La région de Nouaceur se taille la part du lion : 12 000 ha supplémentaires. 4 000 ha pour Casa, 6 000 ha pour Mohammédia et Mansouria, 3 300 ha pour Médiouna. Une diminution de la population du centre-ville est à l'ordre du jour. La population de Nouaceur dépassera le million d'habitants en 2030. Une nouvelle décharge à Nouaceur et une station d'épuration à Sidi Bernoussi sont dans le pipe. Cap vers la périphérie. C'est le mot d'ordre du nouveau schéma directeur d'aménagement urbain (SDAU) de la métropole, selon des documents officiels auxquels La Vie éco a eu accès. L'Agence urbaine veut mettre fin au clivage est-ouest qui marque le Grand Casablanca. Pour y arriver, elle compte doter les pôles périphériques de grands moyens : ouverture de quantités d'hectares à l'urbanisation, projets structurants, facilités de transport en commun, etc. Le stade que le quartier de Sidi Moumen accueillera est par ailleurs un bon exemple de la stratégie préconisée. «Plus question de réserver l'activité tertiaire et les beaux quartiers à l'ouest tandis que les populations défavorisées et les industries s'entassent à l'est», indique une source autorisée proche du dossier. De fait, l'information concernant le schéma directeur d'aménagement urbain du Grand Casablanca tombe au compte-gouttes. Les responsables souhaitent éviter au maximum les risques de spéculation suite à l'annonce du développement urbain ou de l'aménagement de telle ou telle zone. C'est donc à huis clos que l'Agence urbaine du Grand Casablanca a présenté à son comité de pilotage, mercredi 26 mars, les derniers détails concernant le SDAU. Ce comité est formé des présidents d'assemblées préfectorales et électorales, du président de la région et des villes de Casablanca et Mohammédia, des walis et gouverneurs, des directeurs des centres régionaux de tourisme et d'investissement et, enfin, des Chambres professionnelles. Des représentants des ministères de l'habitat, du commerce et de l'industrie, de l'équipement et des transports, de l'éducation nationale et de la santé étaient aussi de la partie. Une fois validé par cette équipe, le SDAU reprendra en mai son chemin vers les élus des assemblées, afin de recevoir un avis. Ensuite, les procédures d'homologation seront entamées à Rabat. Le SDAU doit être approuvé par décret de la Primature sur proposition du ministère de l'intérieur. D'aucuns s'accordent à dire que les retards accumulés sont déjà suffisamment importants. «Nous allons lancer le schéma bien avant que les détails administratifs ne soient complètement réglés», indique-t-on. Deux grands parcs urbains à Casablanca De toutes les préfectures ou provinces, c'est sans doute celle de Nouaceur qui subira le plus fort changement. La population, selon les prévisions du SDAU, devrait y atteindre 1,12 million d'habitants en 2030, contre 235 551 en 2004. Les superficies réservées aux parcs d'activités passeront de 1 097 à 3 000 hectares. C'est également dans cette région que les plus importantes zones d'urbanisation seront ouvertes, avec 11 298 hectares supplémentaires. La région de Mohammédia et Mansouria se transformera également en pôle périphérique de première importance. L'Agence urbaine souhaite que sa population passe de 324 875 habitants (chiffre de 2004) à 940 000 en 2030. Pour accompagner cette «ruée», 8 600 hectares seront ouverts à l'urbanisation, et 2 400 aux zones d'activités. Le troisième axe de développement intense est celui de Médiouna, dont la population fera plus que tripler dans les 22 prochaines années. En effet, la région comptait en 2004 quelque 122 103 habitants, mais devra accueillir près de 400 000 nouveaux venus d'ici 2030. Pour ce faire, Médiouna gagnera 4 900 hectares pour l'urbanisation, et 1 300 pour les activités. 17 000 hectares de plus au centre-ville Pour ce qui est du centre-ville, le SDAU est clair et net: «Limiter sa croissance urbaine pour se doter du temps nécessaire à sa remise à niveau globale». L'Agence urbaine admet qu'il y a là beaucoup de travail : compléter le maillage du réseau routier principal dans le cÅ"ur de l'agglomération, mener à bon port les travaux d'aménagement de la corniche, multiplier les espaces verts, etc. Si bien que le souhait des autorités compétentes est de faire chuter la population du centre urbain de près de 300 000 personnes ! La ville de Casablanca comptait près de 3 millions d'habitants en 2004, mais l'Agence urbaine compte bien faire en sorte que sa population ne dépasse pas les 2,65 millions en 2030. Quelque 17 000 hectares seront tout de même ouverts à l'urbanisation, mais seulement 2 900 hectares supplémentaires seront dédiés aux activités. Deux grands parcs urbains y seront aménagés, en plus d'une nouvelle station d'épuration des eaux à Sidi Bernoussi. Une deuxième gare routière Il faut dire que la question de l'environnement doit se poser dès maintenant. En effet, le Grand Casablanca devrait consommer 305 millions de m3 d'eau à l'horizon 2030, et générer deux millions de tonnes de déchets solides. C'est dans la province de Nouaceur que sera aménagée une seconde décharge. Au total, la grande région de Casablanca comptera, selon les calculs de l'Agence urbaine, 5,1 millions d'habitants d'ici 22 ans. Pendant cette période, la superficie urbanisable atteindra 46 000 hectares, et les zones d'activité et d'équipement 9 600 hectares. Les responsables de l'Agence urbaine l'avaient déjà annoncé lors de la présentation du plan stratégique de développement, en février dernier: «un effort d'équipement sans précédent sera déployé au niveau des réseaux routiers et des transports en commun». Ainsi, la gare routière sera dédoublée, et une deuxième station sera construite dans la zone d'Anfa-Zenata. Deux lignes de tramway seront d'abord construites à Casablanca. L'itinéraire de la première est déjà dessiné : elle partira de Sidi Moumen pour arriver jusqu'à Hay Hassani. Pour ce qui est du réseau ferroviaire, les services urbains et interurbains seront éventuellement dissociés l'un de l'autre. La construction d'un tunnel ferroviaire en plein centre-ville est également dans le pipe.