A la tête de l'autorité de régulation du marché financier, de 2001 à 2009, Dounia Taarji dirige son propre cabinet de conseil et de stratégie, Malya Conseil. Salaheddine Mezouar l'intègre dans son équipe en tant que vice-présidente en charge du capital humain et de la RSE. Dounia Taarji a été la première femme à occuper le poste de régulateur pour un secteur connu pour sa technicité, celui du marché financier. En 2001, la place casablancaise moribonde voit arriver une jeune femme, pionnière dans la banque d'affaires. «A ce moment, les autorités voulaient changer l'image du Conseil déontologique des valeurs mobilières (CDVM), rebaptisé Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC) en y mettant un professionnel du marché et tant qu'à faire, elles ont nommé une femme !», lance-t-elle. Et ce n'est certainement pas uniquement pour «faire joli» qu'elle a été maintenue à cette fonction jusqu'en 2009, malgré qu'elle ait formulé son souhait de quitter une année auparavant. «Je désirais retrouver mon indépendance et réintégrer le secteur privé sans pour autant avoir de la visibilité quant à mon avenir», explique-t-elle. Son départ a finalement coïncidé avec une étape cruciale dans la vie de son fils aîné, celle du baccalauréat. «Je voulais être présente, l'accompagner jusqu'à l'obtention de son bac et dans le choix de ses études», dit-elle. Six mois plus tard, mission accomplie ! Elle fut, aussitôt après, contactée pour monter une opération de fusion entre deux sociétés concurrentes. L'opération a donné lieu à l'enseigne de distribution informatique Disway, née de la fusion entre Distrisoft et Matel PC Market. «Une belle opération qui a duré six mois qui m'a motivée pour continuer. Dans la foulée, j'en ai réalisé une autre», raconte-t-elle. Une expérience réussie à la tête de Monitor Maroc Dounia Taarji avait, deux mois après avoir décroché son premier contrat, créé sa propre société Malya Conseil. Le destin met sur sa route une autre opportunité. Monitor Monde, le cabinet américain fondé par Michael Porteur, professeur à Harvard et référence en termes de stratégie, désirait s'implanter au Maroc. «L'aspect artisanal et expérimental pratiqué par Monitor m'a plu. J'ai donc accepté de les rejoindre et de monter la filiale marocaine», souligne-t-elle. Avant de conclure un accord définitif, pendant trois mois, Monitor est devenu client unique de Malya. «J'étais heureuse de rejoindre le cabinet, j'ai passé trois années géniales avec une superbe équipe de jeunes passionnés et brillants, à développer Monitor Maroc», reconnaît-elle. . De 2011 à 2013, Monitor Maroc réalise des missions de conseil sur des thèmes très variés comme le tourisme ou l'entreprenariat. Mais les choses se compliquent: «Monitor Maroc a été freiné dans son élan, lorsque le nouveau gouvernement décide du gel des commandes publiques en matière de conseil durant sa première année d'exercice. Or on avait plusieurs deals avec différents ministères», raconte-t-elle. Et de préciser : «Nous n'avions pas les reins solides pour y faire face». Une situation amplifiée par les soucis financiers que connaissait Monitor Monde aux Etats-Unis. Résultat : Deloitte rachète Monitor Monde. Après trois ans à la tête de Monitor Maroc, au printemps 2013, elle s'interroge de nouveau sur la voie à suivre. Elle revient donc à ses activités au sein de Malya Conseil. «J'avais développé une compétence en conseil et en stratégie, et parmi les sujets sur lesquels je travaillais se trouvait la RSE à travers la gouvernance», explique-t-elle. Cet intérêt remonte à l'époque où «en tant que régulateur, je faisais partie de la commission nationale de la gouvernance, qui a élaboré un certain nombre de guides». Elle estime que «la RSE est une façon de réformer le système de l'intérieur, en remettant au centre l'humain et les valeurs». Et de préciser : «Franchement, ceci m'a réconcilié avec l'entreprise. Cette dernière peut être un facteur de progrès et pas uniquement un prédateur». Son expérience dans les marchés financiers l'a amenée à ressentir «un certain dégoût face à l'avidité humaine». Plusieurs sociétés cotées l'ont cooptée administratrice Engagée depuis une dizaine d'année auprès de la CGEM dans la RSE et la labellisation, elle se voit proposer par Salaheddine Mezouar la vice-présidence, en charge du capital humain et de la RSE. «C'est dans la continuité. Il va falloir jongler avec tout ça!», estime-t-elle. Egalement administrateur indépendant au sein de plusieurs conseils d'administration dans des sociétés cotées, Dounia Taarji explique qu'il est attendu qu'elle «apporte une valeur ajoutée, une contribution aux idées, aux réflexions, à l'analyse». Celle qui garde de ces huit ans, à la tête du CDVM, «le sentiment d'avoir construit des choses», estime que «son travail dans la RSE au sein de la CGEM et à travers sa société privée lui permet à son niveau de faire avancer les choses». C'est ce même impératif qui l'a guidée, selon ses propres mots, durant son mandat au CDVM. «J'ai eu la chance d'y être à un moment où les regards n'étaient pas braqués sur ce poste car la situation du marché financier était mauvaise. Et du coup, j'avais une grande latitude, travaillant avec deux ministres qui m'ont fait confiance (Fathallah Oualalou et Salaheddine Mezouar), et qui m'ont appuyée quand j'avais des décisions importantes à prendre». [tabs][tab title ="La militante «féministe»"]En 2013, Dounia Taarji a cofondé avec Nezha Hayat, l'actuelle patronne de l'AMMC, le Club des femmes administrateurs (CFA). Une association qui vise à promouvoir les femmes dans des postes d'administrateurs. «Cette action vient en complément dans mon travail pour la gouvernance. Il faut accompagner l'évolution des femmes dans la vie professionnelle car c'est de cette manière que l'on fera bouger la société», explique Mme Taarji. Autre activité associative : Mentor'elles. Des femmes seniors accompagnent les trentenaires dans l'évolution de leur carrière à travers des séances de mentoring.[/tab][/tabs]