Il n'y a pas de quoi être fier. Le Maroc reste, avec l'Afghanistan, la première source de résine de cannabis au monde. Le Royaume conforte sa position de leader bien que sa production soit en baisse. C'est, en substance, le constat global qui ressort du rapport 2013 de l'Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS), publié mardi 4 mars. C'est en Afrique du Nord où sont saisies les plus grandes quantités de résine de cannabis d'Afrique. Selon les données de l'Organisation mondiale des douanes sur les saisies, environ 116 tonnes de résine de cannabis, soit 65% de la quantité totale saisie à l'échelle mondiale par les autorités douanières, provenaient du Maroc. En mars 2013, les autorités algériennes ont réalisé d'importantes saisies à la frontière avec le Maroc, ou près de la frontière avec la Libye. Selon les autorités algériennes, 42 tonnes de résine de cannabis ont été saisies dans le pays au cours du premier trimestre 2013, dont 18 tonnes à la frontière marocaine. Pour leur part, les autorités mauritaniennes estiment qu'un tiers de résine de cannabis produite au Maroc, transite par les Etats de la région du Sahel. En Egypte, les autorités ont saisi 32 tonnes de résine qui provenaient du Maroc en 2013. Selon le rapport de l'OICS, le Maroc approvisionne en particulier les marchés illicites d'Europe occidentale et centrale. Et l'Espagne constitue le principal point d'entrée de la résine de cannabis marocaine en Europe. A noter que la résine de cannabis est acheminée clandestinement, le plus souvent par bateau, vers la péninsule ibérique, d'où elle est envoyée vers d'autres pays d'Europe occidentale par véhicules de transport de marchandises ou voitures particulières. L'OICS note que l'Espagne a été le théâtre de 34% des saisies mondiales de résine de cannabis en 2011, alors que les saisies effectuées par les autorités marocaines n'ont représenté que 12%. Durant la même année, 90% des détections effectuées par les autorités douanières marocaines concernaient des camions embarqués sur des ferries à destination de l'Espagne. «Les autorités douanières espagnoles ont effectué une saisie importante le 15 mars 2012 à Algésiras, où 8.362 kgs de résine de cannabis ont été trouvés dans le secteur du port réservé au fret commercial, dans une cargaison expédiée du Maroc à destination de la France», souligne le document. L'autre constat important à relever, est l'augmentation des saisies de cocaïne dans la plupart des pays d'Afrique du Nord, ce qui illustre une croissance du marché entraînée par la demande. Les drogues dures, en l'occurrence la cocaïne, sont de plus en plus consommées au Maroc. A ce sujet, l'Organe international fait remarquer que «le Maroc a signalé une augmentation de l'abus de cocaïne et d'opiacés» sans apporter de données sur la prévalence annuelle de l'abus de ces drogues. Toujours est-il que l'Afrique est devenue le continent où la cocaïne se consomme le plus. 0,7% de la population africaine consomme cette substance illicite, soit 1,6 million de personnes. Afrique, ce continent de drogués L'Organe international de contrôle des stupéfiants ( OICS) a observé une nette augmentation du trafic d'opiacés en Afrique de l'Est et du trafic de cocaïne en Afrique du Nord et en Afrique de l'Est. Selon le rapport de l'OICS, l'introduction clandestine en Afrique de cocaïne, en provenance d'Amérique du Sud et à destination de l'Europe semble avoir reculé depuis 2009, mais le recours aux envois conteneurisés et au transport maritime de cocaïne, passant par l'Afrique de l'Ouest pour rejoindre l'Europe, augmente. En 2012, une augmentation des saisies de cocaïne a été observée en Afrique du Nord et en Afrique de l'Est. A noter que les saisies d'héroïne ont décuplé en Afrique de l'Est depuis 2009, ce qui laisse penser que la sous-région est probablement la plus grande plaque tournante d'Afrique pour le trafic d'héroïne à destination des marchés d'Europe. Du cannabis est cultivé et saisi dans presque tous les pays d'Afrique. Le marché des stimulants, notamment les amphétamines, connaît un certain essor en Afrique. Quant à la hausse du trafic d'éphédrine en Afrique, le rapport explique que «celle-ci pourrait être le signe que de nouveaux laboratoires de fabrication illicite de stimulants de type amphétamine sont mis en place en Afrique».
Abus de drogue : Les moyens pour réduire les coûts économiques Pour l'OICS, la prévention et le traitement constituent les deux moyens essentiels pour réduire les coûts économiques et sociaux de l'abus de drogues. A ce sujet, la plupart des études ont montré que chaque dollar investi dans de bons programmes de prévention peut permettre aux pouvoirs publics d'économiser jusqu'à 10 dollars par la suite. Dans ses recommandations, l'OICS invite les gouvernements de tous les pays à intégrer des politiques et des initiatives de lutte contre le trafic de drogues dans leurs programmes nationaux. L'organe international engage les gouvernements à intensifier leur mise en œuvre des trois conventions relatives au contrôle international des drogues et des politiques recommandées, et de renforcer leur collaboration ainsi que leurs partenariats avec les organisations internationales concernées.