La production de nouveaux crédits a crû de 8,5% et l'encours de 7,4%. Les opérateurs reprennent la main face aux banques qui se contentent d'une hausse de leur encours de 4,3%. Le crédit auto classique reprend le dessus sur la LOA. Serait-ce le retour des beaux jours pour les sociétés de crédit à la consommation ? Les opérateurs réalisent en tout cas une belle prestation à fin septembre, selon les statistiques non encore rendues publiques de l'Association professionnelle des sociétés de financement (APSF). En effet, la production globale (prêts affectés et non affectés) progresse de près de 8,5%, à 11,5 milliards de DH sur les 9 premiers mois de l'année par rapport à la même période de 2016. Un niveau de croissance que n'avait pas connu le secteur depuis bien longtemps et qui conforte le redressement de la production de 6% constaté déjà au premier semestre. Le stock de financements détenu par les sociétés spécialisées, établi à près de 42,9 milliards de DH (encours sain), progresse ainsi de plus de 7,4% par rapport à septembre 2016. Cela rassure les opérateurs qui s'inquiétaient de voir leurs encours sur les dernières années augmenter en dessous de la barre des 5%, compromettant la pérennité de l'activité. Cerise sur le gâteau, l'encours de créances en souffrance du secteur, établi à un peu plus de 5 milliards de DH, se contracte entre septembre 2016 et le même mois de l'année en cours de 3,8%. Avec ces réalisations, les sociétés spécialisées reprennent progressivement la main face aux banques qui ont redoublé d'agressivité sur ce marché depuis quelques années. A présent, les établissements se contentent d'une progression de 4,3% de leurs crédits à la consommation sur une année glissante, à près de 51 milliards de DH. Cependant, les banques continuent de dominer en termes de part de marché en captant 54% des 94 milliards de DH de crédits à la consommation accordés actuellement au niveau national. Les impayés peuvent repartir à la hausse l'année prochaine Sans surprise, c'est grâce au prêt affecté et notamment le crédit auto que les sociétés spécialisées sont en train de remonter la pente. Les nouveaux financements de véhicules affichent en effet une progression appréciable de 12%, à plus de 7,1 milliards de DH sur les 9 premiers mois de l'année. Il est intéressant de noter que cette hausse est pour la plus grande partie le fait du crédit auto classique plutôt que la location avec option d'achat (LOA), ce qui contraste avec la tendance observée il y a encore quelques mois. Les nouveaux crédits de la première formule progressent de plus de 19%, à près de 4 milliards de DH quand la deuxième n'affiche qu'une hausse de 4%, pour un volume de 3,3 milliards de DH. Les opérateurs ont volontairement ralenti la cadence sur la LOA car la concurrence a fait chuter la marge dégagée sur cette solution au plus bas, ce qui risquait de porter un coup à la rentabilité des fonds propres des sociétés. Ne pas en déduire pour autant que le crédit classique règle tous les problèmes. Selon les professionnels, «pour encourager la distribution de ce type de financements, les sociétés peuvent se montrer plus conciliantes que d'habitude en matière d'appréciation du risque de la clientèle». Ainsi, une réorientation à la hausse des créances en souffrance n'est pas à exclure sur les mois à venir et celle-ci est anticipée par certains opérateurs à partir du deuxième semestre de l'année prochaine, considérant le délai moyen dans lequel un nouveau financement tombe en défaut. La question se pose en outre de savoir si le contexte restera propice pour alimenter la croissance du crédit auto, sachant que les ventes de véhicules neufs sont en bien moins bonne forme sur les derniers mois (les ventes ont chuté de 11% en novembre et elles affichent une hausse de 4% depuis le début de l'année). En parallèle, la situation du prêt personnel, métier historique des sociétés spécialisées, évolue peu. La production de ce type de financement continue de progresser timidement de 2,8% sur les 9 premiers mois de l'année, à 4 milliards de DH. En se contentant d'un tel volume de nouveaux crédits, les sociétés ne parviennent même pas à remplacer les financements personnels arrivés à échéance. En effet, leur encours de prêts personnels s'érode sur les 12 derniers mois de près de 3,7%, à 18,7 milliards de DH. Cela contribue au final à renforcer davantage la dépendance des sociétés, du prêt affecté qui représente près des deux tiers de leur production et dont l'encours, totalisant 24,2 milliards de DH, pèse désormais 56% de leur stock de financement.