Perdre le sommeil, ne pas arriver à s'endormir, rester éveillé toute la nuit, ne pas avoir fermé l'œil de la nuit, avoir le sommeil léger ou charcuté, sont autant de mots pour designer l'insomnie. Qui de nous n'a pas un jour ou l'autre connu cette désagréable sensation, contre laquelle bien souvent on est désarmé. C'est encore plus vrai en été à ou beaucoup de personnes sont en vacances et ont tendance à veiller très tard la nuit en famille ou entre amis. Une situation qui sera exacerbée à l'occasion du mois de ramadan. Bien entendu quand on dort 2 ou 3 heures par nuit, le lendemain on remarque de l'irritabilité, des douleurs physiques (comme les maux de tête!), une fatigue constante, de la somnolence, des difficultés de concentration. Pas facile dans ces conditions de mener à bien son travail. Et vous, dormez-vous? Poser sa tête sur son oreiller et se réveiller sept ou huit heures plus tard plein de vitalité, c'est ce que nous souhaitons tous chaque jour, d'ailleurs ne dit-on pas avant d'aller au lit aux membres de nos familles : bonne nuit. Ce scénario de rêve correspond somme toute à l'idée que chacun se fait d'une bonne nuit de sommeil. Mais dans la réalité les choses sont souvent différentes. Il suffit de mal dormir pour que la nuit, paradis des rêves, devienne cauchemar. Il n'y a pas plus pire que l'insomnie pour gâcher non seulement la nuit, mais aussi le jour qui s'en vient. Qu'est-ce que bien dormir ? Bien dormir est une notion qui varie selon les individus. En effet, nous ne sommes pas égaux devant le nombre d'heures de sommeil dont notre organisme a besoin pour récupérer, ni devant la qualité de nos nuits. Mais avoir le sentiment de bien dormir est essentiel pour une bonne qualité de vie. Combien de temps doit-on dormir ? La durée de sommeil nécessaire pour récupérer varie d'une personne à l'autre, de l'âge aussi, des conditions physiques, psychologiques... Un adulte dort en moyenne sept à dix heures par nuit. Chacun peut évaluer le nombre d'heures de sommeil dont il a besoin pour être en forme. Pour certains, cinq heures suffisent, alors que d'autres se sentent fatigués s'ils n'ont pas dormi dix heures. Plus que la quantité, c'est la qualité du sommeil qui importe. Il existe des petits dormeurs satisfaits et des gros dormeurs insatisfaits. Le sommeil est un état physiologique temporaire qui s'accompagne de la suppression de la vigilance et du ralentissement du métabolisme. Le sommeil joue un rôle très important de récupération et de restructuration pour tous les organes et pour toutes les fonctions cérébrales. Il est sujet à de grandes variations, mais aussi à des troubles parmi lesquels il convient de citer l'insomnie, l'apnée du sommeil, le syndrome des jambes lourdes... Le sommeil est très important dans la vie de chaque individu. Nous passons un tiers de notre vie à dormir, à 60 ans, nous avons passé 20 ans à dormir. C'est hallucinant quand on y regarde de près, mais c'est dire à quel point le sommeil est important. Il est clair que bien dormir nous permet de faire une recharge d'énergie pour faire face aux nombreuses occupations de la journée et le sommeil doit être réparateur. La qualité du sommeil ainsi que les horaires d'endormissement et de réveil évoluent aussi avec le temps : une personne âgée a tendance à s'endormir et à se réveiller plus tôt, avec des réveils plus fréquents au cours de la nuit. Mais il arrive pour de multiples raisons que nous avons énumérées plus haut que des troubles de sommeil viennent gâcher notre vie. Les troubles du sommeil sont multiples et variés, ils se manifestent de différentes façons : insomnies, apnées du sommeil, hypersomnies. Les causes sont multiples : obésité, dépression, troubles comportementaux, etc. Dans tous les cas les troubles du sommeil ne doivent pas être pris à la légère car leurs impacts peuvent être lourds de conséquences. L'insomnie peut se manifester par une difficulté à trouver le sommeil, par des périodes de veille plus ou moins longues et répétées durant la nuit, ou par un réveil prématuré. Elle peut être due à des facteurs externes (bruit, alimentation, médicaments), ou dans plus de la moitié des cas, à des facteurs psychologiques. L'anxiété et le stress sont les premières causes d'un mauvais sommeil, ainsi que les facteurs liés à l'environnement (bruit, déménagement, etc.). Parfois, d'autres problèmes peuvent provoquer des troubles du sommeil, tels que les ronflements, les douleurs, une mauvaise literie, des excès de caféine ou d'alcool. Si la grande majorité des insomnies sont liées à des perturbations psychologiques relativement bénignes, les troubles du sommeil peuvent être le signal d'une maladie physique. Ils peuvent alerter sur le diabète, par exemple, l'hyperthyroïdie, une maladie infectieuse, des problèmes cardiovasculaires, des troubles neurologiques ou de l'arthrose. Il est donc nécessaire de rechercher ces maladies lorsque le sommeil est perturbé. Certains médicaments, tels que les corticoïdes ou certains décongestionnants, de même que la nicotine, peuvent être responsables d'insomnie. N'oubliez pas de signaler vos traitements en cours. Enfin, l'insomnie peut se révéler comme l'un des symptômes d'une autre maladie psychique. L'insomnie de milieu et de fin de nuit sont ainsi caractéristiques des dépressions. Enfin, des troubles du rythme veille-sommeil peuvent apparaître chez des personnes soumises au décalage horaire, ou qui travaillent de nuit comme les professionnels de santé (médecins, infirmiers). L'apnée du sommeil (ou syndrome d'apnée obstructive du sommeil, SAOS) est un trouble lié à la respiration. Il se caractérise par des interruptions de la respiration (allant de 10 à 30 secondes) durant le sommeil. Dans ses formes sévères, l'apnée augmente les risques cardio-vasculaires. Les perturbations de l'horloge biologique, appelés « troubles du rythme circadien du sommeil», se caractérisent par une difficulté à harmoniser son rythme propre avec les contraintes extérieures (travail, vie de famille...). Ils peuvent entraîner des insomnies. Le syndrome des jambes sans repos se manifeste par des picotements dans les jambes et parfois dans les bras. Les personnes qui en souffrent ont constamment envie de remuer ces parties du corps, et font parfois des mouvements involontaires pendant la nuit. Ce syndrome, aussi appelé impatiences nocturnes engendre des insomnies. Quant aux parasomnies Il s'agit de phénomènes comme les cauchemars, les terreurs nocturnes (réveil soudain accompagné d'un cri ou de pleurs), le somnambulisme ou la somniloquie (le fait de parler dans son sommeil). Il faut savoir que la durée moyenne de sommeil pour un adulte est de huit heures, mais avec le vieillissement, le sommeil se modifie. Plus on avance dans l'âge, plus la durée de sommeil diminue. De nombreux facteurs contribuent à la perturbation du sommeil. Les facteurs sont multiples. Il y a l'environnement : le bruit, la pollution. Les personnes qui vivent en ville sont les plus touchées par les troubles du sommeil. Il faut aussi relever l'environnement familial, le cadre professionnel, l'environnement psychologique, le stress Très peu de choses ont été réalisées au Maroc concernant le sommeil, ce n'est que très récemment que nous avons commencé à nous y intéresser suite à des études montrant le lien très étroit qui existe entre un bon sommeil et une bonne concentration, une bonne humeur, une bonne réflexion ou d'un point organique, sur les risques cardiovasculaires et la santé mentale d'une personne. Parmi les études réalisées celles qui ont concernées les chauffeurs de camions et de taxis en particulier ceux qui travaillent la nuit. Cette étude a démontré que le manque de sommeil, influait énormément sur la vigilance, les reflexes sont amoindris, certains chauffeurs en manque de sommeil somnolaient en conduisant, ce qui explique en grande partie certains accidents qui sont enregistrés. Une autre étude a été réalisée auprès des professionnels de santé qui travaillent la nuit, là aussi les résultats ont démontrés que ces médecins et ces infirmières présentaient certains troubles (irritabilité, anxiété...) ce qui entraine a la longue une détérioration de l'état de santé des individus. Bien sur on peut dire tout ce que l'on veut au sujet de l'insomnie, mais seuls celles et ceux qui en souffrent mesure l'ampleur du problème. Dans tous les cas de figure, si l'insomnie ne tue pas, elle transforme la vie en calvaire, elle détériore la santé et offre un terrain favorable à d'autres troubles. Pour étayer nos propos nous nous sommes reportés à la seule enquête réalisée sur la prévalence de l'insomnie. C'est une étude universitaire qui avait été réalisée par le Professeur Omar Battas, Dr Safia Daïf et Fatima Moutawakkil du Centre psychiatrique universitaire de Casablanca, il y a de cela près de 10 ans. Eu égard au sérieux et à la méthodologie utilisée, ce travail ne démérite pas et reste même d'actualité, c'est pourquoi nous en faisons référence. L'étude avait porté sur 448 patients à Essaouira et sur 631 patients à Casablanca. Pour Essaouira, la prévalence de l'insomnie a été estimée à 17,41% (18, 3% chez les femmes et 15, 3% chez les hommes). La situation est davantage alarmante à Casablanca où 38,7 % des patients se plaignent d'insomnie. 