Les détenues et les travailleuses du sexe sont les plus exposées aux risques d'usage de drogues. L'Afrique n'est plus uniquement une plaque tournante du trafic, mais devient aussi progressivement un marché de consommation. Le Maroc a détruit 1 345 ha de cannabis en 2015. Le rapport 2016 de l'Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) vient d'être publié. La synthèse a été communiquée, jeudi 2 mars 2017, dans un point de presse tenu à Rabat par le Centre d'information des Nations Unies. Le rapport en question analyse les tendances de la situation mondiale en matière de contrôle des drogues et propose des recommandations afin d'aider les Etats à prendre des mesures efficaces pour faire face aux défis liés aux stupéfiants. Ses grandes lignes ont été présentées par le professeur Jalal Taoufiq, membre de l'OICS. Dans son rapport, l'OICS a lancé un appel en faveur de la mise en place de politiques et programmes pour un meilleur accès des femmes toxicomanes aux soins de santé et d'un financement accru de la prévention et du traitement de la toxicomanie. D'après les statistiques, les femmes et les filles représentent un tiers des usagers de drogues dans le monde. Ce sont les détenues et les travailleuses du sexe qui sont les plus exposées aux risques d'usage de drogues. Un usage qui est davantage répandu parmi les femmes des pays à revenu élevé. C'est ainsi que des pays comme le Royaume-Uni ont constaté de plus fortes hausses des surdoses (toutes substances confondues) chez les femmes que chez les hommes. De même que les femmes ont beaucoup plus de probabilité de se faire prescrire des narcotiques et des anxiolytiques et donc de faire abus de ces médicaments. A ce titre, l'Allemagne et la Serbie ont indiqué que les surdoses mortelles de médicaments délivrés sur ordonnance sont les plus fréquentes chez les femmes. Il n'en reste pas moins que les femmes représentent seulement un cinquième des personnes traitées. La raison est qu'elles se heurtent à d'importants obstacles structurels, sociaux, culturels et personnels, lorsqu'elles veulent accéder à un traitement pour toxicomanie. A cela s'ajoute le fait qu'au cours de ces dernières années, le nombre de femmes arrêtées pour des infractions liées aux drogues a considérablement augmenté. Les mesures de substitution à l'emprisonnement peu utilisées Dans les autres grandes lignes de son rapport, l'OICS déplore que les mesures de substitution à l'emprisonnement, tels que le traitement, la réadaptation et l'intégration sociale pour les infractions liées aux drogues, restent sous utilisées. L'organe onusien a également demandé aux Etats d'abolir la peine de mort pour les infractions liées aux drogues et condamner, de manière catégorique, les sanctions extrajudiciaires visant des personnes soupçonnées d'activités illicites en rapport avec la drogue, comme c'est le cas notamment aux Philippines. Par ailleurs, l'OICS s'est félicité que l'amélioration de la coopération internationale entre les services de détection et de répression ait permis de soustraire d'importantes quantités de précurseurs chimiques aux fabricants de drogues et d'empêcher que de nouvelles substances psychoactives ne parviennent sur les marchés de consommation. Enfin, le rapport a réaffirmé que la légalisation des usages non médicaux de cannabis et la création d'un marché de ses produits est incompatible avec les obligations juridiques internationales des Etats. De plus en plus d'Africains impliqués dans le trafic d'héroïne En ce qui concerne l'analyse des tendances par région du monde, le rapport montre que l'Afrique n'est plus uniquement une plaque tournante du trafic, mais devient aussi progressivement un marché de consommation et de destination pour tous les types de drogues. Bien que le cannabis reste la drogue la plus consommée du continent et celle pour laquelle la demande de traitement est la plus élevée, il n'en reste pas moins que l'abus d'héroïne est en augmentation dans certains pays de la région, principalement en Afrique de l'Est. S'agissant de la culture du cannabis au Maroc, le professeur Jalal Taoufiq a indiqué que, selon le ministère de l'intérieur, le Royaume a éradiqué 1 345 hectares de surface cultivée en 2015. Le rapport de l'OICS montre également que de plus en plus d'Africains sont aujourd'hui impliqués dans le trafic d'héroïne le long de la route du Sud qui passe soit par l'Iran, soit par le Pakistan et traverse l'océan Indien, et qui est utilisée pour le trafic d'opiacées en provenance d'Afghanistan. En outre, l'Afrique de l'Ouest est de plus en plus touchée par des opérations criminelles qui concernent non seulement le trafic de cocaïne d'Amérique du Sud vers l'Europe, mais aussi la distribution pour consommation sur place et la fabrication illicite de drogues synthétiques principalement destinées aux marchés asiatiques. Pour ce qui est de l'accessibilité et de la disponibilité des stupéfiants et des substances psychotropes à des fins médicales et scientifiques, le rapport constate qu'elles restent limitées en Afrique. C'est pourquoi l'OICS exhorte les gouvernements des pays africains d'améliorer l'accès aux médicaments contenant des substances placées sous contrôle, tout en empêchant leur détournement et leur usage illicite.