Pour bien communiquer, il faut décoder le message reçu, le reformuler avant de réagir. La confiance en soi, c'est aussi une faculté à s'ouvrir aux autres. Cette attitude n'est pas innée, elle se construit. Ahmed Bouanane Consultant et formateur au cabinet Demos Maroc «Pour qu'il y ait valeur ajoutée, il faut que l'entreprise crée l'environnement favorable à l'application des procédés et des stratégies du développement personnel.» Nous sommes très souvent confrontés à deux situations : jouer la défensive quand on a en face un rouleau compresseur qui n'hésite pas à écraser tout sur son passage, ou passer à l'offensive pour imposer coûte que coûte notre point de vue. Pourtant, la force de l'homme est d'arriver à s'affirmer, c'est-à-dire avoir confiance en soi, tout en respectant les autres. C'est le point d'équilibre, sans quoi, les rapports humains ne peuvent être que conflictuels. Cet équilibre est possible, pour peu qu'on y travaille. Les explications d'Ahmed Bouanane, consultant et formateur au cabinet Demos Maroc. La Vie éco : Pour certains, il est difficile de s'affirmer face aux autres. Pourquoi ? Ahmed Bouanane : La structure de notre personnalité est complexe car elle fait appel à la fois au rationnel (néopsyché), au culturel (extériopsyché) et à l'émotionnel (archéopsyché). Il est vrai que l'affirmation de soi est traitée en tant que phénomène psychologique. Cependant, la connaissance et la compétence (le savoir-faire) peuvent jouer un rôle primordial dans cette attitude. De même que le savoir communicatif. Ce dernier permet de développer une connaissance d'autrui suffisante pour être intelligible et «connivent». En tant que consultant, comment analysez-vous le comportement des cadres en matière d'affirmation de soi ? Pour moi, la compétence communicative est le premier accès pour évaluer le comportement des cadres en matière d'affirmation de soi. D'abord, j'évalue leurs capacités d'écoute active, ensuite, leur capacité à appliquer la DRF (décodage, reformulation et feedback). Il s'agit de voir si un cadre possède le pouvoir de poser des questions pour décoder son interlocuteur, sa manière de filtrer et de traiter l'information et ensuite de la reformuler pour faire valider son message et sa personnalité, et enfin garantir un feedback constructif. Le second accès est le type de transaction et la manière dont il peut se synchroniser avec l'état de moi (en référence à l'analyse transactionnelle) de son auditoire. Et enfin la manière dont il va conduire sa prise de parole. Le fait de ne pas disposer de cette qualité est-il un frein à l'évolution de la carrière ? Oui ! Vu les éléments cités plus haut, sans aucun doute. C'est un frein, pas seulement à la carrière mais aussi à la vie personnelle. L'affirmation de soi est une nécessité sociale. Peut-on concrètement mesurer la capacité d'un individu à s'affirmer devant autrui ? Nous pouvons mesurer cette capacité. Les critères d'évaluation sont multiples. En situation de communication interpersonnelle, nous pouvons mesurer la compétence communicative d'un individu en ciblant trois éléments : Ses filtres d'information (le filtre des sens, le filtre de l'information et celui de la précision). Sa capacité à conduire une prise de parole intelligible et persuasive. Car pour con-vaincre, il ne suffit pas d'affirmer, il faut justifier en apportant des arguments. Et comme vous le savez, l'affirmation de soi est l'essence même de la conviction (avec le sens de l'engagement). Celle-ci se manifeste grâce à quatre critères : la crédibilité, la cohérence, la consistance et la connivence. Et enfin l'utilisation des moyens non verbaux et para-verbaux (ton de la voix, intonation, débit, etc.) en adéquation avec la situation de communication et les attentes de son auditoire. Les formations sur le développement personnel apportent-elles vraiment une valeur ajoutée ? Sans aucun doute. A condition qu'elles soient précédées d'une bonne définition des besoins et qu'elles soient animées par des professionnels. Mais pour qu'il y ait valeur ajoutée, il faut que l'entreprise (patrons et managers) crée l'environnement favorable à l'application des procédés et des stratégies du développement personnel. Y a-t-il d'autres moyens plus simples pour développer la confiance en soi ? Selon la loi de Murphy, «rien n'est aussi simple qu'il y paraît. Chaque chose prend plus de temps qu'il n'y paraît». Tout est une question de priorité. Et pour développer la confiance en soi, seul le résultat compte. Alors il faut définir les objectifs, ensuite se donner les moyens pour y arriver. Dans «la confiance en soi», il y a le «soi», c'est-à-dire la personne qui est en nous. Ne mérite-t-elle pas tout ce qui est meilleur pour son développement ? La simplicité reste variable et parfois inaccessible. Ne risque-t-on pas de confondre confiance en soi et imperméabilité aux idées des autres ? Je ne pense pas, la confiance en soi est la faculté de s'ouvrir sur les autres. Elle permet de développer une grammaire relationnelle dont les principes essentiels sont l'acceptation, le partage, l'interdépendance et la solidarité. C'est là le rôle d'une bonne formation, c'est d'éviter les dérives. La confiance en soi est à l'opposé de l'arrogance. Quelles sont les limites à ne pas franchir dans ce cas par rapport à l'entourage (collègues, supérieur, collaborateurs…) ? La confiance en soi ne connaît aucune limite. Et vu que nous fonctionnons selon des modèles précis, il est important d'en saisir le mécanisme et de le faire fonctionner pour atteindre l'excellence. Néanmoins, deux règles doivent être respectées : – Communiquer avec soi-même : Gagner de la confiance en soi ; Apprendre à définir ses objectifs et les atteindre à coup sûr ; Vaincre définitivement sa timidité ; Maîtriser les situations de stress ; Acquérir des techniques pour améliorer sa mémoire ; Apprendre à gérer ses émotions et savoir les utiliser au bon moment ; Apprendre comment fonctionner en haute performance dans n'importe quel domaine ; Changer les comportements et les mauvaises habitudes qui nous limitent dans le quotidien. – Communiquer avec les autres : Comprendre les modes de pensée de votre interlocuteur et adapter votre propre langage pour être parfaitement compris ; Apprendre à négocier gagnant/ gagnant ; Développer des relations constructives et épanouissantes avec votre entourage ; Savoir recueillir une information fiable ; Faire passer ses idées en respectant les autres ; Je souhaite terminer avec un présupposé empreinté à la PNL : «Chacun possède toutes les ressources nécessaires à son développement» et dans les relations humaines, «il n'y a pas d'échec, seulement du feedback».