L'ONE installera 15 millions de LBC sur trois ans et les autres distributeurs, publics et privés, 7 millions Philips Electronique Maroc a remporté le premier appel d'offres pour livrer 5 millions de lampes 22 DH l'unité que le client paiera en 24 mois à raison de 1 DH par mois. Dans le vaste programme de gestion de la demande d'énergie lancé par les pouvoirs publics, le remplacement des lampes à incandescence (LI) par des lampes basse consommation (LBC) figure comme un axe majeur. Il faut savoir en effet que 60 % de la puissance maximale (ou de pointe) appelée est le fait des ménages, et parmi les usages les plus récurrents chez ces derniers, l'éclairage représente en moyenne 25% de l'énergie consommée. Normal puisque 80% des lampes utilisées par les ménages marocains sont des lampes à incandescence, énergétivores et, disent les spécialistes, transformant seulement 5% de la puissance appelée en lumière – le reste, nous le recevons sous forme de chaleur, les LI servant davantage à chauffer qu'à éclairer ! Une économie de consommation de 26% sur trois sites pilotes Selon le programme arrêté par le ministère de l'énergie et des mines, l'Office national de l'électricité (ONE) et les autres distributeurs (publics et privés), 22 millions de LBC devraient être installées d'ici 2012, en remplacement des LI. Une étude de marché réalisée par l'ONE en 2007 a montré que le taux de pénétration actuel des LBC ne dépasse pas 13%. Sachant que les clients de l'ONE sont au nombre de 3,6 millions, et à raison de 5 lampes par foyer, le potentiel des LI à remplacer par des LBC est de 15 millions de lampes. Selon le ministère de l'énergie et des mines, les autres distributeurs (Lydec, Redal, Amendis et les régies publiques) devraient procéder au remplacement de plus de 7 millions de LI par des LBC. En ce qui le concerne, le programme LBC de l'ONE, baptisé «Opération Inara», se déroulera en trois phases, avec, pour chaque phase, l'installation de 5 millions de LBC. Selon les estimations de l'office, chaque phase se traduira par un effacement de puissance de 200 MW et une économie dans l'énergie consommée de 300 GWh par an. Sur les trois sites pilotes où l'opération Inara a déjà été lancée en 2007 pour un total de 50 000 LBC, l'impact sur la demande s'est traduit par un taux d'effacement global à la pointe de 10% et une économie d'énergie (en terme de consommation) évaluée à 26%. La première phase du programme de généralisation des LBC a déjà démarré à l'ONE. Un appel d'offres international pour la fourniture de 5 millions de LBC a en effet été lancé et Philips Electronique Maroc, qui a remporté le marché, procédera à la livraison de cette quantité par lots de 1 million de LBC. Le premier million est livré en ce mois de juillet pour être installé à partir du mois d'août prochain. Selon le planning déjà arrêté, la livraison puis l'installation des 5 millions de LBC de la première phase devrait s'achever en mai 2009 ; les deuxième et troisième phases devant démarrer respectivement en 2009 et 2010. Il faut le souligner, car il y va de la réussite du projet, les LBC doivent répondre à des spécifications techniques bien précises et bien étudiées, garantissant la sécurité et la qualité du produit et respectant les normes environnementales. L'ONE, qui assure lui-même le service après-vente, offre deux ans de garantie pour ses produits. Quant au démarchage et à l'installation des LBC chez ses clients, l'ONE les a confiés à des installateurs agréés (Instelec), moyennant une commission fixée à 2,50 DH sur chaque LBC installée chez un client en post-paiement et à 3 DH pour les clients en pré-paiement. Cette commission est évidemment incluse dans le prix des LBC installées, qui est de 22,65 DH l'unité. Ce prix est réglé par le client sur 24 mois, à raison de 1 DH TTC par LBC intégré dans la facture d'électricité. L'opération, on le voit, est tout «bénéf» pour le client puisque non seulement l'utilisation des LBC lui permet de réaliser des économies en éclairage de l'ordre de 80 %, mais en plus, cette économie, il l'obtiendra presque pour rien !Selon le ministère de l'énergie et des mines, c'est ce même schéma que devraient suivre les autres distributeurs, publics et privés. Bien sûr, le projet a dû susciter des réticences chez ces derniers, dans la mesure où une économie d'énergie est synonyme pour eux de rétrécissement de chiffre d'affaires et de marges. Mais ces opérateurs, comme on le sait, ont signé le 8 juillet courant un contrat-programme avec les ministères de l'énergie et des mines et de l'économie et des finances. Pour autant, et quel que soit l'engagement des opérateurs, la réussite du projet LBC nécessite des mesures d'accompagnement. En particulier, la mise en application obligatoire par le ministère du commerce et de l'industrie des deux normes marocaines régissant les LBC, la promulgation d'une circulaire relative à la généralisation des LBC dans les administrations et les établissements publics, l'exonération de l'importation des LBC des droits de douane, l'élaboration d'une loi interdisant la commercialisation des lampes à incandescence. Ces mesures verront-elles le jour ? Ce sera sûrement difficile, du moins dans le court terme, car les fabricants de lampes à incandescence ne se laisseront pas ravir le marché aussi facilement…