Même s'il reconnait les efforts déployés par le Maroc contre le trafic de drogue, l'Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) a rendu un rapport qui désigne le Maroc comme le principal pays de provenance du cannabis consommé en Europe. Pourtant l'organisme onusien souligne également que le royaume a fait des avancées notamment dans la lutte contre la culture illicite et le trafic de cannabis qui ont fait reculer les volumes. Mais ce recul a fait apparaître un trafic d'un nouveau genre celui de la cocaïne utilisant le Maroc comme zone de transit. Le pays devrait donc rester vigilant et amplifier ses efforts. A un mois de la session extraordinaire de l'AG de l'ONU, l'organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) a rendu public hier, son rapport annuel 2015 sur la situation mondiale sur les trafics de drogues et de stupéfiants. Recul du trafic de cannabis et apparition du trafic de cocaïne au Maroc Le rapport de 140 pages de l'organisme onusien s'ouvre sur un chapitre thématique consacré à la santé physique et mentale de l'humanité. Complété par plusieurs autres rapports, ce rapport annuel s'intéresse également au système international de contrôle des drogues. Le rapport note que ce système international, basé sur des traités internationaux dont l'OICS est garant de l'application effective par les pays membres de l'ONU, peut concourir à améliorer la santé mentale et physique de l'humanité. Après ses rappels, le rapport livre une analyse par continent et zones géographiques sur la situation du contrôle et de la lutte contre les drogues et les stupéfiants. La région Afrique, note le rapport est encore une des principales zones de transit du trafic de drogues. Et aucune zone du continent n'est épargnée. L'Afrique de l'ouest constitue l'escale des trafiquants pour acheminer la cocaïne et d'autres drogues en contrebande vers l'Europe. L'Afrique du nord quant à elle, est une des zones de provenances les plus importantes des drogues entrant sur le vieux continent. L'Afrique de l'est reste la plaque tournante du trafic d'héroïne à destination de l'Europe. Logé en Afrique du nord, le Maroc est épinglé par le rapport. Même s'il note une amélioration continue de la coopération entre le Maroc et l'OICS depuis 2009, le rapport n'en pointe pas pour autant le royaume. Selon le rapport, «le Maroc demeure l'un des plus gros producteurs de résine de cannabis et reste l'un des principaux pays d'où provient la résine acheminée clandestinement vers l'Europe». Et d'ajouter que «ces 10 dernières années, il faisait partie des trois pays les plus fréquemment cités comme source ou zone de transit de la résine saisie dans le monde. » Les efforts du Maroc ont fait reculer les chiffres du trafic Les chiffres sont certes en baisse mais ils restent alarmants au vu de leur proportion. En 2012, 137 tonnes de résine de cannabis ont été saisies par les autorités. Ce chiffre est ensuite retombé 107 tonnes en 2013 puis à 70 tonnes en 2014. Concernant les superficies de cannabis cultivées, elles se chiffraient à 47 196 hectares en 2013, reculant de 9,2% par rapport aux chiffres de 2012. A titre prospectif, les autorités marocaines signalent que ces superficies devraient s'établir à 34 000 hectares dans les prochaines années. L'OICS reconnait pourtant les efforts déployés face à ce constat amer. Le Maroc a enclenché une lutte contre la culture illicite du cannabis, ce qui a provoqué une diminution des superficies des cultures déclarées en 2014 par rapport aux chiffres de 2012. Ces efforts rejoignent les progrès réalisés dans la prévention, le traitement et la réduction de la culture et du trafic de cannabis notamment avec le plan national contre la toxicomanie mais aussi les enquêtes réalisées par la commission nationale des stupéfiants en milieu scolaire et carcéral. Il s'y ajoute le premier rapport de l'observatoire des stupéfiants. Mais en plus du cannabis, aujourd'hui le Maroc doit faire face au trafic de cocaïne utilisant le royaume comme zone de transit pour la contrebande de cette drogue via des vols commerciaux en provenance d'Amérique du nord et le plus souvent du Brésil. Par ailleurs, le royaume a noué des partenariats avec l'OMS pour mettre en place une stratégie de coopération sectorielle couvrant la période 2016-2021. «Malgré les progrès qu'il a réalisés en matière de lutte contre la drogue, le Maroc a encore plusieurs défis importants à relever. L'OICS constate que la production illicite de drogues dans le pays entrave toujours considérablement les efforts déployés par le gouvernement pour faire face au problème de la drogue», tranche le rapport. A titre de recommandation, le rapport enjoint le gouvernement marocain à accentuer la lutte contre la culture illicite et le trafic de cannabis.