Le Rapport Annuel de l'Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) a été présenté mercredi à Vienne par le Pr. Hamid Ghodse, président de cette instance onusienne. Sur le classement établi par l'OICS, Le Maroc arrive en tête des pays producteurs de cannabis. Le dernier rapport de l'Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) de l'ONU, établissant la carte de la production et du trafic des drogues dans le monde, vient de tomber. Mercredi, depuis Vienne en Suisse et devant un parterre de journalistes, le Pr. Hamid Ghodse, président de cette instance onusienne, a en effet présenté les conclusions et les recommandations d'un travail d'équipe de longue haleine. Premier fait révélateur, les gouvernements ont acquis une certaine expérience dans le domaine de la prévention et du traitement de la toxicomanie. Le rapport, qui présente un tableau réaliste de l'état actuel des choses en matière de contrôle des drogues à travers le monde, n'est pas aussi noir qu'on pourrait le croire : les Etats adoptent de plus en plus les mécanismes régionaux et internationaux destinés à promouvoir la coopération en matière de contrôle des drogues tandis que les ONG jouent un rôle de plus en plus important pour sensibiliser et attirer l'attention sur la nécessité d'un accès équitable aux médicaments utilisés pour le traitement médical. Deuxième fait important dans ce rapport : les chiffres font ressortir un fait que l'on ne pourrait même pas imaginer lorsqu'on évoque le trafic des stupéfiants, lequel génère – tenez-vous bien – plus de 8,5 milliards de dollars et représente la source de revenus la plus importante des cartels mexicains de la drogue, soit environ 61 % de leurs recettes annuelles. Mieux, selon les estimations de l'Organisation mondiale des douanes, 68 % des saisies de résine de cannabis effectuées par les autorités douanières à travers le monde, en 2009, ont eu lieu en Europe occidentale. Les douanes espagnoles ont ainsi pu saisir, en cette même année, plus de 27 tonnes en mer ou sur les plages, dont 93 % provenaient du Maroc. Maroc : l'enquête inaboutie Même si ce denier est encore considéré comme le premier pays producteur au monde de la résine de cannabis, la culture illicite de cette drogue a enregistrée un net recul depuis 2003 et 2005 : « La tendance s'est poursuivie les années suivantes. La superficie consacrée à la culture de cannabis aurait diminué, chutant de 134.000 hectares, en 2003, à 56 000 hectares en 2009, tandis que la production de résine de cannabis, elle, baissait, tombant de 3.070 à 820 tonnes au cours de la même période », précise l'OICS dans son rapport. Pour argumenter ses conclusions, l'organisme onusien a constaté que « les autorités marocaines s'employaient activement à intercepter les drogues illicites ». Toutefois, des données émanant de pays européens montrent que d'importantes quantités de résine de cannabis d'origine marocaine sont toujours introduites clandestinement en Europe, premier marché de résine de cannabis à l'échelle de la planète. Ce fait persistant aurait-il un quelconque lien avec l'annulation d'une enquête sur la culture et la production de cannabis qui devait être réalisée par le Maroc et les Observatoires des drogues de l'ONU en 2010 ? L'OICS n'en donne aucun détail. Pourtant, faisant preuve de collaboration, le Maroc fournit régulièrement à l'OICS – ce dernier en étant le premier témoin – les renseignements exigés par les traités internationaux relatifs au contrôle des drogues. Sur ce volet de la coopération internationale, l'OICS précise que certains renseignements étant reçus en retard, il solliciterait le Maroc à revoir les mécanismes et procédures utilisés pour recueillir les données de telle sorte que les rapports puissent être présentés dans les délais impartis par les traités. Risques sanitaires En Afrique, l'absence de mécanismes de réglementation et la disponibilité de substances placées sous contrôle sur le marché non réglementé créent un risque sanitaire considérable. Au Maroc, le programme de traitement de substitution aux opiacés, lancé par le gouvernement en 2009, est devenu opérationnel en juin 2010 dans le cadre d'un ensemble complet de services de traitement de l'héroïnomanie. Le Maroc est en effet le premier pays d'Afrique du Nord et du monde arabe à adopter une législation autorisant l'utilisation de la méthadone dans le traitement de la toxicomanie.