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Informatique, finance, vente…, les salaires flambent
Publié dans La Vie éco le 26 - 10 - 2007

Rareté des compétences, évolution de certains métiers et implantation en force
des groupes étrangers accentuent
la pression sur
les salaires.
Selon le secteur et le poste, un salarié qui change d'entreprise peut gagner
jusqu'à 30% de plus.
Commercial, ingénieur, intégrateur, financier de marché (capital-risque, analystes
financiers, gestion d'actif)…, la demande s'accroît sur ces métiers.
Le taux de chômage est quasiment scotché au-dessus de 10%, et, n'eût été le monde rural oà1 le sous-emploi est pourtant endémique, on aurait facilement franchi la barre des 15% au regard de la situation médiocre qui prévaut en milieu urbain. Et chaque année, des milliers de jeunes diplômés, titulaires au moins d'un Bac+2, arrivent sur le marché du travail. Le hic c'est qu'en raison de la qualité médiocre de la formation, très peu trouvent preneurs. Autrement dit, malgré le nombre de demandeurs d'emploi, les compétences se raréfient ou sont insuffisantes pour satisfaire les besoins. Cette situation concerne pratiquement tous les niveaux hiérarchiques, des ouvriers aux cadres supérieurs, et tous les secteurs, quand bien même l'intensité du mal n'est aussi forte pour tous. Dès lors, la loi du marché joue à fond : pour s'offrir les profils adéquats, on est obligé de casser sa tirelire.
Cette tension touche toutes les zones en pleine croissance, notamment Tanger et sa région, mais on la perçoit particulièrement à Casablanca oà1 est regroupé l'essentiel de l'activité économique du pays. C'est pourquoi, dès que l'on évoque la question de la rémunération, les discussions tournent immanquablement autour de la hausse forte et continue des salaires. Le f'tour-débat sur les pratiques de rémunération, organisé jeudi 4 octobre par le cabinet Diorh, n'a pas dérogé à la règle.
Les salaires ont grimpé de 20% au moins dans les métiers de la vente
Les DRH se sont inquiétés de la situation et certains en veulent sérieusement aux entreprises qui font monter les enchères. Ces deux dernières années, on a même assisté, durant un bref laps de temps, à une petite guerre des compétences dans un secteur bancaire marqué par une très forte mobilité inter entreprises de ses hauts cadres. Naturellement, les personnes qui ont fait le choix de changer d'air n'ont rien regretté, du moins financièrement. De manière générale, l'évolution des salaires a été consistante, surtout si l'on prend en considération celle de l'indice du coût de la vie qui a, pour l'essentiel, progressé de moins de 2% ces dernières années.
D'après les chiffres tirés de l'enquête effectuée en 2006 par le même cabinet Diorh, le salaire des cadres du privé devait augmenter en moyenne de 6,5% en 2007, tandis que les non-cadres se contenteraient de 6%.
Le sujet n'est cependant pas apprécié sous le même angle par les patrons et spécialistes en ressources humaines. Mohamed Reghioui, DRH de Jacob Delafon, entreprise du groupe Alami installée à Tanger, est un de ceux qui naviguent à contre-courant. Selon lui, les compétences se paient et il n'hésiterait pas à mettre le prix pour retenir ou attirer les meilleurs.
De l'avis de Essaid Bellal, DG du cabinet Diorh, «l'inflation n'est pas encore à l'ordre du jour». Il fait remarquer que «les entreprises locales n'hésitent plus à s'aligner sur les salaires pratiqués dans les multinationales afin de recruter ou de retenir les meilleurs… Tout ceci fait que les grandes compétences se positionnent à leur juste valeur ce qui laisse croire à une inflation».
Quoi qu'il en soit, il est clair que les entreprises se structurent de plus en plus, se mettent aux normes internationales et se donnent aussi les moyens de recruter des profils pointus pour des postes de direction, et ce dans tous les domaines : finance, marketing, ressources humaines, commercial… L'implantation en masse des groupes étrangers a également fait en sorte que l'évolution des salaires est perçue comme importante pour les postes qui ont évolué ces dernières années ou qui sont restés en haut de l'affiche.
Par exemple, la fonction commerciale est toujours plébiscitée. Quel que soit le niveau d'expérience, toutes fonctions confondues, les salaires offerts aux cadres dans cette fonction restent les plus élevés. Celle-ci a beaucoup évolué en fonction des exigences des entreprises et du marché de l'emploi.
Sont principalement concernés les technico-commerciaux qui ont une double compétence, la maà®trise des caractéristiques techniques du produit et le savoir-faire dans la vente. La rémunération est dans ces cas très volatile, et varie en fonction de la performance du commercial. La part du variable dépasse parfois les 60% du salaire qui peut être multiplié par deux ou par trois pour les vendeurs les plus performants. Les salaires les plus élevés se trouvent dans les secteurs à forte compétition : la chimie et la parachimie, l'automobile et l'agro-industrie.
Il faut également souligner que près de 35% des recrutements concernent cette population, tous postes confondus. Plusieurs milliers de postes ne seraient pas pourvus, faute de candidats dotés de compétences satisfaisantes. Le salaire d'un directeur commercial tourne en moyenne autour de 60 000 DH bruts mensuels (fixe et variable). Les responsables d'équipe ou des grands comptes ne sont pas loin de 25 000 DH. Quant aux technico-commerciaux et commerciaux/vendeurs, ils perçoivent respectivement en moyenne 20 000 et 12 000 DH.
Il en est de même pour les métiers de la finance de marché. Il s'agit des spécialistes du capital-risque, des analystes financiers, des responsables gestion d'actif… Le système d'enseignement au Maroc ne produit pas encore des profils aussi pointus et l'essentiel des recrutements se fait à partir des écoles étrangères. Vu le boom que connaà®t le métier, les entreprises sont demandeuses de ces profils et les salaires grimpent vite. Sur trois ans, la moyenne de variation dépasse les 20%, selon certains observateurs.
Augmentation de 10 à 15% des salaires dans la maintenance
Le secteur informatique qui a connu un creux après l'éclatement de la bulle internet reprend des couleurs, sachant que le pays ne jure plus que par l'offshoring. «Actuellement, les ingénieurs intégrateurs et directeurs de projet sont très sollicités. On n'est plus dans les profils basiques qui maà®trisaient certains langages informatiques. Aujourd'hui, on est davantage dans l'ère de la conception», souligne Bouchaà ̄b Serhani, DG de Gesper Services, cabinet de conseil en ressources humaines.
Les postes liés aux métiers de la maintenance ne sont pas en reste. Ce sont des métiers de savoir-faire avant tout. Le profil est rare, et les occasions d'embauche ne manquent pas. Résultat : on constate un surenchérissement des salaires. Le taux de croissance moyenne a été de 10 à 15% pour les trois dernières années, voire 30% dans les cas extrêmes. Les secteurs qui sont les plus concernés par ces métiers sont le textile, l'édition, la peinture, l'agro-alimentaire
Enfin, il y a les métiers du conseil. La rareté des consultants seniors fait que les salaires varient fortement en fonction de l'expérience du consultant, de son portefeuille, de sa capacité d'autonomie et de son background. Les salaires sur le marché sont très disparates. Le taux de croissance peut dépasser les 30%.
Si, grosso modo, les salaires ont beaucoup progressé, surtout pour les cadres, le personnel d'exécution n'est pas laissé en rade. «Il y a une forte pénurie de main-d'Å"uvre, surtout très qualifiée. Du coup, les entreprises, notamment étrangères, n'hésitent pas à faire dans la surenchère. Là , le risque d'inflation est plus que palpable», souligne M. Bellal.


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