Manque de communication, désorganisation, absence de délégation… le stress peut avoir plusieurs causes. Il existe divers moyens de combattre le mauvais stress, le plus efficace est le travail mental qu'on fait sur soi-même. Un minimum de stress favorise la performance. Maladie des actifs, mal du siècle ou syndrome d'épuisement professionnel… Le stress est traité sous tous les angles. Véritable phénomène physiologique, économique et social, les chiffres concernant ce fléau universel sont de plus en plus alarmants. Aux Etats-Unis par exemple, son coût annuel est estimé à plus de 200 milliards de dollars et une étude de l'Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail fait état de 44 millions de personnes souffrant d'un excès de stress. Un salarié sur deux connaît une détérioration de sa santé liée à ce fléau et nombre d'entre eux n'arrivent plus à supporter la pression psychologique au sein de l'entreprise. Près d'un tiers des salariés recourent à un thérapeute. Si ses ravages ne sont plus à démontrer, il n'en demeure pas moins que le stress, à condition d'être dosé, est stimulant. Faut-il fonctionner avec ou sans ? Comment agir face à un stress qui bloque et comment lier stress et performance ? Ce sont là quelques questions sur lesquelles se sont penchés cadres et managers lors des Rendez-vous de l'entrepreneur, organisés conjointement par La Vie éco, Manpower Maroc et Deo Compétences. Positif ou négatif, il s'agit de bien définir le stress pour le gérer. Identifié dans les années 30 et reconnu scientifiquement dans les années 70, le stress est avant tout une réponse de l'organisme, surtout au niveau nerveux et physiologique, aux différentes situations agréables ou désagréables. Un mariage, un deuil, une naissance, une promotion, une réussite ou encore un échec, tous ces événements sont susceptibles de le provoquer. On peut aussi citer la surcharge de travail, la course contre la montre, la frustration, l'instabilité, les exigences contradictoires entre vie professionnelle et personnelle… «Il existe deux phases de stress qui peuvent se succéder de manière imperceptible, et surtout variable, d'une personne à l'autre», fait remarquer Zineb Benabdeljalil, DG de Deo Compétences, cabinet spécialisé dans la programmation neuro-linguistique. La première est une phase de stress protecteur qui permet d'augmenter ses capacités d'attention, de vigilance, voire ses facultés de perception et la rapidité de leur intégration. Elle mobilise de l'énergie et prépare à l'action. Dans la deuxième phase, la dépense d'énergie due au stress est si importante qu'elle conduit à l'épuisement. Ses effets sont inverses de ceux observés dans la phase précédente (apathie, compréhension floue, lenteur dans la perception du milieu environnant qui entraîne des prises de décision inadaptées…). Un break, fût-il de quelques minutes, est souvent salutaire En somme, on peut être confronté à un stress positif autant qu'à un stress négatif. Pour Abdelwahab Kadiri, DG de Tandem, agence spécialisée en communication, «le stress se déclenche à cet instant T où toutes les difficultés se présentent en même temps et où on est dans l'incapacité de trouver immédiatement les solutions». Ghita Benkirane, DG d'Afaq Afnor, pense que «le stress survient aussi lorsqu'on a les solutions mais qu'on n'arrive pas à les appliquer». Et de poursuivre : «La crainte de ne pas agir correctement ou de ne pas prendre les décisions qu'il faut augmente le taux de stress». Pour sa part, Kamal Benayad, consultant chez AF Consulting, ajoute que «le stress est toujours présent en chacun de nous, qu'il soit positif ou négatif. C'est la manière dont on va appréhender un problème qui fait qu'on dégage le bon ou le mauvais stress». Le stress est donc nécessaire en quelque sorte. Reste la question de savoir comment agir face aux situations qui nous font stresser ? Abderrahim Benkirane, DG de Suzuki Maroc – qui avoue ne pas connaître le stress – pense que tout est question d'approche : «Il suffit de se concentrer sur les solutions et non sur les problèmes. C'est en consultant constamment mon entourage que j'arrive à surmonter les situations qui bloquent. Il faut tout simplement relativiser les problèmes». Habiba Jakani Mahjoub, consultante à Manpower Maroc, adopte la même attitude en recourant à l'aide extérieure : «Il est nécessaire de trouver une issue dans le travail d'équipe. Un avis ou une suggestion externe peuvent être salutaires. De plus, il faut savoir faire un break (prendre un café, fumer une cigarette…), le temps de reprendre son souffle». Pour sa part, Zakaria Fahim, directeur associé de BDO Asmoun et Associés, met l'accent sur l'importance de la communication quand on est confronté à des situations difficiles. Il explique : «Le plus souvent, une crise se déclenche lorsque le système de délégation est déficient. Au lieu d'attendre que les décisions viennent de la hiérarchie, comme c'est souvent le cas, il faut savoir partager les problèmes, discuter entre collègues et faire en sorte de repositionner le problème.» Il faut signaler aussi que chacun de nous est confronté, dans son quotidien, à une ou à des problématiques, parfois nouvelles, le plus souvent inédites, mais que l'on est obligé de gérer. «Le plus souvent ce sont les contraintes de temps ou l'urgence qui bloquent notre réflexion et notre manière d'agir convenablement», note Youness Benali, DRH à Hewlett Packard. «C'est pourquoi, on doit toujours envisager tous les scénarios possibles, même les plus délicats, et prévoir une solution adaptée», souligne Hicham Benjelloun, DG de Quadratura. En quelque sorte, on doit toujours essayer de cultiver le sens de l'anticipation. Il faut savoir dédramatiser les évènements désagréables Cela dit, et tous les participants en conviennent, il est évident qu'on ne peut pas totalement éradiquer le stress qui reste nécessaire au tonus professionnel. En revanche, on peut toujours le contrôler. «Une bonne gestion du stress relève avant tout d'un apprentissage dans la vie professionnelle. C'est ainsi qu'on peut surmonter les situations les plus délicates», souligne Mouna Yaqoubi, directrice de publication de La Vie éco. Zineb Benabdeljalil ajoute qu' «il faut rester à l'écoute de soi et être capable de détecter les premiers signaux. Vont-ils permettre d'être hyperactif ou au contraire déstabiliser le mental ? Dans ce dernier cas, il faut savoir prendre du recul». Pour Mme Benkirane, «tout est question d'organisation». En effet, les objectifs, les résultats, les impératifs sont autant d'éléments qu'on doit traiter au cas par cas. Quant à Zakaria Fahim, il estime que le meilleur moyen de juguler son stress est de comprendre celui des autres. A son avis, cela n'est possible que s'il y a un échange. Bref, plus on discute, mieux on arrive à cerner le mal. Et ce n'est pas tout. Pour ne pas en être victime, on doit également éviter de dramatiser les évènements désagréables. L'environnement de travail est essentiel et on doit donc y prêter attention car, plus il est agréable, moins on subit les contraintes externes ou internes