet 2018, à Nouakchott, le Maroc a obtenu une résolution qui interdit à quiconque de parler au nom de l'UA concernant le Sahara hormis une Troïka composée du président en exercice, son prédécesseur et son successeur. Le but étant de préserver le leadership onusien sur ce dossier. Aujourd'hui donc, le Maroc est serein. Le processus de Genève a tenu compte de toutes les remarques marocaines où un modèle à la «Manhassset» n'était pas admis et où la présence de l'Algérie revêtait un caractère obligatoire pour trouver une solution durable et définitive. Genève I a été un round de test et d'observation de l'implication effective de l'Algérie. Le 2e a permis de poser la question sur l'apport d'une intégration régionale et les paramètres de la négociation. L'occasion s'est alors présentée pour la diplomatie marocaine d'insister sur l'incompatibilité totale du référendum et de l'indépendance avec la notion de durabilité et de viabilité que doit incarner la solution à mettre en place. Ayant obtenu cet avantage supplémentaire, le Maroc s'achemine vers un 3e Genève qui aura lieu dans quelques mois et où le cœur du sujet sera approché : Maintenant que le référendum et l'indépendance sont écartés, que l'Algérie est de tous les rounds, le cœur du sujet est de se mettre d'accord sur une solution qui ne contredit pas la résolution 24-40 du Conseil de sécurité adoptée le 31 octobre 2018. C'est aussi de dire quelle partie a fait des pas vers le compromis, et laquelle campe sur ses positions.