L'ONICL (Office national des céréales et légumineuses) n'a pas réussi à boucler le programme des 12,5 millions de quintaux de blé tendre destinés à FNBT. Un appel d'offres sera lancé ce vendredi 18 mai. Les opérateurs disent manquer de visibilité à cause des dysfonctionnements du système et des prix élevés à l'international. C'est aujourd'hui, 18 mai, que l'ONICL (Office national interprofessionnel des céréales et légumineuses) lance un appel d'offres, le quatrième, pour l'achat de blé destiné à la farine nationale de blé tendre (FNBT). C'est que cet organisme, qui régule le marché des céréales, n'est pas parvenu, à ce jour, à boucler les fameux 12,5 millions de quintaux de blé tendre local destinés à la fabrication des 10 millions de quintaux de FNBT. Il manque encore 500 000 quintaux qu'il faudra trouver, soit sur le marché local, soit en faisant appel à l'importation. Pourtant, la récolte 2005/2006 a atteint 91,6 millions de quintaux (pour les quatre principales céréales) dont 42,3 millions de blé tendre. La collecte, elle, a également été très importante, atteignant près de 25 millions de quintaux de blé tendre, soit une hausse de 56 % par rapport à la campagne précédente. 286 à 300 DH le quintal de blé importé En fait, depuis le 16 février dernier, date oà1 prend fin la prime de magasinage (2 DH par quintal et par quinzaine) offerte dans le cadre du nouveau système de commercialisation mis en place depuis l'été dernier, les organismes stockeurs n'ont plus intérêt à garder le blé pour le vendre dans le cadre d'appels d'offres. Ils ont, semblet- il, préféré le vendre librement à des prix plus intéressants. Peut-être ont-ils même vendu leurs stocks avant le 16 février, compte tenu de l'opportunité qu'offre le marché, marqué par une protection douanière suffisamment dissuasive pour toute importation (les droits de douane n'ont été réduits à 60 % qu'à partir du 19 février 2007). Un autre élément est aussi avancé par les opérateurs pour expliquer la non-réalisation, à ce jour, des 12,5 millions de quintaux de blé tendre : l'éloignement des lieux de collecte et de stockage par rapport aux moulins. Il semble à cet égard que le peu de blé tendre qui peut être encore mobilisé se trouverait à Fès, ce qui évidemment n'arrange pas les affaires des minotiers d'Agadir par exemple (surcoût, en transport notamment). Bref, cette situation a fait que le troisième appel d'offres lancé le 26 avril dernier pour 1,5 millions de quintaux a obtenu une offre pour 1 million de quintaux seulement.D'oà1 le déficit de 500 000 quintaux signalés plus haut. Comme les moulins doivent quand même tourner, surtout ceux qui ont investi et qui disposent de capacités encore sous-utilisées, et compte tenu par ailleurs du très bas niveau des stocks (le problème des stocks de sécurité est d'ailleurs un dossier qui mérite d'être examiné), le recours aux importations s'impose – du reste une partie, au moins, des 500 000 quintaux manquants proviendra probablement des importations. Or, là aussi, il y a problème car, à l'heure actuelle, les prix mondiaux du blé sont encore élevés : 286 DH le quintal pour le blé de l'UE et 300 DH le quintal pour le blé américain. Plus encore que le prix lui-même, l'absence de visibilité, générée il faut le dire par cette gymnastique qu'est la gestion de la FNBT, pose d'énormes problèmes aux opérateurs. Aucun n'est aujourd'hui en mesure de programmer ses achats à l'avance, donc de négocier ses prix, de choisir ses moyens de transport, etc. En somme, les minotiers sont pris en sandwich entre deux logiques : celle qui veut garantir un prix rémunérateur au producteur national, et une autre qui s'intéresse au pouvoir d'achat des couches défavorisées.Tout le monde pourtant, certains ouvertement, d'autres de manière plus discrète, admet que ce système a atteint ses limites. Qui peut prétendre en effet avoir un jour acheté un kg de farine nationale à 2 DH/kg ? C'est pourtant autour de cet objectif qu'est bâti, dans toute sa complexité, le système de la réglementation de la FNBT.