L'ASPME se penche sur le parachèvement de la mise en œuvre du cadre légal qui régit le secteur. Elle œuvre aussi pour l'application des mesures incitatives prévues par la loi pour l'accompagnement du secteur. Un «mémorandum» portant les doléances du secteur a été remis aux ministres de tutelle. Comment évaluez-vous la qualité de l'enseignement dispensé par les écoles privées, au vu de leur nombre sans cesse croissant et de la prolifération des filières? Tout d'abord et pour éviter de rester sur de fausses perceptions, il est important de rétablir les faits. L'enseignement supérieur privé compte aujourd'hui plus de 220 établissements autorisés par le ministère de tutelle mais il n'y en a que 180 qui sont opérationnels à travers le Royaume. Leur nombre ne cesse de diminuer. En parallèle, les effectifs en formation dans l'ensemble des établissements oscillent autour de 40 000 étudiants, tous établissements confondus et ce nombre est lui aussi en baisse depuis ces dernières années. Mais l'effectif global capté par le secteur privé ne représente que moins de 5% de l'ensemble des effectifs de l'ensemble du système. D'autant que les effectifs des nouveaux étudiants qui font chaque année le choix de l'enseignement supérieur privé ne représente lui aussi que 4,5% des effectifs globaux admis dans l'ensemble du système national. En revanche, le secteur privé de l'enseignement supérieur se caractérise par sa richesse, sa diversité, son efficacité et la qualité de ses formations. En effet, la diversité des filières disponibles dans le secteur privé témoigne d'une grande flexibilité pour s'adapter aux différentes situations et répondre à la demande des entreprises et des candidats. Cette capacité de réponse permet d'ajuster les formations à l'emploi. C'est donc une force qui dénote d'une ingénierie pédagogique sans cesse renouvelée. D'autre part, la richesse du secteur privé réside dans les enseignements dispensés qui, pour la plupart des établissements, sont novateurs au niveau des modèles pédagogiques adoptés. Ces modèles placent l'étudiant au centre du système et organisent son épanouissement. Il faut savoir aussi que l'efficacité du système ressort des taux d'insertion enregistrés par les écoles supérieures privées qui sont très élevés et qui constituent donc l'argument principal du secteur. Enfin, le secteur de l'enseignement supérieur privé national existe depuis une quarantaine d'années et a formé des milliers de cadres pour les entreprises des différents secteurs économiques et a contribué de façon décisive au développement économique et social du pays. Bien entendu, il faut rappeler aussi que le secteur privé s'active dans le cadre des orientations nationales sous la tutelle du ministère de l'enseignement supérieur qui en assure le contrôle et la régulation. Bien des écoles privées ont obtenu la reconnaissance de l'Etat et d'autres ont reçu l'accréditation de filières. Que rajoutent ces reconnaissances /accréditations aux écoles. Sont-elles vraiment un critère de choix des étudiants ? Pour bien comprendre, il faut rappeler ici les dispositions de la loi 01-00 qui porte organisation de l'enseignement supérieur au Maroc. Celle-ci stipule que l'accréditation d'une filière se fait sur la base d'un cahier des charges strict comportant des critères qualitatifs et respectant «les normes pédagogiques nationales». Le travail d'évaluation et d'expertise de la filière candidate à l'accréditation est confié aux experts de l'Agence nationale d'évaluation et de la qualité. La loi précise qu'une filière accréditée est une filière de qualité et, par conséquent, accorde aux diplômés de ces filières l'équivalence avec les diplômes publics de même niveau. La reconnaissance est, en revanche, accordée aux établissements dont toutes les filières sont accréditées et qui respectent un autre cahier des charges. Tous les diplômes délivrés par les établissements reconnus sont considérés comme équivalents aux diplômes publics. Ceci étant, quels sont les conséquences qui accompagnent l'équivalence des diplômes? En effet, l'équivalence accordée aux diplômes privés permet aux lauréats des écoles privées de pouvoir se présenter aux concours d'embauche dans la fonction publique ; de pouvoir poursuivre des études dans une université ou école publique dans le cadre des passerelles , par exemple, pour effectuer un Master ou un Doctorat et de pouvoir accéder à un certain nombre de métiers réglementés (expert-comptable, etc.) Maintenant, votre question prend tout son sens et on peut légitimement se poser la question de savoir si ces accréditations/reconnaissances constituent vraiment un critère de choix des étudiants ? Pour ma part, je pense que ces «labels» sont nécessaires mais non suffisants. En effet, l'étudiant qui est principalement intéressé par «l'équivalence» du diplôme pour travailler dans le public n'est pas naïf. Il va aller s'inscrire directement à la Faculté la plus proche. Ses diplômes sont publics et, en plus, les études à la Fac sont gratuites. Je pense que les étudiants qui font le choix du privé le font d'abord en considération de la qualité des formations qui y sont dispensées et du fait que ces formations conduisent à l'emploi. En tant que président de l'AESPME, quels sont les grands chantiers auxquels vous comptez vous atteler cette année ? L'AESPME travaille sur plusieurs chantiers, dont notamment ceux qui constituent sa priorité cette année. A ce titre, elle œuvre pour le parachèvement de la mise en œuvre du cadre légal qui régit le secteur et principalement l'activation effective des dispositions de la loi 01-00 en ce qui concerne l'article 52 qui reconnait le droit des lauréats des filières accréditées d'avoir l'équivalence des diplômes pour poursuivre leurs études en Doctorat, entre autres. Elle œuvre pour l'application des mesures incitatives prévues par la loi pour l'accompagnement du secteur et principalement celle relative à la solvabilisation de la demande à l'instar de ce qui est pratiqué dans le secteur de la formation professionnelle. L'association a un devoir d'alerter les pouvoirs publics sur les pratiques malsaines de certains établissements publics qui mélangent entre les DU (Diplômes Universitaires) et les Diplômes nationaux (Licence, Master) et qui pratiquent une concurrence déloyale. De même, elle œuvre pour la mise en place d'un cadre juridique et pédagogique permettant le regroupement d'établissements privés «moyennes structures» pour atteindre une masse critique nécessaire pour accéder à des degrés plus élevés dans la qualité. Enfin, tout ceci se fera par le dialogue avec le département de tutelle dans le cadre des institutions en place. Avez-vous des doléances à présenter ou qui ont déjà été présentées au gouvernement? Quelles en sont les principales et où en êtes-vous actuellement? L'arrivée de la nouvelle équipe ministérielle au niveau de la tutelle a soulevé un nouvel élan d'espoir pour que le secteur retrouve son dynamisme et sa croissance et trouve enfin une solution à ses contraintes. Juste après l'arrivée de cette équipe, les représentants du secteur privé ont été reçus par le ministre de l'éducation nationale, de la formation professionnelle, de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique ainsi que par le Secrétaire d'Etat chargé de l'enseignement supérieur, entourés de leurs staffs. Cette rencontre a été cordiale et un «mémorandum» portant les doléances du secteur a été remis aux ministres. En principe, il en est ressorti qu'une commission ad hoc comprenant des représentants de la tutelle et des responsables du secteur (Fédération et associations) devait être constituée pour trouver rapidement les solutions qui s'imposent.Nous attendons toujours la réunion de cette commission, mais nous avons confiance en la détermination des ministres et leurs volontés d'accompagner le secteur pour qu'ils réalisent les objectifs qui lui sont assignés.