En 2016, les débarquements ont atteint environ 60 000 tonnes dont 50% de poulpe. Le stock du poulpe s'améliore sous l'effet des plans d'aménagement des pêcheries et le renforcement du contrôle des navires dans le cadre d'Halieutis. Des barrières tarifaires élevées contrarient l'accès aux marchés chinois et sud-coréen. Les opérateurs marocains de la pêche industrielle renouent avec la prospérité d'avant la grande crise de 2003. C'est en tout cas ce que laissent entendre les professionnels du secteur, rassemblés dans l'Association professionnelle des armateurs de la pêche hauturière au Maroc (Apapham). En effet, les débarquements ont atteint en 2016 environ 60 000 tonnes dont 50% de poulpe pour une valeur à l'export de 550 millions de dollars (5,5 milliards de DH), à en croire les chiffres communiqués par l'Apapham à La Vie éco. «Après avoir connu une période faste, le secteur de la pêche hauturière a vécu une grande crise suite à l'effondrement en 2003 du poulpe, principale espèce ciblée par les navires hauturiers», rappelle Saad Tazi, directeur de l'Apapham. A cette époque, la production de poulpe qui s'élevait à 120000t avait chuté de façon drastique à 12 000t, forçant ainsi une bonne partie des sociétés à abandonner le secteur, alors que d'autres ont dû leur salut à leur mise en redressement judiciaire. Selon notre interlocuteur, la reprise de l'activité dans le secteur qui s'est confirmée à partir de 2015 par une progression de la production est le fruit d'efforts consentis depuis plusieurs années tant par le département de tutelle que par les professionnels. En clair, la stabilisation et la reconstitution des stocks de poulpe dans le cadre de la stratégie Halieutis ont permis aux opérateurs de retrouver le chemin de la croissance. L'autre facteur qui a favorisé la reprise est la baisse du prix du gasoil. «Grâce aux plans d'aménagement des pêcheries et le renforcement du contrôle via la géolocalisation des navires par satellite (système VMS), la production nationale globale de poulpe a commencé à reprendre pour atteindre des niveaux acceptables», détaille Saad Tazi. Croissance maîtrisée du secteur Dans son rapport publié en août 2016 sur l'état des stocks et des pêcheries marocaines, l'Institut national de recherche halieutique (INRH) a présenté des résultats corroborant l'élan durable de la croissance du secteur. «Le stock principal de poulpe connaît une amélioration au passage de l'année 2014 à 2015 dans la zone Atlantique Sud. Plusieurs facteurs sont à l'origine de ce recouvrement ressenti ces dernières années. Il s'agit en particulier de l'effet de la réduction de l'effort de pêche et du renforcement des mesures d'aménagement (zoning, repos biologique généralisé, VMS…) qui semblent montrer leur impact positif, ajoutés aux effets des conditions hydro-climatiques favorables à la régénération de ce stock», est-il indiqué dans le rapport. Ce constat est d'autant plus réconfortant que la zone Atlantique Sud concentre quasiment l'ensemble du stock de poulpe. Ce dernier avec les autres espèces appartenant à la famille des céphalopodes (seiche et calmar) sont, pour rappel, exclus des accords de pêche du Royaume avec l'Union européenne, la Russie et le Japon. Selon le directeur de l'Apapham qui était un des premiers cadres du département de la pêche au Maroc, la flotte européenne est constituée actuellement d'une centaine de navires espagnoles alors que les Russes et les Japonais disposent chacun d'une douzaine de navires. Ces deux derniers pays pêchent au large des eaux marocaines respectivement les petits pélagiques (sardines, chinchards, maquereaux) et les thonidés. La production du secteur est destinée à l'export avec comme principale destination les pays de l'Union européenne et le Japon. La volonté des opérateurs de s'ouvrir sur d'autres marchés comme la Chine et la Corée du sud se heurte à l'existence de barrières tarifaires trop élevées. [tabs][tab title ="La pêche hauturière marocaine en chiffres"]D'après l'Apapham, ce secteur compte 62 sociétés marocaines, tandis que la flotte est constituée de 270 navires construits en acier et dotés de système de congélation à bord, ce qui leur permet d'effectuer de longs séjours en mer (2 à 3 mois). Les caractéristiques techniques de ces usines flottantes sont les suivantes: une longueur de 30 à 40 m, une puissance motrice entre 750 et 1 200 cv et un tonnage moyen de 250 à 300 TJB. La pêche hauturière représente en 2016 quelque 5% des quantités de poissons capturés et 60% de la valeur totale. Elle emploie directement 10 000 cadres navigants hautement qualifiés et indirectement 30 000 personnes. A terre, les productions déchargées mobilisent des infrastructures industrielles, à savoir 22 entrepôts frigorifiques, 4 chantiers navals, 30 ateliers de réparation, 40 magasins, 10 unités de traitement. Pour rappel, il est considéré comme navire hauturier ou de pêche industrielle, tout navire disposant d'une structure de congélation à bord par opposition aux chalutiers et autres navires côtiers.[/tab][/tabs]