Les prix varient entre 290 et 310 DH/q Au-delà du prix de référence de 300 DH/q, les minotiers doivent supporter le surplus Certains minotiers préfèrent puiser dans leurs stocks pour assurer la production. Aucours de la première quinzaine de juin, 4,2 millions de quintaux de céréales, constituées presque exclusivement de blé tendre, ont été collectées, sur une production potentielle estimée à 50 millions de quintaux. Selon l'Office national interprofessionnel des céréales et légumineuses (Onicl), les prix d'achat du blé varient entre 290 et 310 DH/q, le prix moyen se situant à 301 DH/q. Du coup, certains minotiers disent ne pas être intéressés par l'achat d'un blé dépassant le prix de référence, qui est de 300 DH/q. Pour une raison simple, c'est que pour stabiliser le prix du pain, l'Etat a fixé un prix cible de 260 DH/q, rendu moulin, offrant aux minotiers une restitution forfaitaire de 40 DH/q. Par conséquent, si les minotiers doivent acheter à plus de 300 DH/q, ils payeront de leurs poches le surplus. «Pour le moment, nous puisons dans nos stocks, car on ne peut pas acheter à plus de 300 DH/q», confie un opérateur. Deux questions se posent alors. La première est la suivante : le prix de référence, est-il un prix à la production ? «Normalement, oui», répond un professionnel des céréales qui dit se rappeler qu'au moment des premières discussions sur le sujet, les agriculteurs avaient même demandé 350 DH/q, pour, finalement, se voir offrir 300 DH/q pour un blé de qualité standard. Or, la circulaire conjointe des ministères de l'agriculture et de l'intérieur du 17 avril 2008 parle d'un prix de référence, certes payé au producteur mais intégrant toutes les charges (transport, manutention), marges (marge de rétrocession) et taxes (notamment taxe de commercialisation payée à l'Onicl). Cela veut dire que l'agriculteur, en réalité, ne pourra vendre au-delà de 270 à 280 DH/q. Ceci a d'ailleurs donné lieu à des interrogations de la part des producteurs, et les services du ministère de l'agriculture ont dû se rendre dans les régions pour mener des campagnes d'explication à ce sujet. Bien sûr, pour les gros exploitants, le problème ne se pose pas vraiment, leur poids étant tel qu'ils peuvent négocier au mieux la vente de leur récolte. Ce qui n'est évidemment pas le cas des petits agriculteurs. «Les agriculteurs, les céréaliers en particulier, ne sont pas organisés, à l'instar des minotiers par exemple, ou encore des importateurs; par conséquent, seuls les plus puissants ont une vraie capacité de négociation», explique un cadre dans un office régional de mise en valeur agricole (ORMVA). Au total, le prix de référence, ce n'est pas un prix garanti aux producteurs (cela n'a jamais d'ailleurs été le cas, selon le ministère de l'agriculture), mais une indication de prix pour une qualité standard. La deuxième question qui se pose, directement liée à la première, est celle de savoir pourquoi les organismes stockeurs achètent, malgré tout, à plus de 300 DH/q, sachant que les moulins, eux, ne peuvent payer plus de 300 DH/q (prix de référence). Et encore ! «Nous ne pouvons aller au-delà de 280-290 DH/ql, au maximum», confie un opérateur. Un milliard de DH d'arriérés de la compensation Si, malgré tout, les organismes stockeurs consentent des prix jugés «élevés» par les moulins (car pour les agriculteurs, ils seraient plutôt insuffisants, surtout que le blé de cette campagne est de meilleure qualité, selon les connaisseurs), c'est probablement pour le revendre, plus cher, dans le cadre du système de la FNBT (farine nationale de blé tendre). C'est en tout cas l'explication que tente un économiste spécialiste des questions agricoles. Dans cette hypothèse, c'est évidemment l'Etat, par le biais de la Caisse de compensation, qui en paiera le prix, puisque la FNBT (12,5 millions de quintaux de blé tendre), on le sait, est subventionnée. Et à propos d'ailleurs de la FNBT, signalons ici que les arriérés dus aux opérateurs, en l'occurrence les minotiers (environ un milliard de DH), n'ont pas été réglés depuis décembre 2007, date du dernier règlement, selon la profession. «Outre la question du prix, les arriérés réduisent également la capacité des moulins à intervenir sur le marché pour acheter le blé local», déclare la profession. Encore faut-il qu'elle (la profession) trouve quoi acheter ! A en croire certains intervenants, il n'y a en effet pas suffisamment d'offre, du fait que la récolte est déjà modeste ; d'aucuns estimant que le niveau de récolte annoncé pourrait ne pas être atteint .