Le Maroc produit 20% de la résine de cannabis vendue dans le monde. 47.500 ha sont consacrés à cette culture. La toxicomanie est devenue une réelle menace pour la jeunesse marocaine. La baisse des prix de l'héroïne et de la cocaïne a engendré une augmentation de leur consommation. Selon une enquête de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime, près de 20% de la résine de cannabis vendue dans le monde proviennent du Maroc. Ceci dit, notre pays se maintient au rang de premier producteur et exportateur mondial de haschich. Avec des surfaces cultivables de plus en plus importantes chaque année, le Maroc reste le premier pourvoyeur de cannabis avec une production annuelle de près de 100.000 tonnes! 100.000 tonnes de kif brut qui engendrent près de 2 milliards de dollars de revenus tous les ans. Il n'est donc pas étonnant que la consommation de cette drogue qui, pour certains jeunes serait «douce», soit en augmentation constante. Cette vérité serait beaucoup moins difficile à assimiler si l'on sait que les facteurs qui favorisent la consommation de la drogue sont en majorité liés à leur facilité d'accès et leur vente dans les lieux ou entourage proche des consommateurs. La toxicomanie existe bel et bien au Maroc. Ce phénomène s'étend de plus en plus et ne se limite plus à la consommation de cannabis. Le Maroc, de par son positionnement géostratégique, est devenu un point de transit de drogues dures. Les saisies record en cocaïne effectuées durant cet été en témoignent. Dans une intervention, Taoufiq Jalal, Directeur du Centre national de prévention, de traitement et de recherche en addictions, affirme que 4,2% de la population marocaine de plus de 17 ans aurait un problème de dépendance ou d'usage abusif de drogues et qui ont besoin de se faire traiter. Elles seraient en effet plus de 500.000 à consommer du cannabis de façon assidue. Certains en sont conscients, d'autres n'y voient aucun mal et y recourent «pour être plus sympathiques et pour se décontracter», comme nous le confirme Zineb, une jeune consommatrice de haschich de 23 ans. Les jeunes s'adonnent à l'herbe, à la cocaïne et à l'héroïne de façon alarmante. La tendance s'est accélérée ces dernières années : la cocaïne est en passe de devenir une drogue de plus en plus usitée au Maroc. Le Royaume n'est plus seulement un pays de transit pour les cartels colombiens, puisqu'une partie importante de la drogue est consommée sur place. D'autant qu'«au détail», ces drogues sont trois fois moins chères que dans les années 90. Ainsi, le prix d'un gramme de cocaïne peut se négocier à 400 DH. Selon des acteurs associatifs et des psychiatres, un autre élément entre en jeu : l'héroïne. La consommation de cette drogue a explosé en raison d'une chute de son prix. Le Nord du pays est devenu un véritable laboratoire et cette drogue y fait des ravages, notamment à Tanger, Tétouan et Nador où l'on peut se procurer une dose, de très mauvaise qualité, à 50 DH. Toxicomanes.. qui vous prend en charge ? Depuis la constatation du phénomène de l'addiction aux différentes drogues, plusieurs centres spécialisés en toxicomanie ont vu le jour. Le premier, résidentiel et affilié à l'hôpital Arrazi de Salé, a été ouvert en avril 2000. Quelque temps après, un autre centre de prise en charge des toxicomanes a été ouvert à Tanger. Et depuis, les centres sont de plus en plus nombreux. Seulement, pour les toxicomanes, ce n'est pas simplement un problème de désintoxication : il y a aussi l'après-désintoxication, le programme de prévention des rechutes, la réhabilitation, l'accompagnement des usagers atteints de VIH ou d'hépatite C, les programmes communautaires, les programmes de substitution et autres consacrés à la réduction des risques… C'est à ce stade-là que se ressent le manque au Maroc. Il faut dire également que malgré la volonté de l'Etat de lutter contre ce fléau, notre pays reste timide en matière de prévention. Il existe un réel manque d'information et de communication au sein des groupes dits vulnérables, à savoir auprès des jeunes et dans les milieux de la prostitution. Le Rif, là où tout se fait Ketama, Chefchaouen… bref, le Rif marocain serait le cœur de ce gigantesque réseau de production. Dans ces régions montagneuses, le cannabis semble faire partie de l'écosystème. Cette culture est le principal moyen de survie de la population de cette région. Elles seraient plus de 300.000 familles d'agriculteurs à cultiver des dizaines de milliers d'hectares depuis des décennies. En effet, selon l'Organe International de Contrôle des Stupéfiants (OICS), les superficies cultivées en cannabis ont avoisiné 47.500 hectares en 2010. Bien évidemment, tout le processus se passe dans l'illégalité. On assiste depuis quelque temps à une certaine hausse de la répression dans la lutte contre les réseaux de trafic de haschich. Les arrestations sont de plus en plus fréquentes, de même que les saisies de quantités. Ces saisies et ces efforts que fournit l'Etat ont eu un écho favorable à l'échelle internationale. Dans un rapport récent, l'OICS s'est félicité des efforts déployés par le Maroc dans la lutte contre la culture illicite de cannabis, affirmant que «les autorités marocaines s'emploient activement à intercepter les drogues illicites». D'après ce même rapport, les superficies des champs cultivés ont enregistré une réduction de 65% depuis 2003, passant de 134.000 ha en 2003 à 47.500 ha en 2010. Quant à la production de résine de cannabis, elle a baissé de 3.070 à 820 tonnes au cours de la période 2003-2005. L'OICS invite le Maroc à «l'éradication totale de la culture du cannabis». Ce phénomène représente une menace d'une grande ampleur et il n'est pas simple de parler de son éradication. Cette culture fait en effet vivre des centaines de milliers de familles. Autant dire que c'est tout le Nord du Maroc qui vit de ce commerce.