Je suis responsable d'une équipe de techniciens et dernièrement j'ai été injuste envers l'un d'eux. En fait, je ne disposais pas de toutes les informations et j'avoue que j'ai réagi un peu trop vite. Je l'ai donc sanctionné à tort. J'ai appris dernièrement qu'il n'avait rien à voir dans cette erreur. Bon, il aurait pu «mieux se défendre» parce qu'en réalité il n'a rien dit quand je l'ai sanctionné mais aujourd'hui je me demande si je dois reconnaître mon erreur ou me taire, car ma crédibilité de manager est en jeu. Que me conseillez-vous ? K.P.- Rabat Reconnaissez vos propres erreurs. C'est un des principes Dale Carnegie le plus percutant surtout quand il s'agit d'affirmer son leadership! Car vous vous situez au-dessus de la mêlée en agissant de la sorte: être capable d'avouer une erreur ne maintient pas votre crédibilité, il la bâtit ! C'est aussi un signal fort transmis à vos équipes : vous leur permettez de faire de même et ainsi d'éviter les erreurs bien «mûres» qui ont eu le temps de prendre des proportions incroyables parce que personne n'a osé les avouer. Aussi, oui, reconnaissez votre erreur, sans pour autant vous accuser de TOUS Les maux. Soyez sobre mais claire dans votre mea culpa. Commencez d'abord par le principal concerné puis communiquez aussi au reste de l'équipe. Cela vous demandera un peu de courage et peut- être aussi un plongeon dans votre zone d'inconfort tant nous ne sommes pas à l'aise avec nos erreurs alors qu'elles peuvent être une source d'enseignement et une force que l'on ne soupçonne pas ! Libérez la parole ! Si votre collaborateur ne s'est pas défendu alors que vous le confrontiez -à tort- à sa soi-disant erreur, c'est qu'il y a là un dysfonctionnement important au sein de votre équipe. Un dysfonctionnement à mon sens qui prend sa source dans le niveau de confiance, de communication et d'écoute que vous avez insufflé. Un collaborateur qui a confiance en lui et en son supérieur n'hésite pas à s'exprimer et surtout lorsqu'il est accusé à tort. Et un manager qui sait écouter détecte ces moments d'hésitation et de silence et fait en sorte de FAIRE PARLER son collaborateur. Alors, aujourd'hui, cet événement doit vous questionner.Avez-vous su libérer la parole au sein d votre équipe? Ou juste créer une équipe de béni-oui-oui, qui finira par vous amener à faire d'autres erreurs? Savez-vous écouter? Comment gérez-vous la contradiction ? Prendre le temps de répondre à ces questions sera un exercice on ne peut plus intéressant pour mieux vous connaître dans votre style de leadership. Impulsivité et leadership Nous avons tellement pris l'habitude de parler de nos qualités, d'amélioration ou de progrès que nous avons fini -je crois- par occulter, voire interdire de séjour dans nos réflexions, nos DEFAUTS ! Or, nous ne serions pas humains si nous n'avions pas des défauts, n'est-ce pas ? Et si l'un des vôtres était l'impulsivité ? Car vous avez semble-t-il réagi un peu vite lors de cet incident… Vous n'avez pas pris le temps de rassembler tous les faits, de prendre du recul et surtout de mieux canaliser vos émotions. Le résultat, vous le connaissez... Aussi, parfois, il suffit simplement d'avoir conscience d'un de nos défauts pour «l'amoindrir». Mais la réflexion doit être plus aboutie sur le sujet : qu'est-ce qui a déclenché cette impulsivité ? Quelle était donc cette faute qui vous a fait sortir hors de vos gonds ? Est-ce un sentiment de perte de contrôle, une peur de l'image néfaste que vous auriez pu donner à vos supérieurs, une crainte de remise en question de votre autorité ? En répondant à cette question, vous aurez identifié l'un de vos déclencheurs émotionnels et cela vous sera grandement utile pour, à l'avenir, mieux gérer ce type de situation. Laissons le mot de la fin au romancier Jean Dutourd: «On arrive bien souvent à la vérité par le chemin de l'erreur». A vous de jouer.