18,7% d'entre eux rapportent une insomnie transitoire et 20 % rapportent une insomnie chronique. Mais l'insomnie augmente avec l'âge, ainsi la tranche la plus touchée est comprise entre 41 et 50 ans, puis celle des plus de 60 ans. En général la qualité du sommeil dépend de ce qui c'est passé pendant la journée : le stress, l'anxiété, les problèmes personnels non résolus, l'érosion du pouvoir d'achat, les soucis de la vie, le bruit, le sentiment d'insécurité sont en général les principales causes de l'insomnie Une mauvaise hygiène de vie entraine aussi des conséquences néfastes, mais il y aussi certaines maladies qui peuvent être en cause. Parmi les conséquences des insomnies, il faut citer des problèmes de mémoire ou de concentration, une agitation, une anxiété et une fatigue diurne. Celui qui souffre d'insomnie finit par devenir irritable, hypertendu, il peut aussi présenter des troubles gastro-intestinaux. Le sujet insomniaque devient dépressif, insupportable pour les autres. Et les absences au travail, avec les accidents dus à la fatigue, représentent des problèmes considérables, dont les conséquences sont souvent sous-estimées. Une situation qui a tendance à altérer la qualité du sommeil voire à empêcher de dormir. La personne est entraînée dans un cercle vicieux qui rend la vie infernal. Quels sont les signes qui doivent amener à consulter ? Le sommeil est fondamental pour notre équilibre, et le manque de sommeil peut avoir des répercussions très négatives sur la qualité de vie ainsi que sur la santé physique et psychique. Il ne faut donc pas hésiter à consulter si l'insomnie se produit régulièrement (plus de trois fois par semaine et depuis plus de trois semaines), lorsque l'on se réveille fatigué tous les matins ou lorsque l'on est somnolent dans la journée. De même, si l'on constate un changement durable dans le rythme ou les habitudes de sommeil, il est souhaitable d'en parler à son médecin. Ce qui est fâcheux, c'est que bien souvent les insomniaques ne consultent pas leur médecin traitant ou s'ils le font, c'est pratiquement très tardivement. Ils sont nombreux à se traiter eux-mêmes par des méthodes qui aggravent la situation, c'est le cas de ceux qui noient leur nuits blanches d'alcool ou ceux qui n'hésitent pas à utiliser des drogues ou des médicaments. Nous connaissons les facteurs de risque suivants d'installation des insomnies: âge avancé, sexe féminin, autres problèmes de santé, maladies psychiatriques et stresses psychiques aspécifiques avec tension émotionnelle. Tout cela pour exprimer l'importance et la nécessité d'un traitement de ce problème à évolution en partie chronique. Malheureusement, les insomnies sont trop souvent considérées comme une fatalité, et non pas comme des problèmes pouvant être guéris, ou tout au moins atténués par un traitement ciblé. La prise de conscience des pathologies liées aux troubles du sommeil sont tellement récentes que ce n'est qu'en mai 2010 qu'a été inauguré à l'hôpital Mohammed V, le premier Centre régional du sommeil du Grand Casablanca qui est une initiative a mettre a l'actif de l'Association marocaine du sommeil et de la vigilance que préside le Dr Fouzia Kadiri, ORL. Cette association regroupe des spécialistes de différentes disciplines telles la psychiatrie, la cardiologie, l'endocrinologie, la pneumologie, la pédiatre... Ce qui reste peut-être à faire, c'est de procéder à une plus grande sensibilisation de notre population sur la nécessité de démystifier l'insomnie, de la situer dans son contexte, de permettre aux uns et aux autres de pouvoir bénéficier d'une consultation spécialisée. Mais pour cela, il va falloir revoir à la hausse le nombre de spécialistes du sommeil.