Comme prévu, l'Etat a décidé de maintenir les prix de la farine subventionnée (issue du blé tendre). Ces derniers ont ainsi été fixés à hauteur de 325 DH le quintal. Celle destinée aux provinces du Sud, dite «farine spéciale», coûtera, elle, 342 DH/qt, tel que publié dans le dernier Bulletin officiel daté du 28 juin. «Les prix n'ont pas changé cette année. Ils ont été arrêtés en commun accord avec les professionnels», indique ce minotier. La prochaine étape consistera à définir les quantités de blé tendre à passer sous le giron de la subvention étatique. L'année dernière, ces quantités tournaient autour de 10 millions de quintaux. Cette année, les professionnels s'attendent à une légère diminution de ces quantités (en raison de la baisse de la production céréalière). «Le blé tendre est cédé à la minoterie destinataire au prix de 258,80 Dh/ql, livré moulin pour une qualité standard. La différence entre le prix retenu lors des consultations et le prix de cession sus-indiqué fera l'objet d'une régularisation entre l'ONICL et le titulaire», lit-on dans le dernier appel d'offres de l'Office national interprofessionnel des céréales et légumineuses (ONICL) pour la collecte de blé tendre, destinée à la fabrication de la farine subventionnée. Rappelons que ce dernier est collecté par l'ONICL, à travers des appels d'offres. Deux ont été lancés jusque-là : Le premier le 16 juin et le second le 2 juillet. Généralement, les consultations sont ouvertes aux organismes stockeurs admissibles (commerçants céréaliers ainsi que les coopératives agricoles marocaines et leur Union), durant la période allant de la date d'admissibilité jusqu'au 31 mai 2011. Comme décidé en 2008, les sacs de farine nationale de blé tendre écoulé dans le commerce de détail porteront le prix de vente, visible en gros caractères (estampillage supporté par les minotiers, selon le texte de loi, surtout concernant les sacs de 50 Kg). Un meilleur ciblage De fait, l'Etat continuera à subventionner la farine nationale et le consommateur ne verra pas augmenter le prix du pain, notamment dans les zones ciblées par les contingents de farine subventionnée. Cette farine subventionnée devrait être répartie sur les régions et les différents minotiers du Royaume. Il est prévu que l'Etat se base sur la carte de la pauvreté pour répartir le blé subventionné. Et ce sont les zones défavorisées qui devraient être privilégiées. Le nouveau ciblage de la farine subventionnée était, depuis belle lurette, dans l'agenda de Nizar Baraka, ministre chargé des Affaires économiques et générales. Depuis l'année dernière, les équipes de Baraka, en collaboration avec celles du ministère de l'Intérieur et celles du département de l'Agriculture, tentent de confronter la carte de distribution des quotas de farine subventionnée avec la carte régionale de la pauvreté (datant de 2005). Pour Mohamed Jamaleddine, minotier et patron de l'enseigne Tria, si l'Etat réussit le pari de l'affichage obligatoire des prix sur les produits subventionnés et en révisant la répartition des produits sur la base de la répartition de la pauvreté, il «contribuera considérablement à un meilleur ciblage de la farine subventionnée». L'importation, inévitable ? Si les prix de la farine subventionnée n'ont pas connu de changement sensible, ceux des céréales ont, par contre, été revus à la hausse. Fin mai dernier, la tutelle avait, en effet, décidé la revue à la hausse des prix de référence des céréales sur le marché. Ceux-ci avaient été fixés à hauteur de 280 DH le quintal, au lieu de 270 DH l'année dernière. Une hausse de 10 DH qui va bénéficier à l'agriculteur, selon plusieurs minotiers de la place. Une autre mesure qui devrait participer à l'écoulement de la production locale : l'entrée en application de la surtaxe sur les droits d'importation du blé début juin dernier. Ces droits vont passer de 90% à 135%. Cependant, la tutelle n'a pas apposé une date de fin d'échéance à sa décision de surtaxer les importations de blé tendre. Si aucune échéance n'a été annoncée, c'est qu'«on ne sait pas encore comment va se dérouler cette campagne», estime cet observateur. Autrement dit, les vannes de l'import peuvent être ouvertes, si jamais les stocks nationaux ne suffisent pas aux besoins des industriels. Une situation qui perturbe les calculs des minotiers qui appellent «à plus de visibilité».