Le projet modifiant et complétant la loi relative aux télécommunications prévoit l'extension de réseaux en fibre optique pour la desserte des clients finaux. Les villes pourraient développer leur propre réseau de fibre optique et permettre aux opérateurs et aux entreprises d'en jouir moyennant une redevance. La fibre optique préparera le déploiement du très haut débit mobile, en l'occurrence la 5G. «La fibre optique est un pari risqué pour les opérateurs télécoms. L'investissement est lourd et la rentabilité non assurée. En outre, l'absence d'une loi flexible pour le partage des infrastructures bloque son développement. L'aménagement des villes, lui, ne prévoit pas la mise en place de cette technologie», lance d'emblée Ahmed Elazraq, directeur général de global communications development, opérateur d'ingénierie télécoms. Le marché du FTTH (Fiber to the Home) ou fibre optique est un segment émergent au Maroc. Le parc s'élève à près de 45 000 clients. Il est encore limité aux quartiers huppés de Casablanca et Rabat et n'a pas vocation à remplacer immédiatement l'ADSL fournie en exclusivité par Maroc Telecom. Et pour cause, le partage des infrastructures reste encore une problématique pour les opérateurs Inwi (10 000 km de fibre optique) et Orange (6000 km). Pour Orange, il existe trois facteurs-clés pour le succès du «Plan Fibre» marocain. «D'abord la possibilité de partager les infrastructures existantes dans des conditions techniques et financières favorisant leur exploitation. Ensuite, il faut pouvoir travailler conjointement et autour des mêmes objectifs de couverture avec les autorités locales. Enfin, il est nécessaire de mettre en place des solutions permettant d'atteindre un équilibre financier dans des zones à plus faible potentiel où la rentabilité est impossible selon les montages classiques», explique un responsable chez Orange. Le projet de loi n°121-12 modifiant et complétant la loi n°24-96 relative aux télécommunications prévoit des dispositions de nature à favoriser l'extension de réseaux en fibre optique pour la desserte des clients finaux dans un cadre clair et compétitif. Il propose également d'inclure le développement du haut et très haut débit dans le périmètre de l'aménagement du territoire. Ce projet de loi a été discuté en février dernier à la Chambre des représentants. En attendant, les opérateurs continuent d'investir. La fibre optique support de transition pour la 5G Maroc Telecom a annoncé 10 milliards de DH d'investissement pour la fibre optique, Orange investit 7 milliards et Inwi 10 milliards (y compris le très haut débit mobile). Outre les opérateurs télécoms, la ville peut aussi développer son propre réseau de fibre optique et permettre aux opérateurs d'en jouir moyennant une redevance. «A condition que la loi soit plus flexible, l'investissement des villes dans la fibre optique ouvrirait le champ à d'autres parties telles que des entreprises de services, notamment pour le développement de contenu marocain et de plateformes locales... L'Etat aurait à son tour, à y gagner en termes d'emplois, d'impôts versés...», commente M. Elazraq. Du côté de l'Etat, une réflexion est entamée au sujet des actions opérationnelles à engager pour contribuer au développement et à la pénétration de la fibre optique au Maroc. En plus de mécanismes de partage des infrastructures mis en place (pour les fourreaux, les appuis aériens, la fibre optique noire interurbaine...), sont envisagées, entre autres, la mise en place de spécifications techniques relatives aux installations et infrastructures télécoms à installer dans les nouveaux lotissements et nouveaux immeubles, tenant compte des récentes évolutions technologiques. Ces spécifications devraient contribuer à résorber tout déficit ou retard pouvant survenir pour les nouvelles habitations. Il est aussi envisageable d'examiner les possibilités de soutenir des projets de déploiement de fibre optique (backbone, liaisons inter-villes, FTTH, FTTC...) à l'échelle nationale. La fibre optique permet une vitesse de téléchargement du contenu jusqu'à 200 Mbps et sied au niveau d'utilisation actuel d'Internet mais préparera surtout l'entrée du Maroc dans l'ère de la 5G et du très haut débit mobile. Ce qui permettra de gérer de gros volumes de données pour les villes, l'industrie, les objets connectés et d'infiltrer le haut débit de la manière la plus dense possible pour générer du trafic. Cette technologie «sera un support de transition pour la 5G que les opérateurs marocains devraient déployer dans le moyen terme», résume M. Elazraq.